Faites partie de l'équipe

Nous privilégions la qualité et l'expérience de lecture. Bénéficiez de nos contenus premiums et d'une expérience plus rapide et sans publicités.

Voir les avantagesDécouvrir les abonnements
Sans engagement
A partir de 4€ / mois

Vettel est-il vraiment plus fort que Mansell ?

F1. Bien qu'il ait battu le record de pole positions en une seule saison de Nigel Mansell, il a fallu à Sebastian Vettel 19 Grand Prix - contre 16 - pour y arriver. Quelle valeur a réellement le record de l'Allemand ? La rédaction de Motorsinside.com essaye d'esquisser un semblant de réponse.

Logo Mi mini
Rédigé par Par
© GEPA /

Le 26 novembre 2011 restera dans l’Histoire de la Formule Un comme le jour où Sebastian Vettel, auteur de sa quinzième pole position en une seul saison, a battu le record longtemps jugé imbattable de Nigel Mansell qui, en réalisant sa 14ème pole position au Grand Prix d’Australie 1992, effaçait lui-même le record de 13 réalisations – 1988 et 1989 - détenu jusqu’alors par Ayrton Senna. Cependant, alors que l’Anglais réalisa cette performance en autant de Grand Prix que le Brésilien, Sebastian Vettel a bénéficié de 3 courses de plus au calendrier pour venir à bout du record de Nigel Mansell. Ainsi, en ne s’en tenant qu’au rapport Poles/Grand Prix, l’Allemand ne pointe, avec un taux de réussite de 78,95%, qu’au 5ème rang des meilleurs performeurs de l’Histoire de la discipline, derrière Ayrton Senna et Alain Prost, tous les deux à 81,25% de taux de réussite et bien sûr Nigel Mansell, confortable leader avec un ratio de 87,50%.

Mais la question se pose – comme souvent avec les statistiques – de savoir quel sens donner à ces chiffres et donc au record de Sebastian Vettel. L’exercice de la comparaison entre des époques différentes est toujours futile et injuste pour les deux pilotes, mais en partant de l’hypothèse folle qu’une telle comparaison soit crédible, dans quelle mesure peut-on affirmer que le record de Sebastian Vettel est significatif ?

S’il est bien un point commun entre la saison 1992 de Nigel Mansell et la saison 2011 de Sebastian Vettel, c’est la domination presque outrageante qu’ils ont fait peser sur la discipline. Nigel Mansell mit ainsi un terme à l’hégémonie d’Ayrton Senna, double champion du monde en titre, en étant sacré dès le mois d’août, à 5 Grand Prix de la fin de saison, là où Sebastian Vettel, confronté à pas moins de 4 champions du monde, a renouvelé son bail au Grand Prix du Japon, à 4 Grand Prix de la fin du championnat. Si on a souvent imputé la domination de Sebastian Vettel en qualifications, à sa monoplace, dessinée par Adrian Newey qui fut également derrière la conception de la FW14B dont disposait Nigel Mansell en 1992, les chiffres tendent à montrer que, malgré tout, les qualifications 2011 ont été plus serrées que celles de 1992.

Ainsi, en ne tenant compte que des pole positions réalisées lors d’un séance de qualifications disputée sur le sec, l’écart moyen séparant Sebastian Vettel en pole position du premier pilote non Red Bull est de 0’’344 alors que l’écart moyen séparant Nigel Mansell en pole position du premier pilote non Williams était de 1’’230 (sans tenir compte des qualifications des Grand Prix de Belgique et du Japon où la pluie conduisit à l’élaboration de la grille de départ en fonction des temps réalisés le vendredi). Le plus grand écart creusé par Sebastian Vettel n’est ainsi que de 778 millièmes de secondes sur Lewis Hamilton, à Melbourne, alors que Mansell infligea 2’’741 au grand Ayrton Senna lors des qualifications du Grand Prix de Grande-Bretagne 1992 où il relégua également son coéquipier, l’expérimenté Ricardo Patrese, à 1’’919. Inversement, alors que l’écart séparant Vettel de ses poursuivants en qualifications s’est effrité au cours de la saison, atteignant 9 millièmes de seconde d’avance sur Jenson Button au Japon, celui de Mansell reste quasiment constamment au-delà de la seconde.

A cela pourraient s’ajouter les dix doublés en qualifications de Williams (soit un ratio de 63% des départs en première ligne pour les deux FW14B) alors que cette saison, Red Bull n’est arrivé à verrouiller la première ligne qu’à 7 reprises, soit un ratio de 37% des Grand Prix disputés en 2011.

Outre la supériorité technique avérée de la Williams FW14B, équipée de suspensions actives, et celle, tout aussi avérée aujourd’hui de la RB7, la différence de format des qualifications entre les deux époques peut sans doute expliquer en partie cet écart. En effet, en 1992 les pilotes disposaient d’une séance d’une heure avec un nombre de tours illimité alors qu’aujourd’hui les pilotes doivent participer à 3 séances de qualifications de 20, 15 et 10 minutes, avec les problèmes de trafic que cela peut poser comme on a pu le voir au Brésil. Au-delà des différences pneumatiques et techniques – on pense notamment au DRS et aux conséquences qu’il peut avoir sur l’équilibre de la monoplace – qui différencient deux époques, il convient donc de signaler que le format actuel des qualifications est plus intense et que les pilotes ne disposent parfois que d’un tour pour se qualifier, comme le leur impose la stratégie qui joue un plus grand rôle aujourd'hui en qualifications. A cela s’ajoute la mise à disposition d’un mulet qui permettait potentiellement, à l’époque de Nigel Mansell, de reprendre la piste malgré un accident, ce qui n’est plus le cas de nos jours.

La différence de format des qualifications ne permet donc pas d’établir un comparatif sérieux entre la performance des deux pilotes qui ont, chacun à leur époque, excellé dans les conditions qui leur étaient imposées. Cependant, le format actuel des qualifications – plus intense et laissant moins de marge à l’erreur - permet de mettre en valeur une qualité souvent avancée concernant Sebastian Vettel : sa maturité. En effet, il convient de rappeler que, bien qu’au volant de la meilleure monoplace du plateau actuellement, l’Allemand n’en est qu’à sa quatrième saison à temps plein et plus précisément à son 81ème Grand Prix, alors que Nigel Mansell a établi son propre record à l’occasion de son 181ème Grand Prix, au terme de sa onzième saison complète en Formule Un et après être passé dans des écuries d’expérience telles que Lotus, Ferrari et donc Williams. Sebastian Vettel a 24 ans, Nigel Mansell en avait alors 39, ce à quoi on pourrait répondre que, justement, Sebastian Vettel a l’avantage et la fougue de la jeunesse, que peut légitimement avoir perdu au fil des années le Lion.

C’est pour cette raison qu’il est futile de chercher à comparer la performance de deux pilotes différents, issus de deux époques non moins différentes. Les records sont fait pour être effacés et s’il était une leçon à tirer du record de pole positions acquis en une seule saison par Sebastian Vettel, c’est que tout comme celui de Nigel Mansell, on aurait tort de croire qu’il est intouchable.

Finalement, le record du pilote Red Bull ne peut-être envisagé que comme l’illustration de sa domination en 2011 et, pourquoi pas, comme un avant-goût des records potentiels à venir notamment celui du plus grand nombre de pole positions en carrière, longtemps détenu par Jim Clark avant d’être battu par Ayrton Senna qui fut à son tour battu par un Michael Schumacher qui n’avait plus grand-chose à se mettre sous la dent en termes de records. Ce qui est sans doute plus révélateur de l’efficacité de Sebastian Vettel dans cet exercice que le nombre de pole positions en une seule saison, c’est qu’il est sur les bases de ces champions qui ont chacun vu leurs records battus sans pour autant tomber dans l’oubli. En effet, après avoir signé sa trentième pole au Brésil, l’Allemand pointe déjà au sixième rang du plus grand nombre de pole positions en carrière, derrière Michael Schumacher (68), Ayrton Senna (65), Jim Clark (33), Alain Prost (33) et Nigel Mansell – encore lui – (32).

Il convient cependant de tenir compte du fait que le pilote Red Bull n’en est qu’à son 81ème Grand Prix. N’en ayant disputé que 72, Jim Clark reste l’un des maîtres incontestés de la pole position alors que, des autres pilotes qui précèdent Sebastian Vettel au nombre de pole positions en carrière, seul le grand Ayrton Senna comptait plus de pole positions après 81 Grand Prix, avec 32 réalisations, restant d’ailleurs sur une saison 1988 où il n’avait raté la pole qu’à trois reprises. Tous les autres, que ce soit Nigel Mansell (3), Alain Prost (13) et même Michael Schumacher (14), sont distancés par le pilote Allemand à qui il reste de longues années pour s’attaquer au record en sachant que la vérité d’aujourd’hui pourrait ne pas être celle de demain, comme en témoigne le nombre de pole positions réalisées par le Kaiser après son 81ème départ.

Ainsi, peut-être même plus que son record de précocité pour un double champion du monde, son nombre de pole positions et le record qu’il a signé à Interlagos inscrivent véritablement le natif d’Heppenheim dans l’Histoire de la Formule Un, auprès des plus grands noms de la discipline, y compris celui de Nigel Mansell. Christian Horner déclarait ainsi, samedi soir, après les qualifications : « Il a partagé le record avec Nigel pour deux semaines et il a maintenant quelques noms illustres derrière lui, alors c’est une grande performance. »

Votre avis

Vous avez déjà un compte ? Me connecter

Merci de choisir un pseudo.
Votre email est obligatoire pour valider votre commentaire.
Commentaire en attente de publication. Un email vous a été envoyé.
Le formulaire n'est pas valide.

Abonnez-vous

Motors Inside, c'est :
- 20+ déplacements / saison à travers le monde (F1, WEC, Karting),
- Des journalistes et des photographes,
- Du contenu de qualité depuis 2007,
- Des reportages, insides et des interviews exclusives.

Voir les avantages

Sebastian Vettel

Plus d'actualités

Abonnez-vous

Motors Inside, c'est :
- 20+ déplacements / saison à travers le monde (F1, WEC, Karting),
- Des journalistes et des photographes,
- Du contenu de qualité depuis 2007,
- Des reportages, insides et des interviews exclusives.

Voir les avantages
Sans engagement, à partir de 4€ / mois

Breaking news

Ne ratez plus aucune "breaking news" grâce à la nouvelle newsletter Motors Inside. Recevez dans la minute les infos importantes.

Un lien de vérification vous sera envoyé.
Merci de renseigner votre adresse e-mail.
Haut