Red Bull : Paranoïa, quand tu nous tiens !

« Effrayant » ! Tel est le mot qu’emploie Jenson Button pour décrire, dans les colonnes de < i>The Express</i>, le rythme affiché à Valence par la Red Bull, qu’il convient désormais d’appeler RB8-B tant Adrian Newey a revu dans les grandes largeurs l’arrière de sa monoplace 2012 : « Le rythme de Sebastian était formidable. Il était en feu et il y avait une énorme différence de rythme avec le reste du peloton. Nous n’avions pas vu ça depuis un certain temps, » ajoute le champion du Monde 2009.

Sebastian Vettel a effectivement fait forte impression à bord de sa monture, avant que cette dernière ne soit trahie par un problème d’alternateur. Convaincu que l’intervention de la voiture de sécurité, suite à l’accident entre Jean-Eric Vergne et Heïkki Kovalainen, avait été intentionnellement ordonnée pour relancer l’intérêt – grandement menacé - de la course, Helmut Marko, éminence grise de Dietrich Mateschitz chez Red Bull, laisse entendre, comme un pied de nez, que Sebastian Vettel, bien que détenteur d’une avance s’élevant à plus de vingt secondes au moment de l’intervention de la voiture de sécurité, n’était pas au "taquet"comme le veut l’expression consacrée : « Ça fait terriblement mal [à vos rivaux] lorsque vous êtes si supérieur. En course, nous avons dû dire à Vettel : "Va moins vite ! Encore moins vite ! Et maintenant, encore moins vite !"Nous ne le savons que trop bien : si vous êtes trop loin devant, vous perdez davantage d’amis que vous ne vous en faites. »

Difficile de croire cependant que l’écurie autrichienne et son double champion du monde se soient privés d’enfoncer le clou par simples égards pour leurs rivaux. Au contraire, les déclarations du Dr Marko n’ont pour but que d’affirmer que rien ne pourra arrêter l’écurie autrichienne, pas même l’éventuelle volonté émanant de la FIA de leur nuire. Christian Horner avait déjà utilisé les mêmes ficelles qui consistent à toujours donner l'impression d'avoir un coup d'avance sur ceux que l'on pourrait leur porter, concernant la polémique du fond plat troué de la RB8, dont la FIA avait exigé de l’écurie autrichienne qu’elle le modifie avant le Grand Prix du Canada et dont le Britannique s’était contenté de répondre qu’il n’était de toute façon pas prévu pour être utilisé à Montréal.

Le fait est qu’aujourd’hui l’écurie Red Bull, à commencer par Helmut Marko, fait preuve d’une grande paranoïa, le revers de la réussite selon l’ancien pilote autrichien. Déjà, en avril dernier, Marko assurait que les modifications techniques introduites au règlement 2012 l’avaient été « délibérément contre Red Bull ». S’en sont suivies les polémiques concernant <a href="/f1/actualite/13280-red-bull-contrainte-de-modifier-sa-rb8-pour-le-canada.html"target="_blank"title="Red Bull contrainte de modifier sa RB8 pour le Canada">le fond plat troué de la RB8 à Monaco</a>ainsi que <a href="/f1/actualite/13337-F1-Red-Bull-a-aussi-du-modifier-son-systeme-de-freinage.html"target="_blank"title="Red Bull a aussi dû modifier son système de freinage">l’obligation qui a été faite aux hommes de Milton Keynes de revoir leur système de freinage</a>. Toute cette attention portée à l’écurie autrichienne la rend donc peu à peu paranoïaque, un sentiment qui a notamment pu être conforté, à Valence, par l’absence de pénalité pour Michael Schumacher alors qu’il avait activé son DRS sous drapeau jaune, ce qui avait valu un passage de pénalité par les stands à Sebastian Vettel, lors du dernier Grand Prix d’Espagne : <a href="/f1/actualite/13492-F1-Red-Bull-veut-une-regle-claire-pour-le-DRS-sous-drapeau-jaune.html"target="_blank"title="Red Bull veut une règle claire pour le DRS sous drapeau jaune">une différence de traitement dont s’est pourtant expliqué Charlie Whiting</a>.

Dernier exemple en date de la "paranoïa Red Bull", les déclarations d’Helmut Marko sur les pneus Pirelli dont il estime qu’ils ont été conçus pour des voitures au design simple : « Normalement, un pneu se dégrade progressivement, mais avec les composés actuels de Pirelli, ils fonctionnent un tour et au tour suivant ils sont foutus. Je pense que c’était en Malaisie avec Mark Webber, nous étions en pneus durs et avons rajouté deux crans à l’aileron avant : une différence marginale mais nous étions 1,2 seconde plus rapide. Nous nous sommes dit que la voiture était super désormais mais nous avons mis les pneus tendres et nous étions plus lents de huit dixièmes. Le résultat, c’est que les voitures qui sont simples de conception ont plus de facilité pour trouver la fenêtre dans laquelle les pneus travaillent le mieux. »

Sur le site allemand < i>Motorline.cc</i>, Helmut Marko estime que les temps sont plus durs que l’on ne le pense pour les hommes de Milton Keynes : « Ca a l’air si sympa et si simple, mais c’est très différent en réalité. Il y a tellement de politique dans tout ça. Si Martin Whitmarsh me souhaite une bonne journée, je deviens vraiment nerveux et je me demande ce qu’il se passe. » Pour l’Autrichien, l’ascension exceptionnelle de Red Bull au cours de ces dernières années est la raison de ce climat qu'il juge délétère autour de l’écurie autrichienne : « La première raison c’est que nous ne sommes pas un constructeur automobile ou une écurie traditionnelle. Ce qui fait encore plus mal c’est qu’avec Ferrari nous avons réussi à trouver un accord avec Bernie Ecclestone, et non seulement concernant le budget mais aussi en prestige. C’est pour cela que notre vie est vraiment difficile en ce moment. »

Mais si la RB8 confirme à Silverstone les espoirs portés en elle à Valence, nul doute que la paranoïa d’Helmut Marko et de toute l’écurie Red Bull ne cessera pas de si tôt.