Essai - Alfa Romeo 4C Edizione Speciale : beauté fatale, beauté brutale
Automobile. La rédaction de Motors Inside a eu le plaisir d'éprouver la version la plus aboutie de l'Alfa Romeo 4C. À l'occasion d'un essai de plusieurs jours en Haute-Savoie, autour du Lac d'Annecy, nos deux journalistes ont pu appréhender les qualités et les défaut de l'italienne. Compte-rendu.
En mars dernier, à l’occasion d’une journée célébrant les 70 ans de la marque Abarth, Motors Inside avait pu inaugurer sa nouvelle rubrique Essais Automobiles. Il y a quelques jours, une occasion encore plus belle s’est présentée à nous. Grande première, la rédaction s’est vue confier non pas une mais deux voitures pour cinq jours d’essai. Il s’agit ici de vous parler de l’Alfa Romeo 4C Edizione Speciale, version la plus sportive de la 4C.
La première étape fut la récupération de l’auto à Trappes, au siège de FCA Group France. Fait nouveau mais tout aussi satisfaisant, se voir confier les clefs d’un modèle sportif dans sa configuration la plus exclusive offre un sentiment fort. Une première fois ne s’oublie pas. Après un premier contact virtuel via le configurateur et les brochures, le temps était venu de découvrir la belle.
La belle oui car en me retrouvant face à elle je fus séduit. Robe rouge, courbes aérodynamiques, châssis au ras du sol et éléments carbone, elle a su faire valoir ses arguments. Contact, démarrage. En plus elle savait donner de la voix…
Il était maintenant temps de prendre la route en direction d’Annecy, pour rejoindre l’équipe et réunir les deux modèles de notre comparatif, qui fait l’objet d’un article dédié. Avant toute chose, parlons un peu plus de cette Alfa Romeo 4C Edizione Speciale.
Radicalement élégante
En Italie, l’automobile est plus qu’un objet et comme une personne, elle doit cultiver le désir. Soyons honnêtes, on craquerait facilement devant l’Alfa Romeo 4C. D’autant plus dans sa finition Edizione Speciale. L’équipe d’essai de Motors Inside est unanime sur ce point, elle est magnifique et sa robe rouge Competizione est la cerise qui parachève l’œuvre.
A l’avant on retrouve l’identité Alfa Romeo avec la calandre en triangle isocèle inversé, jouxtée par deux larges entrées d’air qui permettent d’alimenter le système de refroidissement. Sur la partie basse du bouclier sont incorporées deux petites languettes qui permettent une génération d’appui sur le train avant mais aussi de diriger un flux d’air sur les jupes latérales.
Toujours à l’avant, la calandre est soulignée par deux lignes de carrosserie qui vont du museau jusqu’aux montants de pare-brise, de façon à reproduire la forme de la calandre sur le bouclier et le capot. Notre modèle d’essai était équipé d’optiques avant bi-xénon (en option), délaissant le dessin original des optiques de série pour un dessin conventionnel carrossé.
Sur les flancs, on admire déjà la hauteur de la 4C, seulement 1,18 m et on remarque ensuite le design épuré. Une ligne souligne la jupe sur la partie basse et se termine par une entrée d’air façonnée en carbone (côté conducteur uniquement). Une autre part du milieu de la portière et s’accentue pour terminer sa course sur l’aile arrière élargie qui intègre une imposante entrée d’air alimentant le système de refroidissement.
Toujours dans un esprit de simplicité, les rétroviseurs offrent pour seule excentricité une coque carbone (en option). C’est une fois derrière la voiture qu’on se rend compte de la largeur des ailes arrières et que l’on comprend le dessin allongé vers l’extérieur des rétroviseurs pour élargir le champ de vision arrière du conducteur.
Les ailes arrière très larges assoient la voiture et l’imposant diffuseur renforce ce caractère massif. La double sortie centrale Akrapoviç incorporée apporte du caractère à ce modèle qui n’en manque déjà pas et le becquet de coffre en carbone se montre finalement assez discret.
L’idée initiale des designers d’Alfa Romeo était de reprendre les principes qui ont dictés le dessin de la 33 Stradale en 1967 : coupé 2 places, poids plume, sportivité, style épuré. Le constat final est que cette réinterprétation néo-moderne de l’Alfa Romeo 33 Stradale est une vraie réussite de style.
Ambiance cockpit
Entrer et sortir de l’habitacle s’avère être une véritable épreuve avec l’Alfa Romeo 4C. Les habitudes sont prises petit à petit mais stationner dans un garage demande de la logistique. Pour la petite histoire, nous avons préféré agir à deux lorsqu’il s’agissait de s’insérer et de s’extraire de la voiture quand nous la mettions au box. Oui nous sommes soigneux chez Motors Inside.
Une fois à l’intérieur on découvre un intérieur résolument orienté sport. Le châssis carbone est bien apparent, à peine caché par les tapis de sol frappés d’un « 4C ». Sur le tableau de bord, les bouches d’aération et une baguette décorative apposée côté passager sont elles aussi en carbone. Les petits panneaux de portes ont pour poignée (ndlr, aide à la fermeture) une lamelle en cuir semi-rigide et laissent apparaître largement les portières, l’alliance du carbone et du rouge Competizione est du plus bel effet.
Les sièges sport en cuir coloris noir-tabac de notre modèle trouvent leur place dans l’habitacle et apportent une touche lumineuse mais surtout confortable. La 4C est une voiture de série tout de même. Les réglages sont sommaires : course des jambes et inclinaison du dossier mais ne vous y méprenez pas, ces sièges offrent un confort surprenant pour les longs trajets (ndlr, plus de 1 000 km parcourus sur autoroute pour arriver à ce constat).
Devant vos yeux le volant en cuir sport à deux branches tronqué sur la partie basse impose toujours plus l’ambiance course, rappelant le dessin d’un volant GT. Il est réglable en profondeur et en hauteur. A son dos vous trouvez les palettes de vitesse, placées en adéquation avec la forme du volant, avec les mains à 9h15. Encore derrière le regard se porte sur le combiné de bord digital, qui communique clairement les informations essentielles.
Pas d’ordinateur de bord ici, la console centrale orientée vers le conducteur propose le strict nécessaire dont la climatisation manuelle et un magnifique autoradio Alpine sorti de la supérette du coin de la rue. On retrouve plus bas dans un insert carbone les commandes de la boîte de vitesse dont celle permettant de passer en manuelle (les fonctions automatiques « Auto-Up » et « Auto-Down » restent actives et s’enclenchent si vous êtes trop haut ou trop bas dans les tours).
Les commandes de rétroviseurs et de vitres sont électriques et non loin d’elles se trouvent le sélecteur de modes de conduite Alfa D.N.A. Quatre modes sont au menu avec d’abord le « All weather » contient le plus de gestion d’aides électroniques qui interviennent en particulier sur la puissance délivrée en cas d’écart, le « Natural » est le mode passe-partout qui agit sur le couple boîte-moteur pour un fonctionnement en souplesse et configure le différentiel arrière pour intervenir en cas de perte d’adhérence d’une des roues.
Le « Dynamic » est le plus intéressant (et raisonnable) sur route, moteur et boîte réagissent plus rapidement aux sollicitations, les clapets d’échappements sont ouverts pour laisser s’exprimer la ligne Akrapoviç (en option) et l’ESC offre en théorie plus de liberté mais en pratique, il se montre plutôt punitif malgré notre volonté de mettre en défaut l’auto, enfin le « Alfa Race » que nous n’avons pas testé (ndlr, essai réalisé sur route ouverte parfois sur asphalte détrempé) et qui permet de rendre l’ESC inactif sauf en cas de freinage en délicatesse, de même le système anti-patinage vous laisse libre de gérer même en cas de perte d’adhérence des roues motrices.
Un véritable kart carrossé
Trois principes fondamentaux régissent l’utilisation de l’Alfa Romeo 4C : l’absence de direction assistée, l’absence de visibilité arrière, la hauteur de caisse. Les deux premiers sont assez facilement assimilables par le conducteur, le troisième est plus compliqué à mettre en pratique sur nos routes modernes. Ralentisseurs à foison, mauvaise conception et mauvais entretien des voiries sont autant d’entraves au plaisir de conduire la 4C.
La direction non-assistée n’est un problème qu’au moment de stationner la voiture car en conduite c’est un régal. Au départ surpris, on se prend au jeu d’une conduite attentive, tant une aspérité sur la route peut vous faire dévier de la trajectoire que vous aviez choisi de suivre. La rigidité du châssis et de la suspension sport (en option, de série sur notre modèle d’essai) s’ajoutent et l’on obtient un trio parfait pour ressentir au mieux absolument tout ce qui se passe sur la route.
Dans le cadre d’un essai au col du Semnoz, nous avons (re)découvert cette sensation de suivre la route. Léger dévers, virages courts avec changement d’angle, la 4C danse sur l’asphalte et on en profite, dans la plus grande simplicité. Elle se révèle être autant agréable à piloter à faible allure qu’en conduite sportive.
À ce moment, la sélection du mode de conduite « Dynamic » est vivement recommandée. Pour le plaisir des oreilles car l’échappement Akrapoviç donne une autre dimension à l’utilisation mais aussi pour demander plus de réactivité à l’accélération à une voiture qui n’attend que ça. Entre deux courbes lentes, vous êtes catapultés par les 240ch de ce 1742 cm3 à condition que le turbo soit actif, et donc, de monter dans les tours.
Ce compromis de proposer un moteur très sage pour un usage quotidien, qui ne sollicite pas forcément le turbo est appréciable dans une logique d’économie de carburant. Cependant, en conduite sportive, il apporte une petite frustration lorsqu’une fois le pied dedans il faut attendre l’arrivée du turbo. De cet inconvénient résulte un avantage, on ressent très bien l’effet « kick » (ndlr, qui n’en est pas un dans une logique d’optimisation du comportement).
Du côté des aides électroniques, on regrette autant qu’on apprécie la présence de l’ESC, et ce, même en mode « Dynamic ». L’Alfa Romeo 4C reste stable même en forçant en sortie de virage lent, seul l’ASR (système anti-patinage) est pris au dépourvu sur le revêtement irrégulier et parfois détrempé. Le freinage est performant (disques autoventilés percés de 305mm à l’avant et 292mm à l’arrière), ne perd pas en souffle et n’est pas mis en défaut (déclenchement de l’ABS) même lors de freinages très appuyés en descente de col.
Les chiffres
Modèle | Alfa Romeo 4C Edizione Speciale |
---|---|
Prix / à partir de : | 63 200 € + 3 473 € de malus |
Prix du modèle essayé : | 72 410 € |
Moteur | |
Motorisation : | Turbo essence 4 cylindres en ligne 1 750 cm3 16 soupapes Injection directe |
Architecture moteur : | Position centrale arrière |
Puissance : | 240 ch |
Couple : | 350 nm dès 2100 tr/min |
Boîte de vitesse : | Automatique séquentielle à double embrayage 7 rapports |
Type de transmission : | Propulsion |
Caractéristiques | |
Suspensions avant / arrière : | Double triangulation Mac Pherson |
Freins avant : | Disques autoventilés percés (305 mm) Étriers fixes 4 pistons |
Freins arrière : | Disques autoventilés percés (292 mm) Étriers flottants Mono piston |
Pneus avant / arrière : | Avant : 205/40 R18 Arrière : 235/40 R19 |
Performances | |
0-100 Km/h : | 4,5 secondes |
Vitesse maximale : | 258 km/h |
Cycle urbain : | 9,8L /100 km |
Cycle extra-urbain : | 5 L /100 km |
Cycle mixte : | 6,8 L/100 km |
Poids et mesures | |
Dimensions : | 3 989 mm (L) 1 864 mm (l) 1 183 mm (H) 2 380 mm (empattement) |
Volume de(s) coffre(s) : | Avant : 110 L |
Réservoir : | 40 L |
Poids à vide : | 895 kg |
Répartition des masses : | Avant : 40% Arrière : 60% |
Nombre de places : | 2 |
Points positifs
- Design extérieur ;
- Régulateur de vitesse « Cruise control » pour les trajets autoroutiers ;
- Sièges d’un confort surprenant ;
- Pouvoir tout ressentir sur la route.
Points négatifs
- Autoradio de supérette ;
- Visibilité arrière ;
- Trop de contraintes au quotidien ;
- Devoir rendre les clés.
L’avis de la rédaction
L’Alfa Romeo 4C Edizione Speciale est le petit bijou que l’on a envie de voir et de conduire tous les jours. Malheureusement, ce plaisir ne peut être quotidien car sa hauteur de caisse et sa maniabilité en stationnement sont deux éléments de frustration pour une conduite urbaine et/ou quotidienne. Le meilleur moyen d’en profiter est finalement de l’emmener sur un circuit. C’est seulement dans ces conditions que vous pourrez l’exploiter pleinement car elle semble née pour cela.
Photos par Gary Eisinger.