Une 12e place honorable pour Ocon en course mais Manor glisse derrière Sauber
La course décousue du Brésil aura finalement été fatale au petit poucet Manor. Le point acquis par Wehrlein en Autriche est désormais effacé par la neuvième place de Nasr à Interlagos. Douzième hier, Ocon a pourtant longtemps tenu le Top 10 !


Esteban Ocon avait fort à faire depuis sa position de départ. Dernier après une pénalité reçue pour avoir gêné Palmer en Qualifications, le jeune Français s'est pourtant lancé dans la bataille sans réfléchir en tentant de profiter de la loterie brésilienne. Ne s'étant pas arrêté avant les deux drapeaux rouges, Ocon pointait au huitième rang à l'issue de la relance au 29e tour.
Derrière la Sauber de Felipe Nasr, il lui fallait cependant tenir jusqu'à l'arrivée. Las, après les dépassements effectués par les pilotes Red Bull, le champion GP3 2015 fut sorti du top 10 dans l'antépénultième tour de course par Fernando Alonso.
Ocon étonne quand même !
Il termine finalement douzième, après s'être fait dépasser une ultime fois, par la Williams de Bottas. Mais nul doute que le pilote de 20 ans est tombé avec les honneurs, tant son rythme fut bon, notamment en fin de course ! Évidemment, la déception prédominait, d'autant plus que Nasr parvenait lui à arracher la neuvième place pour Sauber : « Je suis très déçu et triste pour nous tous. »
Visiblement, Ocon était inquiet de l'état précaire de la piste brésilienne. Il faut dire qu'il n'est pas passé loin du drame en évitant la Ferrari de Raikkonen en dérive, de justesse : « Ce fut une course difficile, bien que j'ai mon propre sentiment sur la poursuite de la course. Mais si la piste était déclarée apte à la course, nous devions rouler et faire le meilleur job possible. Il y a eu quelques moments effrayants ici, j'ai eu de la chance de réagir rapidement face à l'incident de Kimi. »
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— Mattzel89 (@Mattzel89) 13 novembre 2016
Le premier point de sa jeune carrière ne sera donc pas pour cette fois. Le plus gros regret finalement sera d'avoir perdu son duel à distance face à la Sauber de Nasr. Il laissa filer son équipe rivale vers deux points précieux.
Désormais, Manor glisse en 11e et dernière position des constructeurs, la place la plus ingrate qui soit, qui la priverait des droits de transport offert par la FOM : « J'ai évidemment poussé aussi fort que j'ai pu - sur toute la course en fait ! Dans la troisième partie de course - après le second drapeau rouge - c'était clair que j'ai tout fait pour rattraper Felipe (Nasr). La course a été dans son sens, pas dans le nôtre. J'ai fais tout ce que j'ai pu mais les voitures derrière moi étaient proches à la fin : elles ont eu le rythme pour me dépasser. Il y a plusieurs raisons d'être déçu : mon premier point en F1 aurait été sympathique ! »
Néanmoins, la défense de sa position dans ces conditions extrêmes a plu à son futur patron. Principal adjoint de chez Force India, Bob Fernley a été impressionné. Cette course conforte dans son choix d'avoir choisi Ocon pour 2017, en remplacement d'Hulkenberg : « Nous sommes rassuré sur ce que nous avons vu d'Esteban ce dimanche. Il a eu un très bon pilotage pour Manor. Nous étions au courant de son talent, nous sommes conforté avec la décision prise. »
Wehrlein un ton en dessous
Course plus discrète pour Pascal Wehrlein, qui partait pourtant de la 19e place. Il pointait pourtant lui aussi dans les points au moment de la deuxième interruption, neuvième et derrière son équipier. Mais il sera sorti beaucoup plus tôt de la zone des points, dés le 33e tour, dépassé par Vettel. Il termine ainsi 15e et avant-dernier pilote classé, symbole d'une course quand même bien plus décevante que son équipier français. Ses propos transparaissent en tout cas un manque de confiance : « Les conditions étaient terribles tout au long de la course ! Même quand la pluie diminuait, la piste contenait encore tellement d'eau ! Il y avait un pari à passer des pneus pluie aux pneus intermédiaires. Les conditions étaient parfois plus agréables, mais pas encore assez pour changer. J'ai eu de l'aquaplaning ;le risque que nous aurions pu prendre aurait été courageux, mais si j'aurai terminé dans le mur, nous n'aurions rien gagné ! En plus, la visibilité était mauvaise. C'était une course très nerveuse avec ces conditions, je n'ai pas envie de refaire cette expérience dans un futur proche. »
L'ancien pilote DTM est en fait le dindon de la farce dans cette affaire. Alors qu'il avait décroché un point miraculeux en Autriche, lui et son équipe se font devancer par Sauber. Un comble alors que le pilote du numéro 94 a essuyé un refus pour sa candidature chez Force India, au bénéfice d'Esteban Ocon.
Sans trop y croire, il s'avançait vers Abu Dhabi et la réalisation d'un nouveau miracle ! « C'est est arrivé, maintenant nous devons travailler dur. Aujourd'hui, la course a montrée que tout peut encore arriver, bien que je ne pense pas qu'il pleuve à Abu Dhabi. La course automobile peut être imprévisible, nous devons donc continuer à nous battre. »
Disappointing race for us, struggled massive with the car in the race and lost 10. place. Let's keep fighting and do our best in Abu Dhabi! pic.twitter.com/2AyIgu06oH
— Pascal Wehrlein (@PWehrlein) 14 novembre 2016
Enfin, Dave Ryan a également réagi à cette course. Apparemment, le directeur sportif de l'équipe anglaise était préoccupé de la progression de Sauber avant même le Grand Prix : « Nous étions déjà inquiets à Austin et Mexico sur la progression de Sauber, mais nous savions que cette course à Interlagos représentait encore un plus grand risque. Avec ces conditions, il faut toujours avoir un peu de chance. A un moment, les choses tournaient en notre faveur et nous espérions notre première double entrée dans les points. Mais la course évoluait à chaque tour, à chaque safety car et à chaque drapeau rouge. » déclarait-il alors.
« Esteban s'est bien battu pour essayer de mettre les choses dans notre sens. Mais nos deux pilotes ont fait un travail incroyable dans ces conditions éprouvantes mais révélatrices. Nous sommes derrière, mais pas encore battu. Toute l'équipe est déçue mais il reste une course et nous continuerons de pousser jusqu'au drapeau à damiers à Abu Dhabi. » concluait Ryan.
Ainsi, malgré ce point et cette dixième position au classement général tenu depuis quatre mois, Manor plonge au plus mauvais moment en dernière place. Il sera difficile d'inverser la tendance sur le tracé plus prévisible d'Abu Dhabi.
Chez Force India, elle justifie un peu plus la préférence du Français vis-à-vis de Wehrlein. La réaction de ce dernier en corrobore une autre dans laquelle il militait, dans sa radio, pour un arrêt de la course. C'est certainement l'absence de visibilité qui effrayait le jeune pilote, beaucoup plus que la perspective de rouler sur le mouillé.
Grammaire et vocabulaire, même combat
L'équipe sera-t-elle sur la grille l'an prochain ? Probablement. Avec les mêmes dirigeants ? C'est moins sûr : Qu'une proposition du type de celle reçue par Sauber se présente et elle sera tentante pour la petite équipe un peu plus fragilisée depuis le Brésil.
Que Wehrlein s'en aille (chez Sauber) et le précieux support technico/financier de Mercedes prendrait une tout autre dimension dans le sens peau de chagrin, il va de soi.
Les semaines à venir seront cruciales. Personnellement, je préfèrerais qu'elles rassurent sur l'avenir de cette équipe, quelle qu'en soit sa structure.