Le cas Max Verstappen : va-t-il vraiment trop loin ?

Votre vote, chers lecteurs, a été quasi-unanime au terme de cette course : consultés depuis dimanche, <a href="/f1/actualite/21268-verstappen-face-aux-ferrari-je-defendais-juste-ma-position-si-cela-ne-plait-pas-ce-nest-pas-mon-probleme-.html"target="_blank"title="">près de 95% d'entre vous,</a>estiment que le pilotage de Max Verstappen à Spa était tout simplement "dangereux". C'est donc avec un intérêt particulier que nous avons souhaité revenir en détails sur ce qu'il s'est passé en piste avec le pilote Red Bull.

<b>Et à la fin, personne n'a gagné</b>

Petit rappel : au départ de ce Grand Prix de Belgique, Verstappen partait en 1ère ligne au côté de Nico Rosberg, du côté extérieur de la piste tandis que les pilotes Ferrari partaient de la 2e ligne : Raïkkönen en troisième à l'extérieur, Vettel quatrième à l'intérieur. À l'extinction des feux, il dégaine moins vite et les Ferrari le dépassent. Seulement voilà, le vainqueur du Grand Prix d'Espagne /f1/actualite/21268-verstappen-face-aux-ferrari-je-defendais-juste-ma-position-si-cela-ne-plait-pas-ce-nest-pas-mon-probleme-.html décide de plonger à l'intérieur et quelques mètres avant le passage du virage de la Source, les trois pilotes sont déjà de front. Verstappen est à l'intérieur, Vettel à l'extérieur et Raïkkönen coincé entre les deux.

Dans cette mythique épingle, en "entonnoir"l'inévitable se produisit : les trois pilotes se touchent. L'Allemand en travers doit s'immobiliser et prier pour qu'aucun autre concurrent ne vienne le percuter ;pendant ce temps, les rivaux de chez Red Bull et Ferrari restent au coude à coude vers le Raidillon : mais à quel prix ? A ce moment tout semble perdu pour eux : Vettel repart dernier, Verstappen perd la moitié de son aileron avant et Raïkkönen racle allègrement la piste avec son fond plat. Les deux derniers cités repassent par les stands pour réparer leurs monoplaces respectives. À la fin du premier tour, nos trois protagonistes sont donc au fond du peloton : (Verstappen : 16e, Vettel : 19e, Raïkkönen : 21e)

Revoir plusieurs fois les images est nécessaire et sous différents angles. Au final, on se rend compte que c'est bel et bien Vettel à l'extérieur, qui est venu resserrer et toucher Raïkkönen ;qui à son tour, est venu sur Verstappen. Pour le coup, malgré l'audace de se placer à la limite à l'intérieur, la faute est partagée avec l'Allemand qui cherchait une trajectoire parfaite, mais improbable dans ce cas à trois de front. À l'interruption de la course il argumenta auprès de Christian Horner : « < i>J'étais à l'intérieur, Vettel essayait de passer devant Raïkkönen qui m'a percuté.</i> » qui lui donne raison :« < i>Ce n'est pas la faute de Kimi. Sebastian ne lui a pas laissé assez de place</i> »

Si vous souhaitez revoir et comprendre en détails l'incident voici le meilleur moyen :

<blockquote class="twitter-tweet"data-lang="fr"><p lang="en"dir="ltr">VIDEO: Was anyone to blame for the chaos at La Source on Sunday?<br><br>We take a closer look><a href="https://t.co/W4vepLMMKk">https://t.co/W4vepLMMKk</a><a href="https://t.co/QjogRSDYoP">pic.twitter.com/QjogRSDYoP</a></p>— Formula 1 (@F1) <a href="https://twitter.com/F1/status/770291212657930241">29 août /f1/actualite/21268-verstappen-face-aux-ferrari-je-defendais-juste-ma-position-si-cela-ne-plait-pas-ce-nest-pas-mon-probleme-.html</a></blockquote>
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<b>Verstappen - Raïkkönen acte 1 : "Pousse toi que je m'y mette"</b>

Trois tours après la relance consécutive au drapeau rouge brandi pour la sortie de piste de Magnussen, Raïkkönen et Verstappen se retrouvent au 12e tour : le Finlandais prend l'avantage dans la ligne droite de Kemmel. Sauf que, nouvelle manœuvre polémique du Hollandais, qui retarde au maximum son freinage à l'intérieur et vient tout simplement pousser "Iceman"en dehors de la piste à l'entrée des Combes, ne lui laissant donc aucune place. Pire, la manoeuvre de Versappen est si agressive qu'il doit lui-même escalader le vibreur intérieur, alors que Raïkkönen doit court-circuiter les S hors-piste, et ressort devant la Red Bull ; immédiatement à la radio on entend :« < i>Dois-je laisser passer la Red Bull alors que c'est elle qui m'a sorti de la piste ?</i> ». Le pilote Ferrari ne prend aucun risque et laisse repasser le jeune pilote.

Cette fois-ci, Verstappen ne peut être consciemment défendu. Retarder un freinage est une chose pour défendre sa position, en revanche le faire jusqu'au point de mettre un pilote dehors en est une autre. D'ailleurs on se souvient de la pénalité dont a écopé Rosberg à Hockenheim pour une manœuvre similaire contre ce même numéro 33. Ceci étant, la différence est la suivante : Rosberg était le pilote chasseur et Verstappen le chassé. après ce dépassement, Rosberg n'avait pas rendu la position, ce qui avait donc provoqué la colère des commissaires.

<b>Verstappen - Raïkkönen acte 2 : Une action proche d'un drame</b>

On se souvient cette fois de l'incident en Hongrie fin Juillet : le Néerlandais faisait à cette époque le coup de changer au dernier moment de trajectoire au freinage alors que Raïkkönen tentait de le dépasser. Rebelote ce week-end mais en pleine ligne droite. Un tour après l'acte 1, à nouveau dans la montée du Kemmel, il est DRS ouvert à l'aspiration de Verstappen ;au moment fatidique où le pilote Ferrari déboîte et entame le dépassement, le Hollandais change à son tour de ligne et bloque violemment le Finlandais. Heureusement pour lui, le quadruple vainqueur spadois ralentit et ne percute pas la Red Bull. Sur cette action à plus de 320km/h, la Red Bull aurait pu décoller dans la forêt ardennaise.

Cette manœuvre à très haute vitesse n'est certes pas formellement interdite par la FIA qui autorise un pilote à changer une fois sa trajectoire pour déféndre sa position. Toutefois, la différence est entre l'art et l'esprit de ce réglement : la manière de procéder de Verstappen est considérablement démesurée, et très dangereuse. Son attitude n'est sauvée que par le réflexe salvateur de Raïkkönen, une nouvelle fois furieux derrière son volant : « < i>C'est ridicule !</i> ». Après la course : « < i>je suis pour les courses fair-play et les batailles au coude à coude, mais quand j'ai dû freiner après Eau Rouge alors que nous étions à pleine vitesse et qu'il a tourné devant moi ce n'est pas correct selon moi.</i> »

<b>Jamais deux sans trois : cette fois face à Pérez</b>

Décidément, l’enchaînement montée du Kemmel/entrée des Combes semble être le terrain de jeu favori de Verstappen ! Ce dernier incident est passé un peu plus inaperçu mais le jeune pilote a encore fait des siennes, au 25e tour. Cette fois, son adversaire était Sergio Pérez. Après son deuxième arrêt aux stands, le pensionnaire Force India repartait juste derrière notre accusé du jour. Comme Raïkkönen, Pérez tenta un dépassament sur le pilote Red Bull en pleine ligne droite. De nouveau Verstappen retarda au maximum son freinage à l'intérieur, en ressorti son coup spécial "sors de la piste que je passe", Pérez est comme Raïkkönen contraint de court-circuiter les S ;sauf que cette fois, le contact est réel entre le pneu avant gauche de la Red Bull et le pneu avant droit de la Force India.

Au final, Pérez, qui n'a pas ici rendu la position, n'a pas été stoppé dans sa marche en avant pour le top 5 tandis que Verstappen se faisait un nouvel ami dans le peloton. On le répète encore, défendre sa position est normal, mais même défendu ici par la FIA, ne franchissait t-il pas la ligne rouge avec ces manœuvres ?

Pour cela, petit interlude d'un fait similaire venant d'un autre pilote du plateau et non des moindres : Lewis Hamilton. A Suzuka la saison dernière, lors du premier virage, Hamilton avait forcé Rosberg à mettre plus ses quatres roues en dehors du vibreur. Non pénalisé également par la FIA, le champion du monde à l'issue de cette saison se défendait face aux critiques naissantes : « < i>Vous pouvez le demander à n'importe quel champion du monde, si vous êtes à l'extérieur vous devez vous pousser</i> » Si l'on suit les propos du Britannique, les manœuvres de Verstappen sont acceptables.

<b>Quatre à la suite, face à Vettel !</b>

Changement de décor cette fois : un tour après Pérez, c'est au tour du quadruple champion dumonde de se présenter dans les rétroviseurs de la Red Bull. Vieille connaissance depuis le départ controversé à la Source, le pilote Ferrari attaque dans la sortie de Blanchimont avant le dernier enchaînement au Bus Stop. Mais Verstappen bloque ses roues jusqu'au bout et ferme l'intérieur du virage avec autorité face à un Vettel pourtant plus rapide. Quelques centaines de mètres plus loin, l'Allemand bute en perdant face à Verstappen au DRS. Comme Raïkkönen plus tôt, il retente le tour suivant et cette fois miracle, Vettel parvient à passer à la Source ! Ironie du destin, il rend la monnaie de sa pièce, en le tassant de manière autoritaire.

Cette fois, bien que la manœuvre de l'ex-pilote Toro Rosso était réglementaire, la manière de montrer ses talents à la limite du dangereux, dérange, la pilule a de plus en plus de mal à passer.

<b>Les foudres des grands de ce monde !</b>

Même le directeur exécutif de Mercedes Toto Wolff nuança après coup ses propos élogieux à l'égard du pilote Red Bull : « < i>C’est rafraîchissant selon moi. C’est un jeune garçon que j’apprécie énormément. Il arrive ici sans peur, sans respect, il joue des coudes et me rappelle en ce sens les plus grands. La seule conséquence est qu’il a été très malmené lors du briefing des pilotes. Ce sera probablement pire au prochain, j’ai juste peur que ça se finisse violemment dans un mur une prochaine fois : il faut reconnaître que c’est dangereux.</i> »

Pour le reste, d'autres acteurs du monde de la Formule 1 se sont chargés de relancer la polémique. Jacques Villeneuve n'y est pas allé par quatre chemins : «Ce qui s'est passé au départ en Belgique était prévisible, car il n'y a pas assez de place pour tenter de surprendre par l'intérieur. C'est la course, mais après quand il dit que les autres ont détruit sa course, ce n'est pas correct. Ce qu'il a fait deux fois à Kimi dans la ligne droite, puis à Vettel, il faut qu'il se calme. Quelqu'un va finir par se tuer. »

Dans le même ton, Niki Lauda pense tout simplement que « Max a besoin d'un psy s'il dit que c'est de la faute de Kimi ! » Habile, le conseiller F1 de Mercedes met la pression sur Red Bull, équipe adversaire de la firme à l'Etoile « Il est bourré de talent, mais il ne sait pas distinguer le bien du mal. Je vais parler à son père Jos, pour qu'il ait une petite conversation avec son fils. »

La messe semble désormais dite, Max Verstappen a fait les frais d'un premier Grand Prix "à domicile"et a donné toute l'animation possible à la manche belge. Le calme va, on l'espère, revenir peu à peu dans le paddock. Sebastian Vettel l'a lui-même reconnu en interview : « < i>Nous ne sommes pas dans un jardin pour enfants, nous ne sommes pas ici pour pleurer "est-ce que vous pouvez lui donner une pénalité". Nous sommes ici pour faire la course.</i> ».

Verstappen devient donc un concurrent sérieux en course et sa capacité à défendre sa position lui permettra à nouveau de s'illustrer. Comme le montre Toto Wolff: « < i>Ses rivaux commencent à réfléchir à deux fois à la manière de le dépasser. Tout ce qu’il a prouvé pour le moment est qu’il le fait bien, la FIA ne l’a pas pénalisé.</i> »

<b>Max Verstappen a bel et bien été trop loin, mais...</b>

Finalement, le cas de ce jeune virtuose du volant est à la fois général et singulier.
Le fils de Jos veut devenir rapidement un pilote émérite de sa discipline en conquérant le titre de champion du monde, comme le furent les plus grands de ce sport. Dans cette optique, il n'y a pas de place pour les compromis, pour reprendre Lewis Hamilton :«  vous ne pouvez pas être sympathiques avec vos adversaires en leur disant : "eh venez, il reste un peu de place ici". Si il y a une opportunité, vous devez la saisir.  »
Par son caractère trempé et ses déclarations, notamment à Hockenheim ou Spa, Verstappen est imprégné de cette méthode, qui a bien évidemment fait la marque d'Ayrton Senna : "cela doit être mon chemin".

Le contexte actuel de la Formule 1 implique la recherche d'un héros. L'audience est en baisse constante, les critiques fusent sur le comportement des voitures ou des pneumatiques, la domination de Mercedes devient lassante aux yeux d'une majorité... Par son culot, et comme le soulignait Toto Wolff, la Formule 1 a donc besoin d'un tel pilote. Ses batailles roue dans roue face à ses adversaires ne sont-elles pas celles que nous réclamons parfois à corps et à cri, notamment quand la FIA impose des pénalités à tout-va ?

Maintenant sous le feu des critiques, la fin de saison de Max Verstappen empruntera certainement deux voies bien distinctes. Si le pilote Red Bull arrive à modérer ses tactiques, notamment en défendant ses positions, tout en gardant sa vitesse naturelle, il reviendra de nouveau tout en haut de l'affiche.
Auquel cas, une fougue mal placée pourrait le conduire à des crashs spectaculaires : la chute ne pourrait n'en être que plus rude, même si le soutien affiché par Helmut Marko sera certainement beaucoup plus fort qu'il ne l'a été pour Daniil Kyvat après Sotchi début Mai...