Essais de Barcelone : que disaient les pilotes en 2015 ?
F1. Quels enseignements tirer des premiers essais privés de la saison ? Un rapide aperçu des déclarations de l'année précédente pourrait être une piste à ne pas négliger...
Entre langue de bois et véritables aveux, il ne sera pas aisé de démêler le vrai du faux des déclarations des pilotes à l'issue des essais de Barcelone. Pourtant, pour le lecteur avide d'informations, il est possible de se prémunir contre tout faux espoir en se replongeant dans les déclarations des pilotes tenues il y a un exactement, au même stade préparatoire de la saison.
Nico Rosberg savait d’ores et déjà qu’il pouvait compter sur la meilleure monoplace de la saison. « Je suis ravi de l’hiver que nous avons passé parce que je pense que nous avons fait un très bon travail de développement avec la voiture. Les autres sont aussi rapides mais je suis optimiste, nous avons une bonne voiture. Nous étions à l’aise, rapides lorsqu’il le fallait et nous avons les meilleurs temps des essais. On peut donc dire que tout va dans la bonne direction ! » déclarait l’Allemand en mars 2015. Des déclarations à mettre en perspective avec celles de Toto Wolff en 2016, qui a avoué que Mercedes avait connu « son meilleur hiver » depuis son retour en Formule 1.
La Ferrari de 2015 s’annonçait bien mieux née que sa triste devancière. Sebastian Vettel s’imaginait déjà en « deuxième ligne » après Barcelone 2015, mais avait visé juste lorsqu’il voyait Mercedes favori : « Nous en saurons un peu plus dans deux semaines, mais il est déjà clair que Mercedes est devant tout le monde. Derrière eux, il y a un petit groupe dans lequel c’est très serré. Il est difficile de dire qui est le principal concurrent de Mercedes, car c’est très serré entre Williams, Red Bull et nous-mêmes. On peut deviner à qui sera réservée la première ligne, sauf s’ils ont des soucis, mais derrière eux, j’espère qu’il y aura les deux Ferrari et peu m’importe ensuite qui sera derrière nous. »
Valtteri Bottas s’attendait à une Williams aussi compétitive qu’en 2014 et il n’avait dans l’ensemble pas tort, même s’il n’avait pas anticipé le retour en force de Ferrari : « L’une des choses que nous avons apprises cet hiver, c’est que la FW37 est très fiable. La voiture que nous aurons à Melbourne est très compétitive et ce début de saison devrait donc être intéressant pour nous. »
Du côté de Daniel Ricciardo, l’on se montrait raisonnablement prudent. En réalité, la Red Bull version 2015 s’avèrerait vite décevante : « A l’exception d’une équipe, Mercedes, je dirais que c’est assez serré entre nous, Ferrari et Williams, mais nous verrons bien à Melbourne. Je pense qu’il y a du mieux à attendre de notre part. Personnellement, je me sens prêt maintenant, je pense que nous serons compétitifs à Melbourne ».
Force India ne pouvait pas encore compter sur une monoplace très évoluée. Il avait fallu attendre Silverstone pour voir l’écurie indienne devenir véritablement compétitive. Sergio Perez ne cachait d’ailleurs pas le retard de son écurie : « C’est toujours excitant de découvrir une nouvelle voiture mais c’est aussi bien d’avoir pu avoir un point de référence avec l’ancienne. Nous savons que nous sommes en retard sur la concurrence mais le début de la VJM08 en piste a été prometteur. Il nous faudra deux courses, selon moi, pour bien cerner la voiture. »
Au Grand Prix de Melbourne 2015, Felipe Nasr avait pu compter sur une Sauber particulièrement bien née pour marquer d’emblée 14 points, ce qui restera comme le meilleur total de l’écurie. Le Brésilien affichait dès Barcelone son optimisme et insistait sur la fiabilité, domaine qui fut décisif en Australie : « Je suis très heureux, nous n’avons eu aucun souci avec la voiture. J’ai parcouru 159 tours, ce qui est plutôt satisfaisant pour l’équipe et pour moi-même. La voiture est fiable, ce qui nous a permis de récolter un grand nombre de données. »
McLaren avait vaincu une avant-saison cataclysmique pour la première année du moteur Honda. Eric Boullier ne cachait pas ses difficultés mais se montrait néanmoins - à tort - optimiste : « Le manque de kilomètres effectués cet hiver signifie que nous ne sommes pas aussi bien préparés que ce que nous souhaitions. Nous pouvons toutefois nous consoler en consultant les données qui nous confirment que nous avons atteint les objectifs que nous nous étions fixés. Le début de la saison s’annonce difficile pour nous, mais nous savons que nous pourrons développer cette voiture très vite afin d’en tirer tout le potentiel ».
Après une saison 2014 calamiteuse, Romain Grosjean cachait les progrès de sa Lotus, mais avait deviné le succès de Mercedes : « Je ne peux pas vous dire où on est puisque c’est confidentiel, mais je peux clairement vous dire qu’aujourd’hui Mercedes est la meilleure équipe. C’est la référence qui est extrêmement dure à aller chercher. Je pense qu’ils sont une seconde devant tout le monde pour le moment, donc ils ont fait un travail assez extraordinaire. »
On voit que, dans leur ensemble, les pilotes et responsables d’équipe, avaient laissé, entre deux éléments de langage, de claires indications. Bien sûr, il est plus facile, avec le recul d’une année entière, de s’en rendre compte. Mais ce petit historique démontre que les déclarations des pilotes, aussi encadrées soient-elles, peuvent être véritablement des indices nets et précis sur la saison à venir.
