F1. Le SAV de la F1 revient sur le Grand Prix du Canada 2012 et sur la victoire de Lewis Hamilton, septième vainqueur différent en autant de courses depuis le début de saison. L'Anglais devance Romain Grosjean et Sergio Pérez, et s'empare de la tête du championnat.
Et de sept ! En s'imposant pour la troisième fois de sa carrière sur le circuit Gilles Villeneuve, Lewis Hamilton (McLaren) est devenu le septième pilote à s'imposer cette saison, en autant d'épreuves. L'Anglais a enfin trouvé le chemin de la victoire cette saison au terme d'une course à rebondissements qui aura vu Sebastian Vettel (Red Bull) et surtout Fernando Alonso (Ferrari) se prendre les pieds dans le tapis avec leurs stratégies respectives. Romain Grosjean (Lotus) et Sergio Pérez (Sauber) ne s'en plaindront pas puisque leurs stratégies se sont quant à elles avérées payantes et leur permettent de monter chacun sur leur deuxième podium en carrière.
Comme à son habitude, la SAV de la F1 revient sur ce Grand Prix de Canada 2012 en compagnie de Bilo, un de ses auditeurs. L'occasion de découvrir le résultat de vos Top 10 de la course, mais aussi celui de notre concours Top Pas Position et de retrouver nos traditionnelles rubriques.
N’oubliez pas de voter, ci-dessous, pour le fait marquant du Grand Prix du Canada 2012 et pensez à participer au concours Top Pas Position, au plus tard pour le mardi 26 juin 2012, 18 heures.
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J'ai adoré l'intro :-DD
Je m'explique: habituellement quand le 2ème s'arrête, le premier s'arrête, pour éviter de prendre un risque de faire le tour de trop, mais aussi à cause d'une safety car qui pourrait arriver. Là on est au canada, et alonso roule 3 tours après l'arrêt de vettel et hamilton. J'ai trouvé cela très curieux. Car autant si on se dit, il vont tenter 1 arrêt, c'est pas au 17ème qu'il fallait s'arrêter mais au 21ème comme bigjohn. Et sinon parce que c'est le canada, cela me parait très risqué de laisser 2 pilotes avec des pneus neufs, revenir sur lui.
Personne ne l'a souligné, mais la stratégie d'Alonso et Ferrari pour le premier arrêt est payante puisqu'Alonso arrive à reprendre une place sur Vettel, malgré les pneus plus frais de l'Allemand. C'est pas systématique qu'un pilote perde du temps avec des pneus moins frais. Ce qu'il faut, c'est éviter le tour de trop et non pas éviter le tour de plus. Avec des pneus à température et usagés, Alonso a fait mieux que Vettel avec des pneus neufs et lui est passé devant, une stratégie qui n'est pas si étonnante que ça si on considère qu'elle a marché pour Lewis Hamilton quelques tours plus tôt. Mais il est vrai que Ferrari n'a peut-être pas vu assez loin à ce moment et je pense que le premier arrêt d'Alonso confirme que la Scuderia n'était pas partie sur un mais bien sur deux arrêts avant la course. En faisant en effet deux voir trois tours de plus avec ses pneus, Alonso aurait sans doute perdu un peu de temps, mais aurait gagné les quelques tours qui lui ont manqué sur la fin. La stratégie de Ferrari donne vraiment l'impression, confirmée par l'écurie elle-même, que l'on s'est dit, à un moment donné : "Les pneus sont bons, et si on tentait le coup."
Avec le recul, je crois que j'aurai même dû mettre Alonso devant Vettel dans mon classement, parce que je trouve qu'on accable beaucoup Ferrari pour sa stratégie qui s'est jouée, je pense, sur de tout petits rien, alors que la vraie stratégie foireuse vient de Red Bull. Ils s'arrêtent très tôt et espèrent pourtant faire un relais de presque 55 tours avec des pneus Tendres alors qu'ils n'en ont fait que 15 avec les Super Tendres. L'erreur de Ferrari s'est d'être parti avec une stratégie proche d'Hamilton en début de course et d'avoir fini avec une stratégie plus proche de celle de Grosjean en fin de course. Comme l'a dit Ferrari, c'est facile de juger en connaissant la fin de l'Histoire. Pour comprendre une stratégie, il faut se détâcher de l'idée qu'il y aurait un scénario idéal.
Quoiqu'il arrive, ça n'en retire en rien à mon classement : je préfère récompenser des vrais paris de stratégie, même quand ils ne paient pas, quand ils sont pris en course, plutôt que des stratégies qui sont certes payantes mais qui sont téléphonées parce que décidées avant même que la course ne débute.
Je m'explique : sur le second relais, Hamilton, en attaquant relativement, prend jusqu'à un maximum de 4.5 secondes sur Alonso. C'est le maximum puisque par la suite, en fin de relais (et seulement en fin de relais), l'écart diminue, Hamilton étant en train de gérer.
J'en retire deux choses : Hamilton est sur une stratégie offensive ce qui signifie que, quoiqu'il arrive, il va être à l'attaque intégrale pendant la fin de course, avec la possibilité de le faire (pneus neufs pour 20 tours, quand ceux qu'il va enlever ont tenu 35 tours et qu'il a seulement perdu du temps dans les 10 derniers) et Alonso n'était pas en gestion puisque ayant stabilisé l'écart avec Hamilton et voyant revenir sur lui Vettel. Il était, tout au moins, sur un rythme normal. Donc, il va falloir qu'il tienne encore une vingtaine de tours sur un rythme normal.
Au moment où Hamilton s'arrête, on peut se dire, allez, suivant ce qu'il se passe, on peut voir s'il est intéressant de rester en piste avec ces pneus qui n'ont QUE 4 tours de moins. Hamilton s'arrête, malgré les anicroches, repart avec la piste libre et est donc tranquille pour attaquer.
Le problème, selon moi, c'est que dès son tour de sortie des stands, il est déjà 1.5 à 2sec plus rapide que Alonso et Vettel, avec des pneus frais. C'est là que la stratégie de Ferrari est déjà caduque : tu as un pilote dont les pneus ont 30 tours, sans avoir particulièrement géré, qui va devoir résister au retour d'un pilote qui est, au minimum, plus rapide de 1.5sec alors que ses pneus pourront largement tenir les 20 tours à l'attaque intégrale.
Les seules choses qui peuvent sauver Alonso : un problème pour Hamilton et/ou un safety car. Personne ne peut croire, chez Ferrari, que les pneus de Hamilton connaîtront une baisse de performance soudaine, mais surtout personne ne peut croire, après seulement deux tours dans le 3ème relais de Lewis, qu'il sera possible de tenir ce rythme.
Mais surtout, je pense que l'entêtement de Ferrari a été très mauvais, quand les écarts commençaient à être de 2.5 à 3sec. Il était incompréhensible de rester en piste. D'autant qu'il y avait encore des points à sauver.
Et là, Dino, je retourne ton argument : justement, je crois que Red Bull a très bien agi (trop tard, mais quand même) en faisant de nouveau rentrer Vettel, voyant qu'ils parviendraient à sauver quelque chose vu le rythme d'Alonso.
Encore une fois, tenter un pari audacieux, on peut trouver ça bien, mais s'entêter dans un pari perdant, je trouve ça dommageable. Les points vont compter cette saison, et Ferrari en a au moins sacrifié une dizaine sur Hamilton et 2 sur Vettel, alors que c'était évitable !
C'est d'ailleurs plus cela que je condamne : d'avoir sciemment perdu des points face à un adversaire qui, justement, n'en a pas perdu sciemment de son côté. Si Hamilton a si peu d'avance c'est, en partie, parce qu'il n'a pas eu de chance. Les stratégies étaient correctes. Là Ferrari n'a pas seulement mis en place une stratégie, elle a mis en oeuvre une perte de points méthodique.
Tu mélanges un petit peu tout, m?opposant des arguments que j?ai moi-même développés dans l?émission.
Dans l?émission, on parle surtout de la stratégie de fin de course où Alonso et Vettel ne rentrent pas. Dans le commentaire ci-dessus, il s?agit de la stratégie du début de course en réaction au débat lancé par Jacky.
En ce qui concerne la stratégie de fin de course, j?ai clairement dit dans l?émission que j?ai mis Vettel devant Alonso dans mon classement (contrairement à bon nombre de gens comme en témoigne le classement final), tout simplement parce que Red Bull avait su ne pas s?entêter dans sa stratégie. Maintenant, un fait que tu oublies complètement dans ton commentaire et que j?ai souligné pour défendre l?entêtement de Ferrari, c?est qu?Alonso ne fait pas que regarder du côté d?Hamilton, mais doit aussi regarder du côté de Vettel. En rentrant pour un éventuel 2ème arrêt, Fernando Alonso s?exposait au risque que Vettel ne le suive pas et que peut-être ses pneus lui permettent soit de gagner, soit de rester devant l?Espagnol. Vettel aurait très bien pu lui emboîter le pas, mais rien ne le garantissait à Alonso et à Ferrari sur le moment. Ainsi, parce que Vettel et derrière Alonso, quand l?Allemand rentre, l?Espagnol doit faire un tour, perdant potentiellement 2 voire 3 secondes avant son propre arrêt, s?exposant au risque de voir Vettel lui passer devant. Mon point de vue, c?est de dire que certes, Red Bull a le mieux réagit, mais que c?est aussi facile de prendre Ferrari pour des idiots. Au moment où Ferrari décide de jouer la victoire, ils la jouent face à Hamilton, mais aussi face à Vettel et c?est un point que tu négliges complètement dans ton argumentaire.
Maintenant, quand Hamilton s?arrête pour la deuxième fois, qui de Red Bull et Ferrari prend le plus de risque ? Ce n?est pas Ferrari mais bien Red Bull qui décide de rester en piste bien qu?étant la première à s?être arrêtée parmi les trois écuries de tête en début de course (Massa étant un cas particulier à cause de son tête à queue). Vettel devait donc faire un relais de 55 tours avec le même train de pneus, là où Alonso ne devait en faire qu?à peine plus de 51 tours. Vettel a certes l?avantage d?utiliser des Tendres Neufs contrairement à Alonso qui utilise des Tendres Usagés, mais à Montréal, cet avantage éventuel n?a pas véritablement semblé si significatif. Maintenant, en fin de course, Red Bull reste en piste avec Vettel parce qu?Alonso reste en piste chez Ferrari et on capitalise dans l?écurie autrichienne sur le fait que les pneus de la F2012 se dégradent plus vite que ceux de la RB8, ce qui ne s?est pas vérifié. Le fait même que Red Bull renonce à aller au bout prouve que c?était un coup de poker à moitié assumé, davantage motivé par le fait qu?Alonso reste en piste.
Je persiste et signe sur le fait qu?on critique beaucoup Ferrari mais qu?on se pose assez peu de questions sur Red Bull. Je pense que le poids et la passion de la presse italienne n?y est pas anodine et qu?il y a un adage qui veut que les perdants ont toujours tort. Je trouve un peu facile d?arriver avec nos gros sabots en disant : « Ils ont chié dans la colle ! » Les meilleures décisions sont toujours celles que l?on prend après les faits.
Alors oui, Ferrari et Red Bull se sont plantés, oui, Ferrari a eu tort de s?entêter, mais non, ce n?était pas si simple que ça d?éviter l?échec.
C?est d?ailleurs ce que je trouve intéressant et que j?aime dans l?option prise par Alonso et Vettel, c?est qu?elle rappelle à beaucoup de fans de F1 que la stratégie ce n?est pas seulement un truc qui se décide en briefing et que le pilote applique en course, faisant ainsi que le déroulement et le résultat de la course serait écrit avant même que la course ne débute. La stratégie, c?est aussi quelque chose qui se fait à chaud, avec des paramètres très nombreux et pas tous contrôlables et que ça inclut donc une part de risque beaucoup plus grande. Malheureusement, on juge à froid, des décisions qui sont prises à chaud, en se référant à la sacro-sainte vérité du résultat.
Rappelons tout de même que Ferrari, avec cette stratégie, visait la victoire alors que chez Red Bull, on ne pouvait prétendre à mieux que la deuxième place : soit on ne s?arrête pas, on reste derrière Alonso et on n?a de chance de gagner que s?il arrive un problème à l?Espagnol, soit on s?arrête après Hamilton et au final, on ne peut jouer que la deuxième place et on n?a de chance de gagner que s?il arrive un problème à l?Anglais. C?est-à-dire que Red Bull ne pouvait pas prétendre à mieux qu?une deuxième place et pour y arriver, ils ont préféré prendre une voix plus risquer (celle d?Alonso) que sûre (celle d?Hamilton). Ferrari, elle, jouait la deuxième place en s?arrêtant une deuxième place et s?exposait même à retomber à la troisième place en cas de stratégie à un arrêt payante pour Vettel, tandis que la victoire s?offrait éventuellement à Alonso s?il restait en piste : dans son cas, il y avait donc vraiment de quoi prendre un risque. Finalement donc, je regrette un peu d?avoir mis Alonso derrière Vettel.
Si Ferrari visait la victoire, il n'y avait effectivement que cette stratégie à 1 arrêt pour le faire, puisqu'un 2e stop aurait relégué Alonso derrière Hamilton. Cependant, on peut critiquer l'objectif de Ferrari. Comment vouloir à tout prix la victoire quand Hamilton a montré qu'il était plus fort et que sa stratégie était meilleure ? Faire un arrêt, quand on a une Lotus ou une Sauber, d'accord. Quand on a une McLaren, Ferrari ou RBR, ce n'est pas possible. Et cela, on le sait depuis le début de saison. Le paramètre Vettel n'aurait pas dû être pris en compte pour la victoire, mais c'est une erreur de vouloir à tout prix la gagne dans un saison aussi serrée que 2012. Donc, à partir du moment où Vettel rentre, Alonso doit rentrer le tour suivant. Et, sauf incident aux stands, il repartait devant Vettel puisqu'il avait la marge, et que la 1ère salve de pits-stop a montré qu'Alonso pouvait reprendre du temps à Vettel en stoppant plus tard (caractéristique du circuit de Montréal).
Mais je persiste de mon côté, pour moi la stratégie de Ferrari était caduque dès qu'on avait vu que Hamilton était, quoiqu'il arrive, bien plus rapide et reviendrait à coup sûr, c'est à dire dès le premier tour de sortie des stands.
Le fait que Vettel soit derrière motive le fait de ne pas rentrer immédiatement après Hamilton, mais absolument pas le fait de rester en piste avec une stratégie bancale, puisque Vettel sera de toute façon battu lui aussi, qu'il rentre ou pas. Ferrari et Red Bull commettent une erreur de jugement, pour moi. Et je dis ça en me plaçant au 53ème tour, c'est à dire celui où Lewis à peine sorti colle 2sec à Alonso et Vettel.
Encore une fois, je dis pas qu'il était pas tentable ce pari, mais le problème c'est qu'au bout de 2 tours, tout le monde voit bien que jouer la victoire sera impossible face à Hamilton. Dans ce cas, pourquoi ne pas assurer le podium, surtout qu'on sait que certains pilotes (les Sauber puisque c'est leur habitude) sont sur une stratégie à un arrêt ? Si c'est pour la beauté du geste, c'est beau, mais mourir avec ses idées c'est toujours mourir.
Red Bull a été plus pragmatique que Ferrari sur la fin en acceptant le fait que le pari était perdant et en décidant d'y remédier [tard].
Dans ce cas, si tu avais bien écouté le SAV, tu aurais entendu que j'ai été le premier à regretter l'entêtement de Ferrari, ce qui t'aurais évité de prêcher un convaincu.
Mais ne critiquons pas que Ferrari. Même si Red Bull arrive à sauver les meubles et prends une bonne décision, sa stratégie doit soulever autant de questions. L'entêtement de Ferrari est peut-être aussi dû à la situation de l'écurie depuis le début de saison qui a beaucoup joué sur la défensive et qui, un peu comme Icare, s'est sentie pousser des ailes : Ferrari n'a pas encore la même assurance que Red Bull. Je l'ai dis dans l'émission, moi, je me serais arrêté, maintenant, plutôt que de dire ce qu'aurait dû faire Ferrari, je préfère m'intéresser au pourquoi de leur entêtement, parce que c'est comme ça qu'on retient les leçons du passé. Tu le dis très bien : Ferrari n'a pas été pragmatique ! Ce qui m'intéresse maintenant, c'est pourquoi ils n'ont pas été pragmatiques alors qu'on attend d'une écurie de son standing qu'elle le soit ?
Ce qui intéressant cette saison c'est justement de voir les écuries commettre ce genre d'erreur, que ce soit au niveau de la stratégie chez Ferrari et Red Bull ou bien au niveau des arrêts chez McLaren. J'aime l'idée que les écuries ne se contentent pas de subir l'imprévisibilité, mais qu'elles en sont aussi des actrices. Ce que j'ai récompensé avec mon classement, c'est l'ambition qu'il y a derrière : j'aime voir des équipes se planter de leur propre faute.
Je pense que la critique se doit aussi d'être constructive. J'ai travaillé et travaille encore avec des enfants et quand un enfant fait une erreur, si je me contente de lui dire : "Mais voyons, il fallait faire ça !", ça n'empêchera pas le gamin de refaire l'erreur. Il faut avant tout que je comprenne et que je lui explique pourquoi il fait l'erreur plutôt que de lui donner la solution. Dans le cas de Ferrari, c'est facile de dire qu'ils auraient dû faire un deuxième arrêt. Le fait est qu'ils ne l'ont pas fait et que pour en tirer les leçons, il faut s'efforcer de comprendre pourquoi ils ne l'ont pas fait. Tout le monde est unanime sur ce que Ferrari a mal fait, mais personne ne se demande pourquoi ils ont mal fait.
Ce qui peut l'être, en revanche, ce sont les stratégies et les suites de ces stratégies, et dans ce cas, je suis comme toi : j'essaie de comprendre l'entêtement de la Scuderia (et, dans une moindre mesure, de Red Bull), en me replaçant dans le contexte.
On ne peut pas dire, d'un côté, nous jouons la victoire et, de l'autre, ne rien faire quand on s'aperçoit qu'on ne l'obtiendra jamais avec une stratégie et que, pire, on peut perdre le podium.
L'hypothèse la plus probable, malheureusement c'est pas tellement nouveau, et tu l'as dis dans le SAV, c'est qu'en effet la Scuderia a peut-être trop regardé Red Bull qui a elle-même trop regardé la Scuderia.
Mais si c'est ça - j'avoue que j'en doute, mais bon - ce n'est pas la première fois que Ferrari commet l'erreur de se focaliser sur un adversaire et d'en oublier les autres. C'était la même chose à Abu Dhabi 2010 : on se focalise sur Webber. Manque de chance : des pilotes ont choisi une stratégie différente et on repart derrière. Résultat : titre perdu.
Après, je ne veux pas tirer à boulet rouge sur Ferrari, à vrai dire tu imagines bien que cette stratégie n'a pas été pour me déplaire, mais j'étais un peu consterné, aussi bien par ce qui se passait en piste pour Alonso et Vettel, alors qu'une telle prise de risque était, à mon avis, bien inutile. Que Grosjean ou Pérez prennent des risques, OK, ils ne jouent pas le titre et pas vraiment la victoire, mais que Ferrari et Red Bull le fassent, pour moi c'est un peu idiot.
Dans une émission précédente, tu commençais à parler des pilotes qui "géraient déja", qui jouaient les "épiciers". Je t'avoue qu'en entendant ça, je me suis un peu énervé parce que, tout comme la F1 ce n'est pas que de l'attaque mais aussi de la défense, la F1 ce n'est pas que des succès ou des gros points mais c'est aussi accepter que dans certains cas, le mieux que l'on puisse obtenir ce sont les points intermédiaires. Et Ferrari, sur ce coup, qui s'était admirablement sortie d'un début de saison difficile en sauvant justement des points intermédiaires, prend un risque déraisonnable pour aller chercher une victoire plus qu'hypothétique alors qu'elle pouvait marquer de gros points. Je trouve ça un peu dommage.
Ensuite, je n?ai jamais dis que Ferrari s?est focalisé sur Red Bull, mais quand Ferrari ne décide pas de rentrer, suivie par Red Bull et qu?il devient évident que le pari est perdu, Ferrari doit revoir ses objectifs et une fois l?objectif de devancer Hamilton est devenu caduque, Ferrari s?est recentré sur son objectif qui était de rester devant Vettel. Contrairement à Ferrari, Red Bull pouvait agir, tour après tour, en sachant ce que faisait Ferrari, là où pour Ferrari, parce qu?Alonso était devant Vettel, il y avait quoiqu?il arrive un délai d?un tour.
J?ai clairement dit pendant l?émission que j?ai bien placé Alonso et Vettel parce qu?ils ont répondu aux craintes que j?avais exprimé à Monaco. D?ailleurs, encore une fois, ne me fais pas dire ce que je n?ai pas dit. Je n?ai jamais dis que les pilotes ne devaient pas assurer, mais que je craignais que les pilotes ne commencent à assurer. Je suis désolé, mais je trouve un peu prématuré de jouer les épiciers au mois de juin. Dans un championnat aussi serré que celui-ci, certes il ne faut pas perdre de points, mais il faut aussi saisir les opportunités qui peuvent se présenter de faire la différence. A Monaco, j?ai trouvé que Ferrari et dans une moindre mesure Red Bull, avaient un peu manqué d?ambition, que de meilleurs résultats étaient peut-être à leur portée. Là, s?ils n?avaient pas pris de risque en stratégie, j?aurais eu l?impression qu?ils n?avaient pas tout tenté. La victoire reste quand même très importante. Ca n?était certainement pas la bonne stratégie, il y avait sans doute mieux à faire, mais en tout cas ils m?ont rassuré sur le fait qu?ils n?avaient pas l?intention de tout miser sur la régularité. Et encore une fois, dans ton dernier paragraphe, tu fais un reproche à Ferrari que tu ne fais pas à Red Bull. Certes, RBR a sauvé les meubles, mais leur stratégie était tout aussi foireuse que celle de Ferrari.
De plus, ma remarque sur le fait que les pilotes « gèrent déjà » les courses, se situait, de mémoire, dans le cadre de l?intérêt des courses. Pour l?intérêt des courses, je craignais que les pilotes et écuries ne gèrent un peu trop. Si la fin du GP du Canada a été aussi excitante, c?est aussi parce que Ferrari et Red Bull prennent ce pari, sans quoi, la fin de course n?a pas le même intérêt.
Comme je l?ai dis dans l?émission, si le classement du SAV consiste à mettre les pilotes dans l?ordre logique du déroulement de la course, je ne vois vraiment pas pourquoi on s?embête : autant reprendre le classement de la course.
Après, tu dis que tu peux comprendre l'entêtement de Ferrari. C'est bien là mon problème : moi je ne le comprends pas. Pour les raisons que j'ai donné.
Ton raisonnement sur le fait que Ferrari ne pouvait pas agir me conforte dans mon idée que Ferrari a oublié les autres concurrents. A mon sens c'est une erreur. Tu parles d'un délai de un tour si Alonso ne rentre pas et que Vettel rentre, mais si Ferrari décide de s'arrêter d'abord, donc de prendre l'initiative, ce problème est gommé : tout le monde s'arrête en même temps et la position se règle en piste. Tu vas me dire que c'est pas si simple, mais c'était, me semble-t-il, plus simple que de perdre autant de temps sans rien faire...
D'autant qu'au final, tu termines non seulement avec Vettel devant toi, mais avec deux pilotes en plus. Ce qui ne serait pas arrivé, même si tu t'étais arrêté après Vettel.
Concernant les pilotes épiciers, tu me fais un procès d'intention, j'ai pas dit que tu avais dis que c'était pas bien de gérer, je dis juste que tu en as parlé. Mais là encore, tu enchaînes par un jugement de valeur : tu estimes que gérer dès juin c'est trop tôt, moi j'estime que gérer et jouer les points intermédiaires c'est sur toute une saison que ça se fait, pas seulement en septembre.
D'ailleurs, je constate que tu te sers de ces stratégies pour dire que la course a été excitante et donc que c'est bien pour le spectacle. Rien ne te dit qu'elle ne l'aurait pas été si tout les pilotes étaient restées sur la même stratégie.
Et puis, il faut voir de quoi on parle : dans le genre spectacle artificiel, la course pose là. Des pilotes qui roulent 4 secondes moins vite que d'autres, on peut appeler ça du spectacle, j'appelle ça une boucherie. Il n'y avait aucune lutte, tout simplement parce que c'était impossible. Le seul intéret des dix derniers tours était de savoir où Alonso et Vettel se feraient déposer par Grosjean et Pérez. Super. Hamilton est en roue libre toute la fin de course, bref, peut-être que si moins de paris avaient été tentés, Hamilton aurait dû cravacher.
Pour le dernier paragraphe où je parle de Ferrari, je spécifie bien pourquoi je parle de Ferrari : parce qu'ils sont dans une position un peu différente des autres car revenant de loin cette saison. J'avoue que ça renforce mon sentiment d'incompréhension face à cette stratégie.
Mais là tu me fais de nouveau un procès : dans le reste de mon raisonnement j'englobe Red Bull aussi, donc faire remarquer l'unique paragraphe où je n'en parle pas, parce qu'il est destiné à la situation de Ferrari, c'est un peu fort de café.
Sinon, chacun fait son classement comme il l'entend, je n'ai pas jugé le tien. J'expose seulement mon point de vue sur les points soulevés, pas sur ta manière de construire ton classement.
Ensuite, tu dis que Ferrari aurait très bien pu rentrer, mais comme je l?ai dit dans un précédent commentaire, rien ne leur assurait que Red Bull suivrait. Encore une fois, tu juges la stratégie en connaissant la suite, mais Ferrari n?est pas certaine que si elle fait rentrer Alonso, Red Bull en fera de même avec Vettel, surtout que par le passé, Vettel et Red Bull ont parfois montré qu?ils n?hésitaient pas à rester en piste (Monaco 2011) et que lors des essais libres, l?Allemand avait beaucoup travaillé sur les longs relais. Pour moi, tu ne comprends pas la stratégie de Ferrari parce que tu pars du principe qu?il n?y a qu?une vérité et tu juges les faits en connaissant la fin de l?histoire. Encore une fois, je ne suis pas en train de dire que Red Bull et Ferrari ont pris de bonnes décisions, mais simplement que la décision n?était pas aussi facile à prendre à chaud que ce que le laisse entendre vos commentaires.
Concernant la gestion, si je ne me trompe pas, tu as bien dit que mon opinion t?avais « énervé » ? Tu ajoutes derrière que la F1 ce n?est pas que des succès, comme si j?avais dis cela. Maintenant, oui, pour moi, gérer si tôt dans la saison, quand un meilleur résultat est envisageable, ça m?embête. Quand je lis ton commentaire, tu oses me dire à moi que la F1 ce n?est pas que l?attaque, mais aussi de la défense. Décidemment, je pensais que tu me connaissais un peu mieux que ça, d?ailleurs je crois que tous les auditeurs du SAV savent depuis le temps à quel point je suis un adepte de la défense. Tu m?opposes des arguments dont tu sais très bien que je les partages avec toi et résultat, tu caricatures ma position.
D?ailleurs, tiens, un autre exemple. Je dis dans mon précédent commentaire que mes craintes quant à la gestion des pilotes se situaient dans le cadre de « l?intérêt des courses » et toi, tu me réponds en me parlant de spectacle. Encore un raccourci et une belle interprétation de mes propos : c?est toi qui limite l?intérêt des courses au spectacle. Quand je parle d?intérêt, c?est plutôt de l?ordre du suspens. Là, qui fait un procès d?intention à l?autre ? Tu connais pourtant ma position sur l?artificialité des courses, comme je crois 100% des auditeurs du SAV qui connaissent notamment mon aversion pour le DRS. Et c?est dommage que tu interprète mal mes commentaires, parce que dans le fond, ce que tu dis est intéressant. Si Alonso et Vettel rentrent, ils peuvent peut-être mettre la pression à Lewis Hamilton avec des pneus frais, mais dans ce cas, pourquoi ne le font-ils pas ? S?ils décident de rester en piste, c?est que fondamentalement, ils ne croient pas la victoire possible autrement. Mon explication serait la suivante : Hamilton s?arrête au 17ème tour et Alonso au 19ème. Naturellement, quand Hamilton s?arrête au 50ème tour, Alonso aurait pu s?engouffrer à son tour dans la voie des stands mais il vient de faire des bons temps, de remonter sur Hamilton et pense sans doute pouvoir faire encore un ou deux tours derrière, comme ce fut le cas lors du premier arrêt, pour gagner du temps et peut-être une position. Sauf que l?Espagnol n?en gagne pas et en perd plutôt. Hamilton claque en effet des temps canons d?entrée de jeu, avec le meilleur tour au 52ème tour et au 53ème, il est déjà revenu à 13 secondes d?Alonso. Très rapidement, la stratégie à deux arrêts ne permet donc plus à Ferrari de jouer la victoire puisqu?en comptant un arrêt de 21 secondes, il serait ressorti 8 secondes derrière Hamilton en s?arrêtant au 53ème tour. L?erreur de Ferrari, c?est qu?ils veulent jouer la victoire. Le fait qu?ils veuillent jouer la victoire, après leur début de saison, ça se comprend, alors même que ça échappe aux principes affichés depuis le début de saison. C?est une erreur, qu?ils ont d?ailleurs déjà commis avec la conception de la F2012 en étant trop offensifs. Ferrari, c?est leur sale habitude : soit ils sont trop défensifs, soit trop offentifs. Je suis tout à fait d?accord qu?ils auraient dû s?arrêter pour sauver ce qui pouvait encore l?être à savoir le podium. Selon moi, un arrêt entre le 55ème et le 60ème tour le leur aurait permis.
Maintenant, du côté de chez Vettel, au moment où Hamilton rentre, on a déjà fait plus de tours que lui avec les mêmes pneus, parce que l?Allemand s?est arrêté un tour avant le Britannique. Lui aussi aurait pu emboîter le pas à Hamilton pour faire un deuxième arrêt, mais il ne l?a pas fait. Pourquoi ? Sans doute parce qu?il estimait, comme Alonso, que ses pneus pouvaient encore tenir quelques tours.
Alors, tu te concentres principalement sur Ferrari parce que Red Bull a renoncé à sa stratégie : reconnais que même si tu englobes Red Bull dans ton raisonnement, tu fais quand même un cas particulier de Ferrari?. A tort, selon moi ! J?étais complètement d?accord avec toi et je le suis encore sur le fait que Red Bull a pris la meilleure décision en renonçant à sa stratégie, mais est-ce pour autant que ça la rend plus sage que Ferrari ? Avec le recul et un peu de réflexion, je constate que Vettel avait moins de raisons d?opter pour cette stratégie à un seul arrêt qu?Alonso (cf. ci-dessus). De plus, certes il revient sur sa stratégie, mais rentre aux stands au 64ème tour, alors qu?Hamilton l?a déjà dépassé. Le reproche que l?on fait à Ferrari et Red Bull, c?est que la cause était entendue dès les premiers tours du relais d?Hamilton, alors Red Bull aurait pu encore faire mieux en s?arrêtant plus tôt. Quand Vettel s?arrête, c?est déjà trop tard, il n?est déjà plus en train de jouer qu?une place au pied du podium. Au tour 60, Hamilton est déjà à deux secondes de Vettel, donc l?Allemand aurait pu décider de rentrer aux stands à ce moment là, alors qu?il savait pertinemment que chaque tour en plus lui coûtait des secondes à la pelle. Donc, oui, Vettel a eu le mérite de renoncer à sa stratégie mais pour sauver une 4ème place, je ne suis pas sûr que ça mérite vraiment qu?on soit plus tendres envers eux qu?envers Ferrari parce que pour sauver le podium, ce n?est pas au 64ème tour qu?on s?arrête. S?il s?agissait de sauver les points de la 4ème place, c?était bien vu, mais je n?appelle pas ça des gros points. Vettel n?a sauvé que deux points de plus qu?Alonso : avec le recul, j?avais tort d?appeler ça de la sagesse.
Maintenant, concernant le choix de Ferrari au regard de sa situation, je crois qu?on n?est tout les deux sur des interprétations différentes. Toi, tu estime que parce qu?ils ont eu un début de saison difficile, ils doivent miser sur leur régularité et prendre les points intermédiaires. Je partage cette opinion, c?est une recette qui leur a réussi jusqu?à maintenant et s?ils l?avaient appliqués à Montréal, elle aurait encore fonctionné. Maintenant, moi j?ai une autre interprétation, qui vient peut-être expliquer leur choix et qui consiste à dire qu?après un début de saison difficile, où ils ont dû ronger leur frein, ils n?ont plus voulu continuer et se sont précipité sur la victoire quand elle était virtuellement à leur portée, prenant, il est vrai, de très gros risques. Ferrari c?est un peu comme un sportif qui, après une blessure, veut trop vite reprendre la compétition. Ferrari s?est sentie forte à Montréal et à voulu croire la victoire possible. A Montréal, la raison n?a pas parlé chez Ferrari. C?est ça qui me fait davantage comprendre le risque pris par Ferrari que celui pris par Red Bull.
Pour le reste, j'ai été énervé par le fait que tu évoques déjà les épiciers, je n'ai pas dit que tu avais stigmatisé ce comportement. Il se trouve que tu as livré ta position par la suite, à laquelle j'ai réagi.
D'ailleurs, je te connais suffisamment pour justement savoir que tu aimes les belles défenses ! Ne t'inquiète pas pour cela. Je prenais justement cet exemple pour soutenir ma position : évidemment que le plus visible, ce sont les victoires, mais les titres de champion du monde ont deux facettes, celle des succès et celle des points intermédiaires, et ils se glanent tout au long de la saison. Je ne te caricaturais pas, ca m'embête que tu ais pensé ça !
Sinon sur le fait que j'ai lié intérêt de la course et spectacle, je t'avoue que je suis un peu désarçonné. J'ai décidément un gros problème d'interprétation et de retranscription de mes propos. Le spectacle dont je parle, c'est plus ou moins le suspens dont tu parles. D'ailleurs, je dis : "Le seul intérêt des dix derniers tours était de savoir où Alonso et Vettel se feraient déposer par Grosjean et Pérez". Voila le suspens auquel nous avons eu droit. Ce n'est quand même pas le meilleur des suspens, tu en conviendras.
Enfin, concernant la traitement différencié de Ferrari et de Red Bull, pour ma part je pense avoir suffisamment démontré que je liais les deux jusqu'à un certain point. Ensuite, je fais une différence parce 1. Red Bull a réagi en changeant de stratégie, ce qui leur a permis de regagner une place, 2. Ferrari a connu un début de saison très délicat.