Le nouveau pneu dur Pirelli divise

Depuis plusieurs semaines, Pirelli travaillait à l’élaboration d’un pneu dur plus endurant qu’il a été décidé d’introduire en course à l’occasion de ce Grand Prix d’Espagne, après plusieurs séances d’essais et de développement. Cependant, au terme de la première journée, ces nouvelles gommes ne font pas l’unanimité, à commencer du côté de Lewis Hamilton : « Le pneu super-dur est une catastrophe, alors ça n’était pas agréable de piloter. Il y a ne différence de deux secondes et ils ne durent pas si longtemps que ça » s’est ainsi plaint le champion du monde 2008. « Je ne sais pas pourquoi ils ont amené ce pneu, parce que je pensais que l’autre était assez bon. […] Nous perdons deux secondes et demie au tour avec eux puis nous passons aux pneus tendres et c’est fantastique. Je pense que vous verrez plus de monde avec les pneus tendres ce week-end. »

Paul Hembery, le responsable de la compétition chez Pirelli, n’a pas tardé à réagir : « Je ne nie pas qu’il est plus lent, qu’il a moins d’adhérence mais il faut regarder les points positifs. […] On nous a demandé plus de différence entre les tendres et les durs. Si vous repensez à Istanbul, où les pneus durs tenaient un ou deux tours de plus que les pneus tendres et étaient moins performants, ça n’avait aucun impact stratégique. Ce que nous voyons maintenant – avec des variations entre les équipes – c’est qu’il y a une différence de longévité de 10 à 14 tours entre les tendres et les durs. Certaines équipes ont une très bonne durée de vie […] mais je ne veux pas dire qui parce que ça sera important pour leur stratégie, dimanche. »

Le patron de Pirelli reconnait cependant que les nouveaux pneus durs restent perfectibles : « En terme de performances, nous avons enregistré un écart de deux secondes, ce qui est plus que ce que nous avons vu en essais. Mais […] le pneu tendre perd deux dixièmes par tour et le dur un dixième. Cela signifie que le pneu dur va vraiment jouer un rôle en termes de stratégie, ce qui n’était pas le cas avant. »

Mais Paul Hembery s’étonne surtout de découvrir ces critiques aujourd’hui seulement : « Pourquoi ne nous ont-ils pas dit ça lorsque nous les avons évalués en Malaisie et en Turquie ? Peut-être ne les ont-ils pas testé correctement ou qu’ils ne les ont pas pris suffisamment au sérieux. »

Jenson Button le reconnaissait en effet un peu plus tôt dans la journée : « Je pense que c’est la première fois que je roulais avec » confiait-il. « Lors des autres courses nous ne les avons pas utilisé parce que nous essayions d’accumuler de l’expérience avec les pneus durs dont nous disposions, alors, ça a été un choc. Je ne sais pas si d’autres personnes se battent avec ou pas. Nous devons tous travailler avec les mêmes pneus alors il nous faut les exploiter au mieux. […] Je ne pense cependant pas qu’on fera plus d’un relais avec. »

Du côté de la Scuderia, on relativise : « Ce sont les pneus que nous aurons pour la course, telle est la situation. […] Rien ne changera à court terme et nous devons les exploiter au mieux, parce que pour les qualifications et la course, ce sera très dur. Ce sera un autre challenge pour les pilotes et les équipes. »

Fernando Alonso espère d’ailleurs que certains prendront des risques en qualifications : « Désormais, c’est difficile de penser passer la Q1 avec les pneus durs, alors je pense que 95% des pilotes utiliseront un train de pneus tendres dès la Q1. Nous verrons bien si quelqu’un prend le risque [mais] je ne sais pas qu’elle était la marge qu’avait Red Bull aujourd’hui. »

Red Bull, justement, n’a pas été épargné, non plus, par l’effet de surprise et Mark Webber avoue ne pas en avoir tiré la performance souhaitée mais tire la morale de cette histoire : « En définitive, je pense que Pirelli apprend toujours à mesure que nous avançons. »