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Canada - Course : Ferrari a-t-elle offert la victoire à Hamilton ?

F1. Après un départ bondissant, Sebastian Vettel a tenté une stratégie à deux arrêts qui n'aura pas porté ses fruits face à Lewis Hamilton. L’Anglais, auteur d’une course intelligente à défaut d’être étincelante, remonte spectaculairement au championnat sur Nico Rosberg, seulement 5ème suite à un premier tour calamiteux.

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Vettel et la Scuderia ont-ils manqué le gros lot ?
© Ferrari / Vettel et la Scuderia ont-ils manqué le gros lot ?

Comme l’avaient espéré les Red Bull et l’avait craint Lewis Hamilton (le poleman), le temps sur l’île Notre-Dame était très menaçant à l’heure de la course, avec quelques gouttes signalées dans le deuxième secteur. A moins de dix jours de l’été, Montréal était toujours en automne. Les températures étonnamment fraîches pour la période ne seraient pas sans conséquence pour la chauffe des pneus ultratendres dont étaient équipés les pilotes du top 10, en particulier pour les Ferrari éprouvant des difficultés dans ce domaine.

Seul pilote à avoir gagné plus de trois Grands Prix à Montréal (à l’exception évidemment de Michael Schumacher), Lewis Hamilton entendait montrer à tous, et en premier lieu à son coéquipier, qu’il était redevenu le favori pour le titre de champion du monde. Incapable de convertir une de ses trois poles par une victoire en 2016, Lewis Hamilton allait-il vaincre le signe indien ?

Derrière Hamilton, Nico Rosberg voulait bien sûr empêcher le retour en force de l’Anglais, amorcé lors de la course précédente à Monaco. Sebastian Vettel, troisième à un souffle des Mercedes en qualifications, fort de ses nouvelles suspensions arrière et d’un turbo évolué, nourrissait aussi des ambitions légitimes.

Une heure avant le départ, nous apprenions par ailleurs que Carlos Sainz, en raison d’un changement de boîte de vitesses dû à son accident de la veille en qualifications, avait écopé d’une pénalité de cinq places sur la grille. Il partirait 20ème. Mais signerait la remontée de la journée.

Tous les pilotes partirent en super tendres, avec seulement quelques exceptions parmi lesquelles Sergio Perez (tendres) et Jenson Button (supertendres). Qualifié 11e, le pilote Force India avait donc fait le choix d’une stratégie décalée.


A 14 heures (heure locale, 20h en France), la piste était encore occupée par quelques mécaniciens. Mais le départ put se donner sans tour de chauffe supplémentaire. Les feux rouges s’éteignirent et la meute s’élança sur le circuit Gilles Villeneuve !

Une voiture Rouge bondit comme une fusée ! Déjà Vettel perçait sous Mercedes. Parti comme une torpille, l’Allemand prit rapidement quelques longueurs d’avance. Les deux Mercedes se tassèrent et Nico Rosberg dut partir dans l’herbe. L’Allemand, malheureux, était désormais englué dans le peloton, à la dixième place. Quel départ mouvementé !


A la fin du premier tour au niveau de la chicane, Sebastian Vettel bloqua une roue à un freinage, dut couper la chicane et vit rapidement revenir sur lui Lewis Hamilton. La Ferrari perdit donc toute son avance du premier tour. Derrière la Ferrari et la Mercedes, les deux Red Bull (avec Max Verstappen devant Daniel Ricciardo) suivaient de près, emmenant Kimi Räikkönen et les Williams.

A peine dixième, Nico Rosberg n’avait pas le temps de méditer sur les évènements du premier tour : il lui fallait remonter dès que possible. Sa première victime se nomma Fernando Alonso, avalé dans la ligne droite avant la chicane grâce au DRS… et au moteur Honda. Nico Hülkenberg, le prochain sur la liste, opposa une toute autre résistance, au point d’obliger Nico Rosberg à couper court à la chicane du « mur des Champions ».

A la chasse au Vettel, Hamilton demeurait à portée de tir. Cependant la Mercedes éprouvait des difficultés à suivre de près la Ferrari. L’Anglais, rentré dans la zone DRS, puis rapidement ressorti, ne put lancer la moindre tentative de dépassement.

Au 10ème tour, le top 10 était le suivant : Vettel, Hamilton, Verstappen, Ricciardo, Räikkönen, Bottas, Massa, Hülkenberg, Rosberg, Alonso.


Piégé par son jeune coéquipier au départ, Daniel Ricciardo s’impatientait derrière le Néerlandais. Même si Kimi Räikkönen n’était pas encore une menace, le stand Red Bull pressa le récent promu de laisser passer l’Australien. Au même moment, l’unité de puissance Honda de Jenson Button rendit déjà les armes dans un panache de fumée.

Alors que la Voiture de Sécurité virtuelle était sortie, Sebastian Vettel choisit alors le meilleur des moments possibles à ce moment de la course pour rentrer au stand et chausser des supertendres. La Ferrari profita pendant quelques centaines de mètres, dans l’allée des stands, du ralentissement général du peloton. Le pari était osé pour Ferrari. La Scuderia avait pris des risques et mit tous ses œufs dans le même panier stratégique en appelant dans la foulée Kimi Räikkönen. Les autres leaders étaient restés en piste. Voici le coup de poker. A sa sortie des stands, Sebastian Vettel ne pointait qu’à onze secondes de Lewis Hamilton. Il avait donc gagné dix secondes dans la manœuvre.

Cet arrêt posa rapidement une question de casuistique métaphysique. Vettel aurait-il le droit de finir la course en supertendres ou devrait-il rechausser les tendres ? Après plusieurs démentis et contre-démentis, Paul Hembery, le directeur de la compétition chez Pirelli, rappela la règle à tous : Vettel devrait rechausser des tendres et donc faire un arrêt de plus que Lewis Hamilton. Ferrari était-elle au courant ? Il fallait l’espérer pour le chef de la stratégie… A noter qu’en temps normal, Vettel aurait pu finir la course. Mais en raison des fortes chaleurs attendues il y a des semaines au Canada (sic), Pirelli avait forgé cette règle de toute pièce. L’imbroglio pneumatique était obscur. Il était pourtant au cœur de la stratégie, au cœur de la lutte pour la victoire.

Kimi Räikkönen en revanche eut un timing moins conciliant et repartit au milieu du peloton. A la faveur de quelques bons tours de sortie, il put néanmoins s’offrir le scalp de Daniel Ricciardo. Restait Verstappen.




Une seconde au tour plus rapide que les deux Red Bull avec ses pneus supertendres, Sebastian Vettel, qui était même plus véloce que Lewis Hamilton sur une Ferrari en feu et à l’attaque, revint assez vite sur les Taureaux. Dépasser était plus difficile que revenir. L’Allemand perdit du temps et usa ses pneus à courir derrière les Red Bull. Au 17ème tour, Sebastian Vettel passa Ricciardo à l’épingle. Il avait déjà perdu deux secondes pleines sur Hamilton dans la bataille. Un tour plus tard, dans la grande ligne droite, la Ferrari n’eut pas de mal à se défaire de la Red Bull


Dans l’anonymat du fin de peloton, Jolyon Palmer ramena sa Renault au garage sur problème technique. Le seul fait d’armes du pilote anglais avait été de causer le tête-à-queue d’un autre anonyme en début de course, Felipe Nasr. A la 7ème place, Nico Rosberg avait pu se défaire de Nico Hülkenberg mais butait désormais sur les Williams. L’Allemand tournait à plus d’une seconde des temps d’Hamilton.

Vettel était encore plus rapide, à la régulière, que Lewis Hamilton, à raison d’1 seconde par tour ! L’Anglais souffrait en pneus ultratendres usagés et perdait seconde sur seconde. Le champion du monde rata même l’épingle et voyait fondre sur lui Sebastian Vettel… qui comptait pourtant un arrêt de plus ! Après 25 tours en ultratendres, Lewis Hamilton s’arrêta enfin et ressortit en tendres, 13 secondes derrière Vettel. Mais l’Allemand devait encore s’arrêter pour chausser les tendres. Il pouvait au moins se permettre d’attaquer sur cette piste toujours froide de Montréal.

Au 30ème tour, le top 10 était le suivant : Vettel, Hamilton, Verstappen, Räikkönen, Ricciardo, Bottas, Rosberg, Perez, Massa, Hülkenberg.


Avec des pneus supertendres plus usagés que la concurrence, Kimi Räikkönen créa rapidement un petit bouchon dans lequel figuraient Daniel Ricciardo, Valtteri Bottas et Nico Rosberg qui enchaînait les meilleurs tours en pneus tendres. Pourtant dans le rythme de Max Verstappen, et homme-bouchon contre la menace Nico Rosberg, Kimi Räikkönen fut rapidement rappelé pour chausser des tendres.


A la mi-course, Lewis Hamilton, en tendres, gagnant sur dixième sur dixième sur Sebastian Vettel dont les pneus supertendres, à l’image de ceux de son coéquipier, commençaient à souffrir. Du côté des pneus tendres, il n’était pas non plus certain qu’ils pussent finir la course : comme ils glissaient beaucoup, leur usure n’était pas négligeable non plus.

Au 37ème tour, Felipe Massa, à chaque fois dans les points depuis le début de la saison, dut mettre fin à cette belle série en raison d’un problème mécanique.

Mais cet abandon fut rapidement occulté par l’arrêt du leader, Sebastian Vettel. L’Allemand chaussa comme prévu les pneus tendres et laissa donc la tête à Lewis Hamilton. Avec des pneus tendres plus jeunes d’une douzaine de tours, l’Allemand avait une course d’attaque devant lui mais une bonne dizaine de secondes à rattraper. Ferrari se mordait-elle déjà les doigts après son pari stratégique ? Cependant, comme Daniel Ricciardo le démontra assez vite, l’usure des pneus tendres, à la surprise générale dans ces conditions froides, était bien plus importante que prévu. Lewis Hamilton devrait-il alors s’arrêter une deuxième fois et attaquer fort en fin de course ? La pluie tomberait-elle ? Le suspense demeurait entier à trente boucles de l’arrivée.

Secteur après secteur, Sebastian Vettel remontait sur Lewis Hamilton qui commençait à souffrir en pneus tendres. Une fois débarrassé des retardataires – dont Romain Grosjean qui lui fit perdre quatre dixièmes –, l’Allemand repartit sur un rythme d’enfer et s’offrit quelques meilleurs tours d’affilée.



Avec des pneus déjà un peu marqués, Lewis Hamilton songeait peut-être à une fin de course ultra-rapide en ultra-tendres. Cependant ses pneus tendres tiendraient-ils encore 15 tours sans voir s’envoler Sebastian Vettel ? Tel était le dilemme. La problématique était la même pour Nico Rosberg, à ceci près que l’adversaire se nommait Bottas et l’enjeu la 5ème place. Toutefois l’Allemand jouait de malchance dans la bataille. Son volant clignotait dans tous les sens – il s’agissait de fausses alarmes, mais de véritables motifs de déconcentration pour le pilote. Au 52ème tour, victime d’une crevaison lente, il dut chausser de nouveaux pneus tendres pour finir la course.


Au 47ème tour, Max Verstappen fit le choix auquel devait songer Lewis Hamilton : s’arrêter pour chausser des ultra-tendres. Mais le Néerlandais, excellent 3ème, pourrait-il aller au bout sans trop de dommages ? Oui, si l’on tenait compte des réservoirs allégés. Non, si l’on réalisait à quel point cette piste de Montréal était plus abrasive que prévu.


Le cap du 50ème tour passé, l’équation se compliquait pour Sebastian Vettel. L’Allemand semblait ménager ses pneus après une période d’attaque. L’écart entre lui et Hamilton se stabilisa aux environs de cinq secondes. Personne ne voulait plus s’arrêter. Mais qui aurait le choix ?


Au 55ème tour, le top 10 était le suivant : Hamilton, Vettel, Bottas, Verstappen Räikkönen, Ricciardo, Rosberg, Hülkenberg, Sainz, Perez.


Dans l’autre duel Ferrari-Mercedes, malgré ses quelques déconvenues, Nico Rosberg filait à toute vitesse et regagnait une seconde par tour sur Kimi Räikkönen, avec encore le podium de Valtteri Bottas dans le viseur. L’Allemand manquait cependant de motricité en sortie de virage. Malgré tout, avec ses gommes fraîches, le DRS, un freinage audacieux et une témérité indéniable, Nico Rosberg dépassa sans trop de dommage la Ferrari.


Au fur et à mesure, les supertendres de Sebastian Vettel commençaient à donner des signes de faiblesse. L’Allemand fut même contraint à couper deux fois la chicane et perdit deux secondes au total. Sa remontée à la régulière était terminée. L’écart repassa au-delà de six secondes et demie. Le match était perdu, l’heure des comptes venait déjà. « Je ne comprends pas pourquoi Ferrari a fait deux arrêts » témoignait Felipe Massa depuis le garage Williams. Cependant, pour excuser Ferrari, il fallait noter que la plupart des pilotes, en tendres, avaient eu à repasser par les stands une deuxième fois – et l’arrivée de la voiture de sécurité virtuelle accéléra de toute façon la décision de la Scuderia. La polémique stratégique ne manquerait pas de poindre quoi qu’il en soit…

Ces questions importaient peu à Lewis Hamilton, finalement vainqueur de son duel à distance avec Sebastian Vettel ! L’Anglais réussit donc à concrétiser – enfin – une de ses poles en victoire. Et comblait conséquemment l’écart avec son coéquipier au classement général.

Le suspense était loin d’être clos au Canada. A cinq tours de l’arrivée, la lutte pour la 4ème place était plus virile que jamais entre Max Verstappen et Nico Rosberg. Malgré des pneus plus usés, le Néerlandais résista comme un beau diable au pilote allemand. Cependant Nico Rosberg avait tant attaqué qu’il perdit le contrôle de sa monoplace au dernier tour et partit en tête-à-queue. Il finit 5ème et avec une belle frayeur.


Discret mais ô combien efficace, Valtteri Bottas, solide 3ème, vivait avec passion ce duel à distance qui le maintenait sur le podium.

Comme Lewis Hamilton, le Finlandais n’avait effectué qu’un seul arrêt en piste. Le choix de Ferrari en début de course n’avait donc pas été payant. Si Vettel ne s’était pas arrêté deux fois, aurait-il gagné ? Avec des « si », on met certes l’île Notre-Dame sur le continent… Au niveau des performances pures, la Ferrari s’était au moins montrée au niveau de la Mercedes. Encourageant pour demain. Frustrant pour aujourd’hui.



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