Espagne - Course : Lewis Hamilton, intouchable de bout en bout
Lewis Hamilton a fait preuve d'une domination sans partage pendant tout le Grand Prix d'Espagne. C'est même un doublé Mercedes puisque Valtteri Bottas a terminé deuxième, devant Max Verstappen. Ferrari a connu une journée difficile tandis que Romain Grosjean a provoqué un carambolage dans le premier virage.


Pour cette course à Barcelone, les températures étaient inhabituellement fraîches puisqu'il ne faisait que 15°C dans l'air et la piste était à 34°C, soit 8°C de moins que lors des essais libres 2 ce vendredi. L'une des grandes questions de cette course était de savoir si la pluie allait venir perturber son déroulé.
Grosjean craque encore, Vettel passe Bottas au départ
Lors de l'extinction des feux, Sebastian Vettel est en mesure de prendre le meilleur sur Valtteri Bottas grâce à l'aspiration. Mais derrière, les Haas ont semé la zizanie : comme Kevin Magnussen était en difficultés avec l'adhérence dans le troisième virage, Romain Grosjean est parti en tête-à-queue pour l'éviter. Mais il a également provoqué un énorme burn-out, ce qui a bouché la vue de tous les pilotes arrivant derrière lui. Il a ainsi été percuté par la Renault de Nico Hülkenberg et la Toro Rosso de Pierre Gasly, qui n'ont rien pu faire pour éviter la voiture en perdition.
LAP 1/66
Pure carnage at the start 😱
Grosjean OUT
— Formula 1 (@F1) 13 mai 2018
Gasly OUT
Hulkenberg OUT#SpanishGP 🇪🇸#F1pic.twitter.com/GSv24uxIDW
Avec des débris de carbone répartis sur toute la piste, la voiture de sécurité a été obligée de rentrer en piste. Dans ce carnage, Charles Leclerc a réussi à tirer son épingle du jeu puisqu'il fut en mesure de remonter en 9ème position alors qu'il était 14ème sur la grille. Les fauves furent relâchés au 6ème tour. Cette fois-ci, aucun incident ne fut à souligner.
Dans la foulée, Lewis Hamilton fut en mesure de construire une avance très confortable puisqu'au 17ème tour, il comptait déjà sept secondes d'avance sur Sebastian Vettel, qui voyait Valtteri Bottas le suivre à distance raisonnable. C'est à ce moment-là que le pilote Ferrari repassa par les stands. On intima alors l'ordre à Valtteri Bottas de tout donner pour tenter de passer la Ferrari. Mais lorsque le Finlandais effectua son propre arrêt deux tours plus tard, il vit Sebastian Vettel plonger à l'intérieur du premier virage en dépassant également la Haas de Kevin Magnussen.
LAP 20/66
Bottas pits, and emerges behind Vettel and Magnussen#F1 🇪🇸#SpanishGPpic.twitter.com/rWk0IJsw5T
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L'overcut aurait dû fonctionner pour Mercedes mais Bottas passa 1,2 seconde de plus dans la voie des stands que la Ferrari de Vettel, ce qui l'a fait repartir derrière.
Raikkonen trahi par sa mécanique, Vettel peu inspiré : mauvaise pioche pour Ferrari
Quelques minutes plus tard Ferrari perdit sa seconde voiture, au 25ème tour, lorsque Kimi Raikkonen se retrouva au ralenti, à l'entrée de la ligne droite des stands. S'il fut en mesure de ramener sa voiture très lentement en piste, il fut contraint à un nouvel abandon alors que la Scuderia avait changé son unité de moteur par précaution après les soucis vus en essais libres 2. Vettel restait seul en piste chez les rouges, à la poursuite de Lewis Hamilton et des deux Red Bull, qui ont retardé leur premier arrêt. Loin des premières positions, Esteban Ocon perdait définitivement l'opportunité de marquer des points après un passage aux stands catastrophique au 30ème tour, la faute à un écrou de roue récalcitrant sur sa Force India.
Les Red Bull passèrent enfin par la voie des stands aux 33 et 34ème tours, ce qui leur garantissait de pouvoir aller jusqu'au bout de la course avec ces gommes. Le doute était alors encore permis pour Sebastian Vettel et Valtteri Bottas. C'est pourquoi le muret des stands informa Verstappen du rythme du pilote de la Scuderia, pour maintenir la pression.
Plus loin, la course d'Esteban Ocon s'acheva au 41ème tour lorsque sa mécanique le lâcha. L'abandon du dernier français en piste créa l'intervention de la voiture de sécurité virtuelle. Sebastian Vettel plongea alors dans la voie des stands mais son arrêt fut très lent, ce qui le fit ressortir derrière Max Verstappen, en quatrième position
Lorsque la course reprit ses droits, Max Verstappen tapa l'arrière de Lance Stroll, qui se faisait prendre un tour. Son aileron avant fut endommagé mais il fut en mesure de poursuivre sa route. Étonnamment, le vainqueur du Grand Prix d'Espagne 2016 parvenait même à garder la Ferrari de Vettel devant lui. L'Allemand a donc une nouvelle fois perdu de gros points avec une stratégie changée lors d'une intervention de la voiture de sécurité.
LAP 43/66
The VSC ends, and Verstappen hits the back of Lance Stroll 💥
His front wing endplate is damaged as a result#F1 🇪🇸#SpanishGPpic.twitter.com/0wY2jwiu7y
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Par contre, Fernando Alonso fit parler sa science de la course en prenant l'avantage immédiatement sur Charles Leclerc lorsque le feu repassa au vert. Le vétéran espagnol tentait ensuite de revenir sur son jeune compatriote, Carlos Sainz, en septième position. Derrière, le Monégasque a du également s'incliner face à la remontée de Sergio Perez, sur une stratégie à deux arrêts. Mais il fut en mesure de signer une nouvelle fois une entrée dans les points, avec le point de la 10ème place.
Impérial, Lewis Hamilton franchisait en vainqueur la ligne d'arrivée de ce Grand Prix d'Espagne 2018. La deuxième place de Valtteri Bottas consacrait la belle journée de Mercedes, qui décroche le premier doublé 2018. Max Verstappen monte pour sa part sur le premier podium de sa saison !
A dominating drive from @LewisHamilton 💪
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De notre envoyé spécial de Barcelone
Ferrari s'arrête une deuxième fois on ne sait trop pourquoi et Vettel perd 2 places et 6 points.
Par contre les GP à 15h c'est vraiment pas top, ça le faisait déjà pas quand Silverstone et Estoril était à cette heure là et ça ne le fait pas plus aujourd'hui.
Americrap, makes things worse again.
de ce que Lewis a démontré ce week-end à Barcelone, ça risque de se compliquer pour ses concurrents, et en particulier Vettel...
-Bottas a fait le job et n'est plus loin de sa première victoire cette saison s'il continue à rivaliser de cette manière avec Lewis, surtout en qualif. pour s'assurer une victoire... Romain Grosjean doit revoir son psy car les erreurs se multiplient quant Magnussen fait le job et ramène les points à l'équipe... Max est encore impliqué dans un accrochage avec la Williams et heureusement pour lui, son aéro a bien résisté et a bel et bien sauvé son podium.... Voilà,, il doit penser à terminer les courses pour son équipe, car il a perdu au moins 20 à 30 points à cause de ses man?uvres irréfléchies... Alonso a fait le boulot, vraiment un grand pilote dans une monoplace moyenne... A nous revoir à Monaco aec peut être d'autres surprises... Qui sait ! XD
Non Lewis pas toi, ça fait quatre fois tu en reprends....
Ce week-end Ferrari nous a montré une toute autre image que celle vue depuis le début de saison surtout en course. Ma modeste explication (partagée hier soir au téléphone avec un excollègue encore aux manettes dans une équipe très étoilée....) du fait qu'ils ont tenter d'utiliser une aéro très ou trop pointue. Je m'explique: une monoplace c'est un peu comme un avion (n'est ce pas M.Diskus....) Lors de sa conception on la dessine pour des domaines d'exploitation spécifiques en veillant à ne pas trop s'en éloigner. On peut faire simple, plus compliqué, mais dans tous les cas de figure à la limite il faut choisir des compromis. C'est très complexe et peut devenir risqué si on s'aventure n'importe où pour tenter de dépasser la concurrence par exemple. Sur les zones extrêmes on peut augmenter (ou réduire) certains angles d'appui ou de déportance, modifier la surface de certaines pièces afin de les rendre plus efficaces à certaines vitesses. Sa performance tient à de nombreux paramètres mais pour être très efficace on accentue parfois à l'extrême les choix aéro. C'est tentant car cela peut payer ou à l'inverse très vite devenir limite voire plus. Je pense (modestement) que Ferrari est arrivé à Barcelone avec des modifs aéro un peu trop extrêmes, non pas au sens visuel du terme, mais simplement physique car c'est de la physique appliquée. Regardez Mercedes, et à moindre titre RB, leurs modifs étaient probablement moins poussées. Si Vettel n'a pas tenu ses pneus ce n'est pas juste une question de réglages. L'aéro est hyper complexe et il suffit d'un rien pour tout mettre le travail réalisé avant par terre. La difficulté,vient que pour faire marche arrière et rester dans le coup en cas d'excès, il ne suffit pas de reprendre un précédent package. Entre temps les autres ont progressé et appris, certes par petites touches, ils ont trouvé comme on dit "un bon équilibre" parfois un peu instable selon les conditions mais un choix qui permet de ne pas trop entamer les pneus et d'aligner les tours rapides. Les pilotes le disent tout le temps, "on cherche le meilleur équilibre". EL1 et El2 servent surtout à cela. En EL 3 on valide les choix pour les qualifs et la course.
A Barcelone, le terrain de jeu est fabuleux car il offre la possibilité de tester "in vivo" les meilleurs compromis comme nulle part ailleurs. Ce n'est pas un hasard si les essais de pré-saison s'y déroulent presque chaque année maintenant.
Hier soir mon ex-collègue bien informé me parlait sde l'aileron de Max en partie détruit ce qui ne lui a pas fait perdre grand chose. Démonstration que la RB est à la base une monoplace plutôt globalement équilibrée, en tous cas pas trop pointue. De leur coté, les Ferrari ont souffert d'une aéro probablement excellente en soufflerie mais pas adaptée aux conditions de piste. De l'idéal en soufflerie à la réalité du terrain il y a souvent un gap.
Bref, je crois qu'Hamilton et Bottas ont profité d'un travail plus fin, par petites touches pour arriver à un point d'équilibre bien plus efficace que les concurrents. Avec des pneus délicats à comprendre ils avaient des atouts en main. Certes il y a le problème récurrent de la zone "d'aspi" comme on disait autrefois, une zone ou les perturbations derrière une autre monoplace empêchent de profiter des appuis surtout sur le train avant. C'est le cas pour tout le monde à l'exception de l'homme de tête. Mais si vous regardez bien, quand les Ferrari avaient du champ, elles n'étaient pas pour autant à la fête. Preuve encore que c'est le choix aéro et l'adaptation aux pneus qui leur a fait globalement défaut. D'ailleurs on ne parle d'ailleurs plus du différentiel de puissance des PU dont on nous a tant rabaché les oreilles.... Sur cet aspect il faut voir la fiabilité car on arrive bientôt au premier tiers de la saison. Les pénalités ne vont certes pas encore tomber en nombre. Reste que les moins fiables, en tapant dans le stock alloué de PU, vont hypothéquer non seulement leur réserves pour les dernières courses, mais surtout la possibilité de choisir le rythme de leurs évolutions moteur en cours de saison.
Dans deux semaines on va avoir tous tendance à oublier ces quelques lignes. Dans l'ambiance monégasque, le clinquant le spectacle on s'endormira sur des lauriers un peu particuliers. Barcelone nous en a appris un peu plus. Il reste encore une quinzaine de courses et probablement autant de surprises.
Merci pour cet éclairage. Si Ferrari a péché par une aéro trop sophistiquée, on ne le saura qu'au Canada.
Je ne comprends toutefois pas la différence de performance des pilotes entre les qualifs et la course, en Espagne : en qualifs, c'est très serré ;Lewis, en difficulté face à un Bottas à l'aise, ne gagne que de 4 centièmes. En course, Lewis met 20" à la concurrence malgré un SC !
Le fait, pour les poursuivants, d'être dans l'air sale est-il l'explication, ou bien faut-il penser à des réglages orientés qualifs pour Bottas et les Ferrari, optimisés (ou moyennés) qualifs et course pour Lewis? Ou alors la tenue des pneus, sur le court terme, et le long terme?
Merci de recadrer pour tous une vision éclairée et professionnelle de la course d'hier dont de nombreux aspects techniques et humains peuvent échapper aux fans . Merci de tes ajustements qui enrichissent nos connaissances .
Un seul point me laisse un peu dubitatif . Mercedes connaissait les pneus amaigris proposés hier et pas la concurrence . Que la Scuderia ait tergiversé dans des excès d'adaptation aéro à ces nouveaux types de pneus , est plutôt normal . Sans l'affirmer , les chances de maîtriser au maximum ces pneus entre AMG et les autres n'étaient pas les mêmes . Pourquoi Mercedes a-t-elle bénéficié de ce privilège ?
A mon avis ce n'est pas nécessaire , quand on voit le potentiel et l'implication de la firme allemande en course automobile depuis 30 ans . Je me souviens du temps où en DTM on infligeait 40 kilos de plomb aux Mercedes pour équilibrer le plateau parce qu'elles étaient devant . Cela ne les empêchait pas de gagner ( une pensée pour Klaus Ludwig ° .
A Monaco le spectacle des qualifs va être hallucinant , à chances plus égales et comme chacun sait , la course sera moins spectaculaire mais sait-on jamais ?
Le temps qualif de Lewis est déjà exceptionnel, celui de Bottas tout aussi. (voir mon post de samedi). Je ne crois pas au delta de réglages entre les deux pilotes mais bien plus à la confiance dans leur monoplace. Je suis peut-être mieux placé pour te parler de Lewis avec lequel j'ai travaillé, certes il y a longtemps en F3 euroséries. Bottas je ne le connais pas sinon pour lui avoir serré la main dans le motor home Mercedes l'an dernier à Spa. Lewis reste pour moi dans ma carrière LA référence absolue en terme de pilotage. Je ne parle pas d'autre chose que de capacité à faire la différence sur un tour ou sur une course. Le personnage, quand on le connait est particulièrement attachant, complètement différent de celui que l'on nous a longtemps présenté en trompe l'oeil. au fond derrière son style, c'est un mec modeste. Mais c'est en piste qu'il est capable de taper dedans à chaque tour comme en qualif, d'aligner des chronos stratosphériques et surtout SANS FAIRE DE FAUTES ou très rarement. Une concentration hors normes certes, mais surtout des capacités neuromotrices pârfaitement maîtrisées et maitrisables. Bottas est à mon sens aussi un super pilote mais il n'a probablement pas ce truc en plus qu'à Lewis quand il se sent bien dans sa monoplace. Je répète à l'envi qu'il faut voir les datas de Lewis sous l'eau par exemple dans certains secteurs pour se demander parfois si il n'y a pas d'erreur de chrono. Les deux qui se rapprochent le plus aujourd'hui de ce comportement, ce sont Vettel et Alonso. Ces types là ont pour moi un truc en plus. Je pense que Verstappen en dispose aussi mais il est encore trop inconstant. parmi les autres pilotes en activité il y a des gars vite, très vite, mais sont-ils aussi constants?
Pour s'exprimer un pilote a besoin de sentir sa monoplace. En qualif samedi les pilotes Mercedes ont envoyé du lourd, l'écart entre les deux n'est pas significatif. En course Lewis avait le champ et de l'air libre mais pas de DRS... Je crois que c'est un truc de confiance pas de réglages. Tu envoies un tour vite sans soucis, un deuxième et après tu es dans un rythme à l'aise. Dur pour la concurrence mais c'est ainsi quand on a un top gun dans le jeu, dur de s'aligner.
Dimanche je manquais d'éléments pour répondre à ta question sur "le délit d'initié" dont aurait pu bénéficier Mercedes avec les pneus resurfacés. Depuis Pirelli a remis les pendules à l'heure en réfutant fermement cette affirmation. Dans un communiqué a priori sans langue de bois, le manufacturier italien a expliqué sa démarche liée à la qualité particulière de l'enrobé de la piste catalane, précisant que les composés de gomme étaient parfaitement identiques aux précédents. Il s'agirait uniquement d'un resurfaçage destiné à éviter le cloquage. Pirelli explique avoir agi avec l'accord de toutes les parties en toute transparence, démentant les affirmations de favoritisme envers Mercedes. Vettel a d'ailleurs reconnu ce soir qu'après la journée de tests d'aujourd'hui en piste ils ont constaté qu'ils n'auraient pas fait mieux en course avec les pneus précédents. L'explication du delta de perf semble donc bien être ailleurs.
Pour ma part, je persiste à croire que le manque d'équilibre d'une F1 moderne vient surtout des choix aéro. Le Graal est dans le parfait accord chassis-aéro /pneus. Comme je l'ai dit dans un de mes derniers posts, à vouloir trop bien faire sur certains packages, on peut rapidement beaucoup perdre d'un seul coup. Avec l'aéro on y perd très vite son latin. Mais n'ayant pas tous les datas en main il serait hasardeux de s'avancer plus.
Comme quoi les informations dites ou écrites par certains média à propos d'un éventuel avantage pneumatique des Mercedes pendant ce week-end catalan étaient à prendre avec circonspection .
Heureusement , tu remets en place la réalité des évènements qui permet de penser que le Grand Prix s'est déroulé en toute équité . Merci à toi .