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Hamilton vs Rosberg : retour sur trois années au sommet

F1. 50 victoires en 58 Grand Prix. Depuis l'avènement de l'ère hybride en mars 2014, les deux pilotes Mercedes se partagent la tête d'affiche tout en haut de la Formule 1. Revenons sur les moments clés d'une rivalité intense, qui couronnera un nouveau ou un quadruple champion du monde ce dimanche à Abu Dhabi.

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Nico Rosberg et Lewis Hamilton : seuls, tout là-haut
© Mercedes / Nico Rosberg et Lewis Hamilton : seuls, tout là-haut

Liés depuis l'époque du karting, Lewis Hamilton et Nico Rosberg ont partagé tant de moments en commun. 11 ans plus tard, le destin et une signature les réunissaient à nouveau. Fin 2012, Lewis Hamilton quittait son cocon de McLaren et s'envolait dans le baquet Mercedes, en lieu et place de Michael Schumacher. Adversaires mais avant tout amis, leur affrontement a très vite dégradé la relation.

2013 : Ross Brawn sème le doute

L'introduction d'une rivalité - inévitable ? - est à placer dès le deuxième Grand Prix de la saison 2013, en Malaisie. Dans le sillage du clash entre Sebastian Vettel et Mark Webber chez Red Bull (le fameux «multi 21 »), Lewis Hamilton décrochait la troisième place. Mais ce premier podium décroché pour la firme de Brackley fut sécurisé par le ralentissement forcé de Nico Rosberg. Directeur de l'écurie germanique à cette époque, Ross Brawn figea les positions et refusa toute offensive. Favorisé, Lewis Hamilton restait ici très corporate vis-à-vis de son nouveau partenaire  :

«Si je suis honnête, je ressens bien que Nico devrait se tenir à ma place (troisième). J'ai dit que je voulais le laisser passer. Est-ce que je le ferai dans le futur ? Probablement. »Des propos finalement très étonnants au vu des saisons suivantes...

2014 : Une éclaircie bahreïnie de courte durée

Une année et quelques modestes résultats plus loin (deux victoires pour Rosberg, une pour Hamilton), les cartes furent totalement redistribuées. Bénéficiant clairement de l'avantage de par la force de Mercedes, l'occasion était trop belle pour frapper fort. Lâché par son moteur lors de la manche inaugurale, Hamilton devait déjà gagner à Sakhir pour ne pas laisser filer ÀRosberg, vainqueur à Melbourne.
Spectaculaire, la deuxième course du cru 2014 est encore à ce jour le plus bel affrontement (sans contact !) entre les deux hommes. À cinq reprises dans le premier virage, trois dans l’enchaînement du T4-T5, Hamilton et Rosberg furent au coude à coude. Aidé il est vrai par les dégagements artificiels, la lutte était virile mais correcte. Au final, l'Anglais, pourtant en pneus médiums résista face à l'Allemand en pneus tendres. Hamilton s'imposait : l'après-course était un moment de franche camaraderie. Les deux étoiles de Mercedes se congratulaient chaleureusement, Hamilton déclarait respectueusement avoir fait face à « l'une des situations les plus difficiles depuis longtemps », ajoutant :

« Moi et Nico n'avons pas eu une course comme celle-là depuis le karting !  »

Ceci étant, cette amitié vola peu à peu en éclats au cours du printemps. Le premier élément déclencheur fut ce Grand Prix d'Espagne, où Hamilton tira plus que de raison sur sa configuration moteur pour repousser la menace de Rosberg. Mais le mur se lézardait réellement à Monaco : l'ex-pilote Williams décrocha une pole position très controversée en provoquant un drapeau jaune dans les dernières secondes de la Q3, empêchant une amélioration du produit de Woking. Vexé, Hamilton coupait net sa supposée amitié avec Rosberg le lendemain, à l'issue de la course. Les images de la cérémonie protocolaire étaient sans équivoque, les deux pilotes ne s'étant pas serré la main comme il est pourtant de coutume.

« Nico et moi ne sommes pas amis, nous sommes des équipiers.  »

La rupture de Spa-Francorchamps : Rosberg dans les cordes

La saison progressant, l'issue était évidente : le titre se jouerait entre les deux hommes. Cette perspective aggrava-t-elle les choses ? La mi-saison était dépassée et après le refus d'Hamilton d'obéir à une consigne d'équipe en Hongrie, Nico Rosberg allait trop loin. En tentant de récupérer la tête dans le deuxième tour du Grand Prix de Belgique, le numéro 6 creva par inadvertance le pneu arrière gauche du numéro 44, tout au bout de la ligne droite de Kemmel. Ce cas de figure fut terrible pour Mercedes. Pour la première fois de la saison, les deux pilotes s'accrochaient en piste ! Dans son malheur, Nico Rosberg obtenait quand même la deuxième place (offrant la victoire à Ricciardo) mais coûtait surtout un abandon à Lewis Hamilton.
Cette fois, Toto Wolff et Niki Lauda sortaient de leurs réserves. Pire, l'ex-pilote autrichien prenait même la défense de Lewis Hamilton !
« C'était une prise de risque inacceptable. Cette course est absolument inacceptable. Nos deux pilotes se sont accrochés dans le deuxième tour... incroyable. » (Toto Wolff)
« Je me suis excusé (auprès de Lewis) au nom de l'équipe. Lewis était bien en avance, pas de question là-dessus, Nico était derrière et pourquoi se sont-ils crashés dés le deuxième tour ? Quelqu'un doit m'expliquer ! » (Niki Lauda)

Pour la première fois de la saison, Nico Rosberg était clairement pointé du doigt. Son équipier en profitait même pour dire que celui-ci « avait fait exprès ! »

Cet accrochage fut une date charnière dans l'évolution du rapport de force Hamilton-Rosberg. La première saison hybride bascula. Totalisant 29 points d'avance après Spa, Rosberg ne s'imposait plus qu'à Interlagos lors des sept courses restantes. Hamilton raflait lui les six autres ! Alors en tête, Rosberg avait craqué dès Monza en filant dans l'échappatoire du premier virage. Il pliera sur dépassement à Austin, et abdiquera à Abu Dhabi lors du final, avec les honneurs : sa voiture ayant rendu progressivement l'âme avant même le drapeau à damiers.
La fin du premier acte était proclamée : l'enraciné Monégasque devait laisser le Britannique s'emparer de la couronne mondiale.

2015 : Hamilton plane, Rosberg un ton en dessous

L'année suivante, toute tentative de revanche fut rapidement tuée dans l’œuf. Hamilton partait fort et totalisait cinq victoires au passage du cap de la mi-saison en Hongrie ;contre trois pour Rosberg. Et encore, le désormais trentenaire s'en sortait très bien avec l'erreur stratégique de l'équipe Mercedes à Monaco, qui fit rentrer par erreur un Hamilton alors solide leader. Mais dans l'attitude, Rosberg joua très vite le battu face à un Hamilton maître des mots. En Chine, lors de la troisième course, Rosberg se montrait mauvais perdant. Demandant à son ingénieur de faire accélérer Hamilton pour empêcher le retour de Vettel, Rosberg accusa même le vainqueur de la course de conduire d'une façon « exagérément » lente ! La réaction du principal intéressé fut cinglante :

«Ce n'est pas mon boulot de gérer la course de Nico !»

Tout aussi efficace fut sa réponse en piste lors de la deuxième moitié de championnat.
Même si Rosberg montra une once de résistance en Hongrie en fermant la porte à Hamilton avec vigueur, plus aucune chance ne lui fut laissée jusqu'à Austin fin octobre.
Après avoir rendu la monnaie de sa pièce au départ du Grand Prix du Japon deux semaines plus tôt, le même type de manœuvre autoritaire fut effectué au départ à Austin. Nico Rosberg devait alors se jeter dans le dégagement asphalté texan pour éviter l'accrochage. Sous une piste asséchée au fur et à mesure, il n'était pourtant guère ridicule en récupérant même le leadership. À la faute au moment de la remise des gaz, il le cédera à neuf tours de l'arrivée, offrant la victoire à un pilote devenant l'égal d'Ayrton Senna : triple champion du monde !

Un moment exaltant pour l'un, cruel pour l'autre ;marqué notamment par un célèbre échange de casquettes. Dépité, Rosberg balançait avec nonchalance sa casquette du podium lancée par Hamilton. Une sorte de métaphore de la saison, soulignant toute l'mpuissance du fils de Keke face à son voisin de garage.


Pour finir, Rosberg se contenta des miettes de fin de saison et décrocha pour l'honneur les trois dernières courses. Malgré sa joie, il fut vite ramené sur terre par Hamilton, qui déclara à l'issue de la dernière course à Abu Dhabi :

« Le titre est plus beau qu'une victoire ! »

2016: Deux accrochages majeurs mais une occasion rêvée pour Rosberg

Plus que jamais, l'objectif du pilote allemand était très clair : faire mordre la poussière à son rival de toujours, dès le coup d'envoi de la saison. À cet égard, le début d'exercice de Rosberg fut solide : quatre victoires à la suite, entachées malheureusement des divers problèmes rencontrés par Hamilton. Retardé par un accrochage au départ à Sakhir (3e) avec Bottas, soucis moteur à Shanghai (7e) comme à Sotchi (2e)... Après la Russie, c'était bel et bien Rosberg qui disposait d'une avance record de 43 points.
Clairement en retard, Hamilton se faisait aussi subtiliser le bénéfice de sa pole à Barcelone lors de la cinquième manche. Pressé de la reprendre, il se jetait à l'extérieur de la courbe du troisième virage. Seulement voilà, Rosberg défendait sa position, tout en remédiant à un mauvais mode moteur sur son volant.
Privé d'une vitesse idéale, la différence était dés lors énorme (17 km/h d'écart relevés!) : la marge de manœuvre infime de Rosberg combinée à l'agressivité d'Hamilton mena les deux Mercedes au tapis, dans le bac à graviers du virage suivant. Ce deuxième clash direct est toujours à l'heure actuelle le plus spectaculaire de leur histoire commune. Il est d'ailleurs le seul qui a mené les deux pilotes à l'abandon.



Paradoxalement, l'accident le plus extraordinaire ne mena pas à une guerre des mots. Les torts étaient partagés.
Policé, Toto Wolff n'accusait aucun de ses deux poulains. « Nous laissons nos pilotes s'affronter, parfois ce genre de situation peut arriver ! Je ne blâmerai donc personne directement. »
Hamilton insista également sur ce fait. Mieux, il confia même que celle-ci s'était « adoucie » depuis les jours sombres de 2014 !

Cet accident aura quand même eu le mérite de changer la dynamique. Hamilton se relança dans la foulée à Monaco sous la pluie (Rosberg terminant lui... septième) puis au Canada, en ne manquant pas de tasser au passage son camarade au départ. Mais le troisième et dernier clash en date du nom arrivait deux Grands Prix plus loin en Autriche.
Au Red Bull Ring, les deux hommes se rentrent de nouveau dedans, dans le dernier tour cette fois. Avec un Lewis Hamilton conquérant et un Nico Rosberg défensif, la fin de course ne pouvait qu'être mouvementée.
Auteur d'une attaque dans le virage numéro 2, Lewis Hamilton a vu son équipier lui fermer la porte à l'extérieur et l'empêcher de prendre son virage. Les deux Mercedes se sont alors touchées une première fois. Hors piste, le Britannique est revenu brusquement sur la trajectoire extérieure de la ligne droite suivante, mais l'Allemand s'y trouvant déjà, les deux hommes se sont une nouvelle fois touchés. Rosberg tombait du podium et se voyait surtout responsable de cet incident, pénalité de 10 secondes à la clé.



Ce deuxième accident en 2016 attisa cette fois la colère de Toto Wolff, qui adressait un « ultime avertissement » à ses pilotes, tout en brandissant la menace des consignes d'équipe.
Agressif sur la piste, Rosberg se déchargeait d'abord de toute responsabilité : « Je suis à l'intérieur de la trajectoire, j'ai le droit de me défendre. Je n'ai pas besoin de prendre la ligne idéale. »
Puis, il évoqua une faute collective, dans une interview donnée au journal anglais « The Guardian », parue mi-Juillet.

« Cela est un sérieux problème qui a besoin d'être discuté. Nous sommes des équipiers et nous devons éviter le contact et les collisions qui coûtent des points à l'équipe. »

Comme après Spa en 2014, c'est une nouvelle fois Hamilton qui sortait grandi. Son triplé Silverstone-Budapest-Hockenheim mit sous l'éteignoir. Heureusement pour Rosberg, la pause estivale le revigora. Trois victoires à son tour d'affilée. Aidé par la pénalité moteur d'Hamilton à Spa, il remporte Monza et Singapour, seul, comme un grand. Surtout dans la cité-état, pour ce qui s'apparente presque à SA course référence de la saison, après avoir résisté sur une stratégie pneumatique décalée.
Revenu d'un accrochage initial à Sepang, un coup du sort jouait même en sa faveur : le triple champion du monde abandonnait les 25 points d'une victoire acquise, en même temps que son moteur !



Cette casse moteur fut clairement un tournant au Graal. Même si Hamilton est toujours par la faveur de sa série en cours de trois victoires, ces points perdus pèsent lourds dans la situation actuelle.

Ainsi, même si Rosberg a pris du volume dans cette lutte acharnée, il est toujours mis en difficulté par Hamilton dans la lutte au corps à corps. Même cette année, Hamilton fait fi des circonstances pour se battre jusqu'au bout. En atteste le chiffre de la position moyenne au départ des courses cette saison : 4,30 pour Hamilton 1,80 pour Rosberg. Et celui de la position moyenne à l'arrivée : 2,17 pour le premier cité ;2,26 pour le second.
Mais pour la première fois en trois ans, Nico Rosberg est l'homme en tête à l'entame de la dernière course de la saison. Avec 12 points d'écart, un simple podium lui suffira pour décrocher sa première couronne mondiale, quelque soit la performance de son challenger. Sa chance est la suivante : il n'est pas obligé de jouer le tout pour le tout pour gagner. Seulement voilà, Hamilton n'aura rien à perdre pour renverser une situation qu'il juge lui-même "impossible".

Quoi qu'il arrive ce dimanche, un nouvel épisode sera ajouté à cette saga de la guerre des étoiles de la Formule 1 actuelle.

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