L'introduction de la F1 en Bourse est une idée qui revient avec insistance depuis le milieu des années 1990 sans qu'elle se soit concrétisée. Cette fois-ci, la principale différence est que son principal actionnaire est un fonds d'investissements, CVC Capital, présent au capital depuis 2005.
Bernie Ecclestone a donc confirmé au quotidien britannique The Telegraph que la décision finale avait été prise : « Nous sommes mis d'accord pour le faire. Cela va se faire cette année. CVC travaille dessus et met tout en place pour que cela se fasse. »
Des conditions plus favorables
Or le mode de fonctionnement d'un fonds d'investissements est précisément d'entrer et sortir d'une société dans un délai de cinq à six ans afin de maximiser sa plus-value et la rotation de ses capitaux. S'il avait décidé de renoncer à son projet au cours de l'été 2012, la principale raison était que le procès Gehrard Gribkowsky battait son plein, ce qui faisait planer d'importants doutes sur l'avenir de la F1. Maintenant que l'ancien banquier est condamné à huit ans et demi de prison pour avoir accepter un versement de 44 millions de dollars de la part de Bernie Ecclestone la situation est quelque plus favorable, même si CVC et le grand argentier sont encore sous le coup d'une plainte aux Etats-Unis.
Les conditions sur les marchés financiers sont également davantage porteuses puisqu'ils ont progressé entre 10 et 15% cette année. La raison de cette embellie est la diminution des craintes quant à une explosion de la zone Euro par rapport à la situation de juin dernier. A l'époque, c'est cette crainte généralisée qui avait été mise en avant par CVC pour justifier le retrait de son projet.
Deux banques mandatées
Le fonds d'investissement a donc mandaté deux banques, UBS et J.P. Morgan, pour effectuer un nouveau roadshow auprès des investisseurs institutionnels qui peuvent être intéressés par l'acquisition d'actions de la F1. Il est à noter que Goldman Sachs ne fait désormais plus partie du pool bancaire chargé de l'opération. En effet, la banque américaine avait été mandaté par News Corp lors de la tentative de rachat de la F1. Le conglomérat des médias, après des tentatives d'association avec Carlos Slim, puis avec Fiat, avait ainsi tenté de forcer CVC à vendre ses parts en formant une coalition des écuries et des circuits menaçant de se retirer. Après l'échec d'une telle stratégie, CVC a donc logiquement écarté Goldman Sachs du nouveau processus.
Quant à la présence d'UBS, elle est logique de par les liens qui unissent la F1 et la banque. En effet, UBS est l'un des sponsors officiels du sport depuis l'été 2010, ce qui lui permet d'afficher son logo sur les circuits du monde entier. Elle est également sponsor-titre du Grand Prix de Chine, ce qui maximise encore sa visibilité. Mais le gros intérêt pour CVC Capital est que malgré son nom, Union des Banques Suisses, UBS est détenue à hauteur de 6,4% par le gouvernement de Singapour. Or le fonds d'investissement prévoit d'introduire la Formule Un à la Bourse de la Cité-Etat puisque les obligations de transparence y sont moins contraignantes que dans d'autres places de marché.
Une répartition différente des récompenses aux écuries
Une des grosses différences par rapport aux mois précédents concerne les accords commerciaux passés avec les écuries. Williams a ainsi révélé avoir touché 9,4 millions de livres sterling pour garantir sa présence entre 2013 et 2020. Mais les grosses écuries sont parvenues à négocier des conditions encore plus avantageuses. Ainsi on peut noter que la plus ancienne des écuries, Ferrari, est parvenue à négocier un bonus d'ancienneté de près de 120 millions d'euros garantis.
Mais Bernie Ecclestone a profité de la faillite de HRT à l'issue de la saison 2012 pour durcir les conditions des écuries en queue de peloton. Ainsi la onzième écurie ne bénéficiera désormais plus d'un versement forfaitaire de 10 millions de dollars, négocié à l'époque de l'entrée des trois nouvelles écuries. Le grand argentier de la F1 a donc confirmé qu'il ne disposait pas d'un accord avec Marussia, onzième lors de la saison passée : « Ils n'ont pas d'accord commercial parce qu'ils ne sont pas dans le top 10. Nous payons le top 10 et c'est tout. Pendant trois ans, nous avons fait quelque chose de différent parce que nous avions un accord avec Max (Mosley) mais à partir de maintenant, nous allons payer le top 10 et c'est tout. »
L'ensemble de ces accords permet donc à CVC Capital de présenter des perspectives stables d'évolution du chiffre d'affaires (les fonds versés par les circuits et sponsors) et des dépenses (les fonds versés aux écuries sont ses plus grosses dépenses), ce qui est de nature à rassurer les investisseurs. Néanmoins, le problème fondamental d'une introduction en Bourse est la nécessité de transparence exigée, avec la publication précise de comptes. Pour se retirer, CVC Capital pourrait donc finalement privilégier la vente directe à d'autres fonds d'investissements, comme cela a pu être le cas depuis l'an passé.
Avec la participation de www.Racingbusiness.fr
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