Jordan conseille à Sauber de vendre son équipe de F1, Alesi lui déconseille
F1. En proie à des difficultés depuis le début de la saison 2014 de Formule 1, l'écurie Sauber fait parler d'elle. En effet, Eddie Jordan - ancien patron d'équipe - conseille à Peter Sauber d'arrêter les frais et de prendre une retraite bien méritée à 70 ans. Jean Alesi, ancien pilote de l'écurie, estime quant à lui qu'il doit poursuivre sa passion qui dure depuis plus de deux décennies.
L'écurie Sauber F1 vit un début de saison difficile ponctuée, pour le moment, par un zéro pointé en termes de points en 6 Grands Prix ;la structure d'Hinwill a notamment vu lui passer devant l'écurie Marussia grâce aux deux points inscrits par Jules Bianchi à Monaco.
Eddie Jordan, ancien patron de l'écurie Jordan Grand Prix revendue en 2005 et devenue aujourd'hui Sahara Force India, estime que Peter Sauber - le patron de l'écurie helvète grâce à ses 66.6% de parts - devrait songer à vendre son équipe pour passer des moments plus détendus.
« Sauber est dans la plus grande crise jamais connue, mais je l'ai [Peter Sauber, ndlr] toujours soutenu. Parce qu'il est l'une des personnes les plus honnêtes du paddock. Mais il est clair qu'ils ont atteint un point où ils ne peuvent continuer ainsi. Avant que les dommages ne soient encore plus sévères, la meilleure solution serait d'arrêter et de vendre l'équipe, » a ainsi confié Eddie Jordan au magazine suisse Blick. L'Irlandais a également ajouté que vendre son équipe « avait été la meilleure décision de sa carrière », ajoutant qu'il avait « apprécié chaque jour de sa vie depuis ».
Les déclarations d'Eddie Jordan n'ont pas tardé à faire réagir. Jean Alesi, ancien pilote Sauber en 1998 et 1999 et Jordan en 2001, estime quant à lui que Peter Sauber doit ignorer les conseils du désormais consultant pour la télé britannique et poursuivre en Formule 1. « Je ne pense pas que Peter Sauber ait besoin de conseils. Mais je pense que pour Eddie Jordan, la Formule 1 était un business, mais pour Sauber, c'est une passion. Et vous ne pouvez pas juste partir après plus de vingt ans. Donc je pense qu'il a besoin de continuer à aller de l'avant, » a confié le Français à Blick
Si la C33 n'est pas forcément bien née, elle a prouvé qu'elle pouvait être performante lors de certaines courses et Alesi estime que le problème se situe plutôt derrière le volant : « Chaque équipe qui doit s'associer à des pilotes payants pour des raisons financières peut avoir de sérieux problèmes. Peter a besoin de trouver le bon équilibre, parce qu'en 2013, il y avait encore de bons résultats lorsque [Nico] Hülkenberg pilotait. »
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La situation de Sauber est à mettre en parallèle avec Williams l'an passé. Les deux hommes sont de la même trempe. Peter Sauber n'a besoin de personne pour prendre une décision. Sa situation n'est pas désespérée car sa marge sur Caterham sera suffisante sur la longueur d'une saison et repasser devant Marussia, dotée du même propulseur en grignotant des 9e et 10e places est a priori jouable. Encore faut-il finir les courses.
Bonjour,
Ce que je trouve le plus marquant dans les déclarations de Jean Alesi, c'est cette phrase :
"Chaque équipe qui doit s'associer à des pilotes payants pour des raisons financières peut avoir de sérieux problèmes. Peter a besoin de trouver le bon équilibre, parce qu'en 2013, il y avait encore de bons résultats lorsque [Nico] Hülkenberg pilotait."
- Vous connaissez mes réticences vis-à-vis du duo Guttierez / Sutil, que j'affichais dès la 1e session d'essais privés à Jerez. Elles ne se sont pas atténuées avec le GP de Monaco : sur l'ensemble de la saison, le calcul consistant à récupérer l'argent des sponsors des pilotes payants pourrait être plus pénalisant que celui consistant à miser sur un pilote talentueux sans dot capable de ramener un point dès que l'occasion se présente. Ce serait triste que ça tombe sur Sauber, mais dans l'absolu, cette situation ne serait pas pour me déplaire.
Si par la même occasion, on pouvait voir disparaître le triste Cyril Abitboul (team manager de Caterham), qui annonçait sans complexe en fin d'année dernière qu'un pilote non payant n'était plus le bienvenu en F1... on a pu voir le "talent" d'Ericsson à Monaco, qui ruine le we de Massa sur une erreur débile en Q1, de Chilton qui ruine la course de Räikkönen sous régime de SC (!), et je ne parle même pas du festival Maldonado depuis le début de la saison, là où Grosjean met brillamment en valeur la progression de sa Lotus.
Que les équipes soient coincées au niveau financier, au point d'être contraintes à prendre des pilotes payants, c'est une réalité que je ne nie pas. Mais quand l'on souhaite banaliser et institutionnaliser cette situation comme s'en gargarisait le triste sire Abitboul, le retour de boomerang en plein dans le pif ne serait que justice :)
Vous faites le distinguo entre Maldonado et Grosjean mais ce dernier dispose aussi de sponsors.
Ce que dit Alesi, c'est qu'il est bon d'avoir dans ses rangs au moins un pilote à la pointe de vitesse réputée. Il faut le trouver. Cette saison, Sauber a préféré jouer la sécurité avec un pilote expérimenté (Sutil) et un qui connaît la maison (Gutierrez) pour passer le cap de la nouvelle F1. Ce qu'Alesi ne dit pas - et on comprend pourquoi -, c'est que le propulseur Ferrari n'est pas le meilleur. Vu son brio dans l'écurie éponyme, on comprend combien cela peut s'avérer difficile pour ses clients.
Les "erreurs" en course ne sont pas l'apanage des débutants. J'ai le vague souvenir d'un grand prix où les deux Ferrari sortirent de la route au cours du tour d'installation - sous la pluie - et abandonnèrent d'entrée. Les pilotes étaient Jean Alesi et Alain Prost.
L'idéal pour moi serait que Sauber continue et change de motoriste quand ce sera possible. Mais d'ici-là ...
Vous jouez sur les mots :)
Même si la définition n'est pas explicite, tout un chacun peut deviner ce qui se trame derrière le terme "pilote payant", qui est un euphémisme de "pilote devant plus sa place à son apport financier qu'à son talent et son mérite derrière un volant".
Alonso est fortement soutenu par la banque Santander (ce qui doit plaire aux petits entrepreneurs espagnols qui mouillent leur chemise et qui se voient refuser leurs demandes de crédit, bref...), mais ça ne viendrait à l'idée de personne de le mettre dans la catégorie des "pilotes payants", sauf mauvaise foi.
Vous citez Grosjean et Maldonado, le distinguo est pourtant assez limpide : la direction de Lotus souhaitait Grosjean et Hülkenberg pour cette saison. Suite à la dissipation du mirage Quantum, elle s'est tournée vers Maldonado... pour survivre, tout simplement. Soyons clairs, le seul attrait du Vénézuélien est son soutien financier, et il ne peut prétendre à un baquet que dans une écurie en difficulté financière, en aucun cas dans un top team en bonne santé. Si PDVSA lui fait défection, combien de temps pensez-vous qu'il restera en F1 ?
Quant à Chilton, ok il a terminé tous les GP, mais à quel rythme ? Quel est la plus-value sportive de ce garçon ?
Enfin Sutil... remercié par ForceIndia l'an dernier, en même temps que son coéquipier, alors qu'il était communément admis que l'idéal pour cette année de bouleversement technique était de garder au moins un pilote de l'année précédente, pour avoir un point de référence stable. Encore, s'il avait fait la place à un duo Hülkenberg / Räikkönen, on aurait pu dire ok, ce sont 2 monstres, normal qu'il ne soit pas conservé. Mais là, il est remplacé par Perez, qui ne fait pas vraiment partie des tops pilotes non plus. Donc il est remplacé pour raisons sportives, point.
Là-dessus, Sauber le récupère (avec son sponsor Medion, je crois), et réalise donc l'association d'un pilote en échec chez ForceIndia, avec un rookie qui s'est fait démonter à longueur d'année précédente, avec en prime un comportement en piste déplorable.
= Jean Alesi n'a pas tort, quelquepart il y a une justice. Pour rappel, Kobayashi, par exemple, était disponible. Barrichello et Villeneuve aussi :). Massa cherchait un volant désespérément, Hülkenberg réfléchissait où atterrir après la rupture de son pré-contrat avec Ferrari. Un jeune à la place de Guttierez ? Stoffel Vandoorne, Carlos Sainz Jr. J'en oublie certainement beaucoup. Je ne sais pas si Montoya dirait non à un retour en F1, aussi.
C'est pourquoi je récuse le terme dans ces circonstances, surtout en raison du mépris qu'il charrie. Et je réitère mon opinion qu'un pilote qui récuse ou échoue dans ce volet - difficile - de son métier a là un point faible.
Par contre, il trouve sa signification quand un pilote LOUE un volant ponctuellement, comme c'était courant aux 24 heures du Mans : Il n'était pas rare, il y a quelques années, de voir, dans la semaine, voire entre les deux séances d'essais des pilotes, attaché-case en main, négocier un volant, souvent payé par le sponsor qui le soutenait dans sa discipline habituelle.
Tous les pilotes sont payants, la publicité étant la clé. Elle finance le team ou certains pilotes ou les 2.
La seule exception est quand c'est la famille qui paye. C'est rare mais, au final, c'est aussi du sponsoring quelques part.
Puis vous avez les pilotes qui vous permettent d'attirer les sponsors comme Alonso avec Santander, dont le contrat avec Ferrari n'est pas lié à la présence d'Alonso, même si une fois celui parti il est fort probable que l'écurie doive trouver un autre sponsor.
Et enfin il y a les écuries qui elles attirent les sponsors indépendamment de leur pilote.
mais evidemment il n y a aucun rapport entre lui et un pilote payant ;)
Si Alonso quitte Ferrari il est possible que Santander ne soit plus sponsor de la scuderia fin 2017 mais il est possible qu'il continue.
Une fois n'est pas coutume, nous ne convergerons pas sur ce sujet :)
Je comprends votre argumentaire, basé sur le fait que tous les pilotes du plateau ont eu à un moment ou un autre un soutien financier.
De mon côté, il me semble avoir exposé clairement la différence entre Alonso, Räikkönen, Hamilton, Rosberg, Vettel, Hülkenberg, etc d'une part, et Maldonado, Ericsson, Chilton, Guttierez, etc d'autre part.
Les premiers correspondent à un véritable choix sportif de la part de leur équipe, les seconds correspondent à une contrainte économique qui étrangle leur équipe. Choix vs contrainte, tout est là à mon humble avis, parfaitement illustré par le feuilleton Lotus de fin 2013, que je citais précédemment : Hülkenberg était le choix sportif, Maldonado la réponse à une contrainte économique.
Amicalement :)
L'écart entre le talentueux et le besogneux se chiffre, au maximum, à 1" par tour (un peu plus en début de saison, souvent moins à la fin). Cette "seconde", elle vaut 10, 15 millions voire plus qui permettront peut-être de payer un ingénieur qui fera gagner 2" à la voiture.
Pour reprendre les noms que vous énoncez, il est aisé de relever les points forts et faibles d'un Hülkenberg, d'un Maldonado, d'un Ericsson ou d'un Chilton auquel j'ajoute le cas d'école Kovalainen qui explique tout.
Ce que je récuse, c'est le mépris qui accompagne les pilotes dont c'est l'entourage qui a été l'atout principal du recrutement par les moyens qu'il a générés. Il n'est pas improbable dans certains cas que ce recrutement ait sauvé l'équipe au pire d'une faillite, d'une médiocrité voire d'absence de développement mais aussi permis de financer un équipier plus efficace sportivement.
Hülkenberg n'a pas de gros soutiens. A qui la faute ? A ses équipiers ? A son team ? Pourquoi, alors qu'il dispose de qualités de pilote au-dessus de la moyenne ne parvient-il pas à convaincre de l'intérêt qui existe à miser sur lui ? Une fois encore, cela fait partie du métier. Comme je l'ai déjà dit, on n'obtient pas le baccalauréat avec une seule matière.
Ce n'est pas "à un moment ou à un autre" qu'il y a eu soutien financier, c'est TOUJOURS et depuis le début, soi-même, la famille, les mécènes et sponsors locaux, une construction méthodique jusqu'au plus haut possible. Des pilotes réputés talentueux qui ont abandonné - ou bifurqué - en cours de carrière sont majoritaires, leurs compétences en friche sont un gâchis, oui, mais ce n'est pas une raison pour jeter l'opprobre sur ceux qui ont atteint un but commun mais sans pitié.
Bonjour,
Encore une fois j'entends tout-à-fait votre argumentaire, qui est comme d'habitude très pertinent. Cependant je ne partage pas votre vision de la matière "recherche de sponsors", comme partie intégrante du bagage de pilote. On ne trouve pas un mécène à chaque coin de rue, et cela relève plus souvent d'opportunités ou de relations bien placées, plutôt que de la révélation d'un pur talent, comme cela a pu être le cas avec Hamilton & Ron Dennis par exemple.
J'espère, mais ceci n'engage que moi, voir un jour Hülkenberg accéder à un top team, par la seule force de son pilotage, de sa régularité et de sa fiabilité. Le voir évincé au profit d'un pilote qui a su rassembler plus de sponsors, mais moins performant sur la piste, serait un état de fait qui ne me plairait pas. J'espère que j'en ai le droit :)
Je vous souhaite, ainsi qu'à tous les membres du forum, un agréable we, et à très bientôt !
Amicalement
Hamilton, dites-vous ? Il a commencé le karting à l'âge de 8 ans. Son talent, la saison suivante, lui offre l'opportunité fortuite de rencontrer Ron Dennis mais ce n'est que trois ans plus tard qu'il le prendra financièrement sous son aile : Qui a financé ces cinq premières saisons ? Fusse en karting, cela à un coût. Ensuite, Ron Dennis a joué le rôle, au choix, de mécène, sponsor ou filière grâce au talent mais aussi à l'entregent et au charisme naissant du jeune Lewis. Trouver un mentor était difficile mais, chez lui, c'était inné.