A Paris, cinq minutes avec Paul Hembery

Natif de Yeovil, en Angleterre, Paul Hembery est une des nouvelles figures incontournables de la Formule 1. Ayant rejoint Pirelli en 1992, au lendemain de la dernière saison du manufacturier italien dans la reine des catégories, le Britannique dirige le département compétition de la firme de Milan depuis plus de 11 ans. A ce titre, il a œuvré au retour de Pirelli sur les pistes du championnat du monde des rallyes, en 2008, avant de prendre la succession de Bridgestone comme manufacturier unique de la F1, à partir de 2011.

Êtes-vous plus Juan-Manuel Fangio, Jim Clark, Ayrton Senna, Michael Schumacher ou Fernando Alonso ?
Paul Hembery :« C'est une question difficile. Mais Je pense que je suis plus Fangio et Moss. J'aime leur état d'esprit, toujours en contact avec le danger. Ils étaient très courageux ou stupides, je ne sais pas (sourire). Les années 50, c'était l'âge d'or. Il n'y avait pas de télévision, moins de médiatisation. Une très bonne génération de pilotes, avec Ascari aussi. Bref, j'aime les voitures qu'ils avaient à l'époque et l'état d'esprit des pilotes. »

Quelle est la course la plus excitante que vous ayez vue ?
« Encore difficile de choisir (soupir). Je dirais Monaco 1984 avec la remontée d'Ayrton Senna. Il est parti de très loin pour remonter jusqu'à la deuxième position au final. »

La course de Pérez en Malaisie (second, dans les échappements d'Alonso après s'être élancé de la neuvième place ) a-t-elle été un écho à ce fameux Grand Prix de Monaco 1984 ?
« Ce qui est similaire, c'est la pluie. Mais en 1984, les voitures n'étaient pas aussi sûres qu'aujourd'hui. Leurs jambes étaient particulièrement exposées. Senna était très courageux d'avoir agi comme il l'a fait cette année-là. Il devait ressentir et comprendre la voiture dans ses conditions : les pneus, les freins ... »

Vous semblez apprécier la Formule 1 à l'ancienne. N'êtes-vous pas déçu par la voie qu'elle a pris aujourd'hui ?
« Déçu, non. Ce sont simplement les règles qui ont changé. Mais quand vous avez des courses aussi disputées qu'aujourd'hui, c'est fantastique ! »

Quel est le pilote le plus sympa ? Celui avec lequel vous discutez le plus ?
« Ils sont tous sympathiques. Mais j'ai une relation particulière avec Jenson Button. Nous sommes originaires de la même région. C'est un bon ami. Puis son père, John, est super. »

Êtes-vous plus spectacle et vitesse ou durabilité et performance ?
« Spectacle. La Formule 1 est aujourd'hui à la fois un spectacle et un business. Les gens peuvent regarder beaucoup de sports à la télévision, comme le cricket, le tennis ou le football. La Formule 1 a de la concurrence et doit se rendre attractive. Surtout quand elle part à la conquête de nouveaux marchés comme la Chine ou l'Inde. »