Franz Tost se confie sur les sujets brûlants qui font l'actualité de la F1

Cette longue interview pour le site officiel de la F1 est l’occasion d’évoquer plusieurs sujets important qui touchent la Formule 1. Dans son interview Franz Tost évoque tout d’abord l’officialisation de Daniil Kvyat pour 2017. Qui a décidé de conserver Daniil Kvyat, selon Helmut Marko, c’est bel et bien Tost mais qu’en dit-il : « Ce fut une décision Red Bull. C'est tout. Daniil mérite d’être présent l'année prochaine, il a fait une grande performance à Singapour et a été très compétitif en Malaisie et au Japon, avec une voiture qui a un moteur sur lequel le développement est arrêté et qui manque de 60 à 70 chevaux ! »

Lorsqu’on lui demande si Red Bull ne se précipite pas en annonçant finalement Daniil Kvyat alors qu’il était prévu d’attendre la fin de saison, l’Autrichien répond : « Il n’y a pas de précipitation du tout. Red Bull a décidé de le faire ici parce que nous sommes convaincus que Daniil est le bon choix pour 2017 et pour mettre fin aux rumeurs et apporter de la stabilité à l'équipe pour les quatre dernières courses.  »

🎙Franz and Daniil talking about 2017: 🎥enjoy this video interview from our friends @Acronis 😉🙌🏼➡️https://t.co/xuOUrF9ivMhttps://t.co/zj2AIh4YRv

— Toro Rosso (@ToroRossoSpy) 25 octobre 2016

Le team principal de la Scuderia Toro Rosso évoque ensuite du fait qu’il reste encore beaucoup de baquets qui doivent encore faire l’objet de confirmations. Il indique : « Généralement, la philosophie de Red Bull est de décider à la fin de la saison. Cette année, nous avons fait un peu différemment. Nous avons confirmé Carlos (Sainz) assez tôt et Daniil (Kvyat) il y a quelques jours.»

Si son équipe n'est pas forcément concernée par ce problème puisqu'il se sert principalement dans le pool de pilotes de Red Bull, le dirigeant détaille les considérations de ses homologues : « Il y a un certain nombre de bons pilotes sur le marché avec des contrats se terminant à la fin de la saison, mais bien sûr, une décision sur un pilote vient toujours avec un certain nombre d'aspects. Tout d'abord il est sur le talent du pilote. Deuxièmement, il y a aussi la question de la situation financière de l'équipe. Et troisièmement des raisons de marketing qui peuvent également jouer un rôle, si vous voulez amener un pilote dans l'équipe il est important d’avoir l’aval de certains sponsors ou que sa nationalité importe. Pour couvrir tous ces aspects ce n’est parfois pas si facile. »

Il tient également à rappeler que ce n'est pas quelque chose de nouveau en F1, voire que la décision est même prise plus tôt que par le passé : « Je me souviens de saisons où des équipes ont attendu jusqu'au dernier moment possible pour signer un gars, littéralement avant de s’envoler pour la première course ! Donc il n'y a rien de vraiment nouveau, peut-être juste que le nombre (de baquets non confirmés) est un peu élevé. Mais la lutte pour le paquet n’en n’est que plus rude. »
 
Pour Tost, l’aspect financier peut expliquer les difficulté pour annoncer les pilotes mais ce n’est pas le seul facteur : « L'argent joue toujours un rôle en Formule Un ! Et, bien sûr, en particulier pour les équipes de milieu de tableau et ce qu'on pourrait appeler les équipes de retardataires, ils doivent trouver le meilleur package possible, car cela pourrait être une question de vie ou de mort. Et quelque chose a changé dans le passé récent : quelques-unes des meilleures équipes essaient maintenant d'influencer les choix des pilotes de certaines équipes de milieu de tableau. Et en plus de cela, les énormes changements pour 2017 rendent tout encore plus compliqué. »

Pour continuer sur l’aspect financier en F1, pour l’Autrichien, cela est une préoccupation qu’il n’est pas nouvelle : « Cela n'a jamais été différent. Repensez à Niki Lauda. Il avait de l'argent pour conduire une March, une voiture très médiocre à l'époque. Ou prenez Nelson Piquet : Parmalat Brésil était son bailleur de fonds et ils ont poussé pour lui. Donc rien n'a changé. Les gens ont tendance à l’oublier. Et, bien sûr, quand vous signez un pilote vous lui demander s'il a des contacts car il y a deux choses avec lequel vous luttez toujours en F1, le temps et l'argent. »

Lors du choix d’un pilote il explique quelle est la marche à suivre : « C’est toujours une combinaison. Si vous n'êtes pas convaincu d'un pilote, vous ne le prenez pas. Mais oui, il y a parfois des situations où vous n'êtes pas complètement heureux, vous sentez que peut-être un élément est manquant. Peut-être que le talent est énorme, mais le côté financier n'est pas satisfaisant. Que faire alors ? Cela se résume à la philosophie de l'équipe, à savoir si vous prenez le pilote le plus habile et vous espérez vous en trier du côté financier au cours de la saison, ou vous recherchez des piliers financiers sûrs et prenez un gars qui est moins bon. Toro Rosso va toujours vers les plus qualifiés. Red Bull ne prendrait jamais un pilote de seconde zone pour des raisons d'argent. Le talent est primordial.»

Dans les colonnes du site de la F1, Franz Tost explique pourquoi les pilotes commences plus jeunes en karting qu’auparavant : « C'est le développement dans le sport, dans tous les types de sports: ski, patinage sur glace, football. Si vous ne disposez pas de l'éducation à partir de cet âge, vous êtes perdu. C’est à propos du système nerveux. Plus vous êtes jeune, plus vous apprenez et mémoriser les processus. Vous ne pouvez jamais compenser cela plus tard. Si quelqu'un me dit qu’il n'a jamais fait karting, mais qu'il veut percer en F1 alors je lui dirai que c'est une blague. Parce que dans des situations difficiles, quand c'est une question de millisecondes, vous ne pouvez avoir de réactions basées sur la pensée consciente. Vous devez réagir par instinct, et cela vous l’apprenez au plus jeune âge possible. » 

Lors de ce week-end de Grand Prix il a été mis en avant qu’un pilote américain en F1 permettrait d’en augmenter l’attrait, mais qu'aucun ne répond actuellement aux attentes. Le directeur est ainsi interrogé pourquoi il est difficile pour un Américain d’arriver en F1 : « C’est beaucoup plus compliqué que cela, parce que cela dépend de la culture du sport automobile d'un pays. Je suis convaincu qu'il y a des pilotes qualifiés aux États-Unis, mais pour faire de la F1 vous devez aller en Europe, à un âge très précoce. Vous devez commencer karting à l'âge de sept ans au plus tard. Sinon, vous ne serez pas faire de la F1. Donc, tout dépend des parents, qui doivent être prêts à se déplacer vers l'Europe, et qui fait ça ? Ce qui est alors important est que si vous avez un grand nombre de jeunes, vous pouvez faire de bons processus de sélection en termes de qualité. Peut-être que Liberty Media peut pousser cela vers l'avant. »

Par ailleurs, la nouvelle réglementation 2017 devrait permettre plus de synergie entre Red Bull et Toro Rosso mais, selon Franz Tost, les effets ne se feront sentir qu’à partir de 2018 : « Oui, Helmut a raison parce que Red Bull Technology a trois fois le nombre de personnes que nous avons. Et ils terminent leurs dessins très tard. Donc, si nous voulons tenir les délais avec la production de nos pièces, nous parlons de tout ce qui est des règlements, jusqu’à ce qu'ils libèrent les dessins, nous ne serions pas dans la course. C’est à cause des changements de réglementation. Sinon ce serait facile, comme nous avons pu effectuer sur certaines parties de leur voiture 2016. Alors maintenant, nous construisons les choses nous-mêmes et nous espérons que les synergies fonctionnent en 2018 lorsque nous pourrons reprendre davantage de pièces de leur voiture 2017. »