F1. Un pilote à l’ancienne, qui n’a pas la langue dans sa poche. Oui, Mark Webber était (puisqu’il faut maintenant employer le passé) un pilote de Formule 1 que le public appréciait pour toutes ces raisons-là. Mais il était aussi diablement rapide. Il l'était moins que Sebastian Vettel, mais il a joué le titre de champion jusqu’à l’ultime round en 2010. Tout ne monde ne l’a pas fait.
Hommage appuyé donc à un grand pilote qui s’envole vers d’autres horizons qu’une Formule 1 qu’il ne reconnaissait plus. Lui, l’attaquant généreux ne pouvait se contenter des courses d’attentes que nous offre la discipline ces derniers mois. Las de devoir ralentir un tour sur trois pour préserver ses pneus, Mark s’est tourné de manière paradoxale vers le championnat d’endurance. Il participera donc avec Porsche aux 24h du Mans en 2014 qu’il avait déjà fréquentées de manière spectaculaire à la fin des années 90, avec un terrible accident lors du warm-up en 1999.
Il met également un pas en dehors de la politique et de la polémique très présentes en Formule 1 et qui ne sied guère aux pilotes forts en gueule comme l’Australien. Il laisse de côté aussi l’environnement pas toujours favorable de Red Bull, surtout depuis que le jeune Vettel en a fait son jardin. Même si l’Australien est arrivé plus tôt au sein de l’équipe, en 2007, les succès à répétition de l’Allemand ont poussé gentiment l’« Aussie Grit » vers le rôle de second pilote. En se retirant de la Formule 1, il s’éloigne enfin de Sebastian Vettel, son meilleur ennemi, son plus grand rival mais aussi son Graal inaccessible qui l’aura sûrement privé de sa plus belle chance de titre en 2010. Que ce serait-il passé ensuite si Mark Webber avait remporté le titre à la place de Vettel cette année là ? On ne peut pas refaire l’histoire, mais l’Australien aurait pu être le premier champion Red Bull. Son statut aurait été bien différent. Sa rivalité avec Vettel aurait été décuplée.
Leur animosité remonte pourtant à longtemps. Au Grand Prix du Japon 2007 plus précisément. Là ou le jeune et fougueux Vettel, alors sur Toro Rosso, a percuté son ainé sur Red Bull, alors deuxième et prétendant à la victoire dans le déluge du Mont Fuji. Leur deuxième accrochage, en 2010, en Turquie, enfoncera un peu plus la véritable haine que se portent les deux hommes. Elle sera confirmée cette année en Malaisie avec la fameuse péripétie du « Multi 21 » qui annihilera la saison et le moral de Webber. Ce dernier a eu beau déclarer après son ultime course au Brésil qu’il avait toujours respecté professionnellement son équipier quadruple champion du monde, mais il est difficile de ne pas penser l’inverse…
Comment en vouloir à Webber finalement de quitter la Formule 1 ? Il a eu pendant quatre ans la meilleure voiture du plateau et il n’a jamais réussi à remporter le titre. Son malheur finalement aura été de tomber sur le pilote le plus doué de sa génération. Un malheur partagé par tant d’autres pilotes dans l’histoire de la Formule 1, qui auront croisé Juan Manuel Fangio, Ayrton Senna ou encore Michael Schumacher.