Brawn, Whitmarsh et Hill évoquent le départ d'Hamilton chez Mercedes

Alors que le départ de Lewis Hamilton vers de nouveaux horizons à partir de 2013 est désormais une chose acquise, certains se demandent si le Britannique n’a cependant pas commis une erreur en quittant la prestigieuse écurie McLaren pour rejoindre Mercedes qui, jusqu’à présent, n’a pas encore réalisé les résultats escomptés. Ainsi, Martin Whitmarsh, directeur de l'écurie McLaren, « pense que c’est une erreur » pour quelqu’un qui, comme Lewis Hamilton, veut gagner, car il a « foi et confiance » en son écurie : « Que vous regardiez sur les quatre dernières courses, les quatre dernières années ou sur quarante ans, nous sommes une écurie fantastique. Ça aura été une très grosse décision pour Lewis. Cependant, il y avait certaines perturbations et certains démons sont entrés dans sa tête. Je ne conseillerais à personne de quitter McLaren s’il veut gagner, mais je dois respecter la décision de Lewis et je lui souhaite le meilleur. »

Pour sa part, Damon Hill comprend la volonté qu’a pu avoir son compatriote de changer d’air en quittant McLaren : « Lewis était comme un oiseau dans une cage chez McLaren. On gérait chaque instant de sa vie. Je ne peux pas lui reprocher d’avoir cherché à aller ailleurs. Lewis avait besoin de quitter McLaren pour prendre son envol, » analyse le Britannique dans les colonnes du Daily Mail.

Le Champion du monde 1996 prend notamment comme exemple le fait que McLaren garde les trophées remportés par ses pilotes, un point que Lewis Hamilton avait regretté à de nombreuses reprises : « Je ne comprendrai jamais la logique selon laquelle l’équipe garde le trophée du pilote. Ce n’est pas le trophée mais le principe qui est en question. Après avoir remporté un championnat et avoir traversé de nombreux obstacles, il arrive un moment où vous pensez : "C’est ma vie !". Vous pouvez ressentir le ras-le-bol de ne devenir qu’un simple exécutant. Vous ne voulez pas être en liberté surveillée toute votre carrière. »

Chez Mercedes, Ross Brawn, directeur de l’écurie allemande, confirme quant à lui que c’est Lewis Hamilton qui a approché Mercedes et non l’inverse : « L’entourage de Lewis a exprimé son intérêt et voulait savoir quels étaient nos plans et c’est parti de là, » déclare-t-il à BBC Sport. « Tout le monde savait que le contrat de Lewis arrivait à son terme cette année, donc les choses se sont vraiment développées à partir de ce moment-là. Dès que nous avons pu lui expliquer ce que nous essayions de faire ici, quelles étaient nos ambitions et ce que nous mettions en place, je pense que c’est le genre de chose dont Lewis avait besoin à ce niveau de sa carrière. »

Martin Whitmarsh pense d’ailleurs que McLaren a fait tout ce qu’il fallait pour garder le Champion du monde 2008 dans ses rangs, en vain : « Je sais que nous avons fait une très grosse proposition financière, plus grosse que ce que dont peut se vanter d’avoir n’importe quel pilote de Formule Un aujourd’hui. Nous avons travaillé pour qu’il reste, mais étions réalistes sur le fait qu’il y avait toujours un risque qu’il ne reste pas. Il m’a appelé il y a deux jours [mercredi, ndlr], depuis l’Asie, et je pense que j’ai été la première personne à qui il l’a dit. Nous avons eu une longue et chaleureuse conversation. Il m’a rappelé le lendemain et nous avons eu une autre longue conversation. Au final, pour les deux parties, il faut prendre une décision et aller de l’avant. »

De son côté, Ross Brawn a quant à lui nié toute exigence du natif de Stevenage pour bénéficier du statut de n°1 alors que certains estiment que l’équité entretenue entre les pilotes chez McLaren aurait été une des raisons qui a poussé Lewis Hamilton à vouloir partir : « Pour être clair, Lewis n’en a jamais fait mention au cours des discussions que nous avons eues. Il voulait être sûr qu’il y aurait égalité de traitement mais n’a jamais demandé à avoir le statut de numéro un. Nous n’aurions pas été disposés à accorder cela à un pilote parce que ça tend à dire qu’on ne prête pas aussi bien attention à l’autre pilote que ce que l’on doit. »

Damon Hill reconnaît cependant que Lewis Hamilton a pris un risque, même s’il pense qu’il faut voir à plus long terme : « Bien sûr, Lewis a pris un risque. Mercedes n’a pas les mêmes statistiques que McLaren, mais en tant que pilote de Formule Un, il faut regarder ce qu’il va se produire dans les années à venir. Ce sera intéressant de voir jusqu’où va aller Mercedes. »

Mais pour le Britannique, l’exemple de Lewis Hamilton démontre surtout qu’à l’exception éventuellement de Ferrari, la Formule Un est avant tout un sport de pilotes aux yeux du public : « Il y a un énorme écart entre la philosophie d’une équipe et d’un pilote. Les pilotes veulent simplement faire la course, mais ils ne voient pas la Formule Un comme un outil marketing ou un produit de développement. Pour une écurie, le pilote est un simple exécutant. [Mais] les pilotes ont le droit de choisir leur carrière, ils n’appartiennent pas à une équipe. »