Leclerc : "Celle-là est pour Anthoine"
F1. Il la tient enfin ! Mais dans quelles circonstances ! La première victoire de Charles Leclerc l'a fait passer par des montagnes russes d'émotions.
Charles Leclerc a une nouvelle force mentale hors du commun. A 21 ans, le jeune Monégasque est déjà passé par tellement d'épreuves éprouvantes, avec les disparitions successives de son mentor de toujours, Jules Bianchi, celle de son père, puis enfin celle de son ami d'enfance, Anthoine Hubert. Il a répondu de la manière des façons, à sa manière en remportant la course dans la foulée, comme il avait pu le faire en 2017 en F2, à Bakou.
Cette victoire, sa première en F1, elle lui échappait jusqu'à présent, passant très près à Bahreïn (problèmes moteurs dans les derniers tours) et en Autriche (dépassement musclé de Max Verstappen dans le final). Hier, en qualifications, il avait signé une démonstration, reléguant toute la concurrence (dont son coéquipier Sebastian Vettel) à plus de sept dixièmes. Mais ça, c'était avant la dramatique course de Formule 2.
Sur la grille, Pierre Gasly, autre compagnon d'enfance, lui a ainsi déclaré : « Gagne la pour Anthoine ! » Tout le paddock pensait secrètement la même chose, tant elle était méritée et tant elle donnerait du beaume au coeur à une fraternité en deuil. Tout au long de la course, il fut impérial, ne commentant qu'une toute petite erreur sans conséquence. Mais au moment de monter sur le podium, il était difficile d'avoir le sourire : « Très difficile de savourer cette victoire avec ce qu'il s'est passé hier. C'est un rêve qui devient réalité. Depuis que je suis enfant, je rêve d'être pilote de F1, ce qui s'est réalisait l'an dernier, d'aller chez Ferrari, ce qui s'est passé cette année, et de gagner, ce qui a lieu aujourd'hui. »
Malgré tout, une telle performance ne peut effacer l'immense perte de la veille : « Perdre Anthoine hier m'a ramené en 2005, mon premier championnat de France, il était là. C'était Esteban (Ocon), Pierre (Gasly) et moi. Nous étions quatre enfants à rêver de Formule 1. Nous avons grandi ensemble, pendant des années en karting. C'est un gros choc pour moi. » Pour la première fois de sa carrière, il se retrouva dans la situation de perdre quelqu'un sur une piste sur laquelle il doit courir le lendemain : « Il est difficile de fermer la visière et de passer ces mêmes virages à la même vitesse que la veille. Mais c'est ce que vous devez faire. »
Cependant, sa course ne fut pas un long fleuve tranquille. Le premier accroc fut lorsqu'il sortit des stands derrière son coéquipier, Sebastian Vettel : « Après deux ou trois tours, j'ai vu qu'il y a un gros écart de rythme. J'avais donc confiance qu'on ne perdrait pas de temps ensemble. » Dans les derniers tours de la course, il n'eut pas le luxe de savourer, tant Lewis Hamilton lui mit la pression : « A chaque tour, mon ingénieur me donnait les écarts et il était vraiment rapide. J'étais à l'aise avec les tendres mais j'ai eu plus de mal avec les médiums. J'essayais de me concentrer et de ramener la voiture le plus vite possible. Un tour de plus, j'aurais eu du mal à le garder derrière moi. »
Il va désormais disposer de quelques jours, avant de plonger dans la folie de Monza en tant que pilote vêtu de rouge.
De notre envoyé spécial à Spa-Francorchamps
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