USF1 sera-t-elle prête à temps ?

La nouvelle écurie entrante en Formule 1, USF1, a enfin inspecté l'intérieur de ses installations, basées à Charlotte aux États-Unis, et s'y est installée. C'est une étape importante, afin de dissiper tout doute subsistant quant à la légitimité de l'équipe. Bernie Ecclestone ayant déclaré mardi au micro de la BBC : «Je crois qu'une ou deux écuries ne seront pas prêtes. Il y a potentiellement un doute sur USF1.»

Au niveau du financement, Anderson et Windsor, les fondateurs de l'équipe, ont obtenu en août le soutien du co-fondateur de Youtube et chef de la direction, Tchad Hurley. Ce dernier devenant alors troisième associé et actionnaire de l'équipe. Peter Windsor avoue néanmoins, être encore à la recherche de sponsors. Très récemment, Cosworth, qui devrait propulser la monoplace de l'équipe, a annulé une réunion ce qui, par conséquent complique le planning de USF1, et aucun pilote n'a encore été annoncé. La FIA souhaite donc à nouveau, contrôler l’état d’avancement et de santé de l'écurie dans les trois prochaines semaines, alors qu’elle l’avait fait il y a peu de temps.

Installé dans l'ancienne usine de l'équipe Joe Gibbs Racing évoluant en Nascar, USF1 a mis en place un bureau d'étude, ainsi qu'un atelier d'usinage, des autoclaves de cuisson pour les fibres de carbone, des machines d'usinage multi-axiales et une machine de prototypage rapide. Dirigés par l'ingénieur Ken Anderson, ainsi que par le journaliste F1 de longue date et personnalité de la télévision, Peter Windsor, USF1 assure qu'elle sera présente sur la grille de la course d'ouverture de la saison 2010, à Bahreïn le 14 mars. La conception de la monoplace, sur laquelle se penchent 20 ingénieurs, est dans les temps et sera donc motorisée, sauf volte-face improbable de dernière minute, par le motoriste indépendant Cosworth.

Bien que l'équipe ne s'attende pas à tester une monoplace en piste avant l'année prochaine, Ken Anderson dit qu'une version réelle verra le jour en Novembre, et que cela fait maintenant un an que l'équipe se penche sur la voiture, par l'intermédiaire de la conception assistée par ordinateurs.

Ken [Anderson], les rumeurs affirment qu'il y a beaucoup d'activités ces jours-ci à Charlotte. Que se passe t-il pour USF1 ?
«Cela a été un sacré chemin depuis que nous avons lancé l'équipe l'année dernière, et c'est devenu plus intense depuis que nous avons signé les Accords Concorde. Notre quartier général est maintenant complet et parfaitement fonctionnel, et la monoplace de 2010 est en phase de construction.»

La voiture est donc enfin construite ? N'est-il pas un peu tard pour obtenir quelque chose de satisfaisant avec un tel départ ?
«C'est amusant que vous me posiez cette question, nous sommes beaucoup posés ! Merci à nos designers et à notre équipe d'ingénieurs, ainsi qu'à toute l'aide de nos partenaires techniques sur les 10 ou 12 derniers mois. La voiture est passée par des centaines d'itérations dans un environnement virtuel. Avec la conception par ordinateur, nous pouvons tester et être sûr de la conception structurale, du design, et des points importants d'ingénieries. Nous n'avons donc pas à fabriquer les composants, les tester, les casser et recommencer à nouveau. Au lieu de cela, nous avons fait énormément de travail par ordinateur, et nous pouvons être proche de sortir directement des machines, des composants prêts pour la course, ce que l'on va faire maintenant. Notre timing est conforme au plan, avec un test de roulage début novembre, et une monoplace finalisée à temps pour les essais de janvier 2010.»

Qui construit la voiture ? des Américains ? des Européens ? Et la construisez-vous à Charlotte ?
«Je vais d'abord répondre à la dernière partie de la question. Oui, nous construisons la monoplace dans notre usine à Charlotte. L'Amérique est connue pour être un melting-pot, et notre équipe est un reflet de ce fait. Des Américains, des Européens, des Neo-Zélandais, des Gallois, et d'autres encore sont responsables de la voiture de course, incluant plusieurs personnes ayant un haut niveau d'expérience en Formule 1. Beaucoup d'entre eux ont rejoint l'équipe fin juillet. Nous sommes reconnaissants envers les écuries actuelles de F1 d'avoir relâché assez tôt, plusieurs de nos nouveaux membres de l'équipe. Cela a été d'une grande aide afin de continuer à préparer la saison 2010.»

Parlez-nous un peu de vos installations.... ?
«En deux mots, nous sommes "pleinement équipés". Notre atelier d'usinage comporte, des machines de fabrications à commande numérique (CNC) avec trois et cinq axes;nous avons un magasin de composites avec autoclaves et une table de découpe CNC de 24 pieds [ndlr : environ 7,3 mètres];un atelier de fabrication d'assemblage et de sous-assemblage, électroniques, recherches et développement, dessin et ingénierie, CFD [ndlr : études de la dynamique des fluides par ordinateur] et aérodynamique;marketing et communication;et une installation de production interne 'full HD', pour ne nommer que quelques départements. Bâtir notre équipe et une usine de classe mondiale est toujours un travail en cours, mais nous sommes en avance sur nos prévisions et excités à l'idée de faire la course l'année prochaine.»

Pouvez-vous nous parler un peu de l'efficacité des coûts de fabrication d'une voiture de Formule 1 aux États-Unis ? Comment cela peut-il être moins cher qu'ailleurs ?
«Les plus importantes économies viennent du fait que nous concentrons l'ingénierie et la fabrication de la voiture aux États-Unis. Nos partenaires techniques se situent tous, dans un rayon de 50 kilomètres aux alentours de notre usine, puisque nous ne disposons pas de certains départements dans celle-ci, tels que le tunnel de soufflerie, bancs de tests de suspension [ndlr : mesurant les effets d'une charge verticale et la charge des pneus], d'une machine K&C [ndlr : applique des forces verticales, longitudinales et latérales permettant de simuler le comportement en virage de la voiture] et d'une assistance supplémentaire en CFD. Ce que la plupart des gens voient, les camions, les motor-homes et le mode de vie de la F1, est une plus petite partie du budget et sera basés en Europe. Nous vous en parlerons prochainement.»