Un plafond des budgets mais...

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La révolution ne sera pas uniquement visuelle. Elle sera aussi financière.
© McLaren / La révolution ne sera pas uniquement visuelle. Elle sera aussi financière.
On en parle depuis des années, cela va désormais être une réalité : les équipes de F1 ne pourront pas dépasser un plafond des dépenses sur une saison. Mais aura-t-il le véritable effet escompté ?

Ca y est, nous y sommes. Le chiffre définitif a été adopté à l'unanimité : les équipes ne pourront pas dépenser plus de 175 millions de dollars pour développer leurs performances sur une saison de 21 Grand Prix. Il est prévu de faire évoluer ce chiffre d'un million de dollars pour toute course de plus ou de moins par rapport à cette référence, sachant qu'il est désormais possible pour Liberty Media d'adopter un maximum de 25 courses par saison. Avec déjà 22 épreuves prévues pour 2020, on peut d'ores et déjà considéré que les propriétaires de la F1 ne se priveront pas d'aller dans de nouvelles destinations lucratives.

Afin de réduire les coûts pour les équipes, il est ainsi prévu de revoir à la baisse le fort des week-ends, qui passeront de quatre jours (en comprenant le jeudi où les pilotes sont monopolisés par leurs différentes obligations envers les médias et les sponsors de leurs équipes) à seulement trois. A l'heure actuelle, il n'a pas été prévu de revoir à la baisse le nombre de séances mais cela pourrait être une piste de réflexion.

Cette recherche de réduction des coûts passe évidemment par la réglementation technique. A l'heure actuelle, l'un des plus gros centres de coûts concerne les unités de puissance hybrides. Afin d'en réduire le coût, il a été prévu par la FIA d'imposer une augmentation du poids minimum afin de permettre l'utilisation de matériaux moins onéreux qu'à l'heure actuelle tandis que les motoristes seront dans l'obligation de fournir exactement la même configuration à leur propre équipe qu'à leurs équipes clientes. L'élément le plus important est le gel des dépenses sur la boite de vitesses pour une période de cinq ans car les analyses ont prouvé que les équipes y consacraient aujourd'hui des sommes très importantes.

Si toutes ces restrictions sont mises en place, c'est que les dirigeants sont bien conscients qu'ils se doivent de proposer un spectacle attrayant et que le niveau des performances entre le haut et le fond de la grille doit être resserré pour éviter que trois équipes monopolisent les places sur le podium ou qu'une même équipe remporte les deux titres six saisons de suite.

Si l'effort est louable, il ne faut tout de même pas oublié que le plafond des budgets n'est pas une recette miracle. L'une des premières raisons est que bon nombre d'équipes actuelles n'atteignent pas cette somme ! C'est donc avant tout une restriction pour les grosses équipes, qui vont être contraintes de se séparer d'une partie de leur personnel.

De plus, ce plafond ne comprend ni le salaire des pilotes, ni celui des trois plus gros salaires de l'équipe (directeurs d'équipe, directeurs techniques...). Les équipes les plus riches pourront donc continuer à attirer les meilleurs pilotes, sans contrainte sur le reste du budget de recherche et développement. Nous ne sommes ici pas dans la situation de ce qui se passe dans les sports américains (basketball, baseball ou hockey) où c'est bien la masse salariale des joueurs qui est plafonnée pour éviter que tous les meilleurs joueurs se retrouvent dans un nombre limité d'équipes.

L'objectif est bien de limiter les dépenses liées aux performances, en rien envers les opérations marketing que les équipes peuvent mettre en place. De même, toutes les démonstrations publiques d'anciennes voitures ne rentrent pas dans ce plafond : l'idée n'est pas que les équipes se replient encore davantage sur elles-mêmes mais bien qu'elles continuent à aller toucher différents publics, comme cela a pu être le cas cette semaine sur Hollywood Boulevard.

Afin que les équipes puissent s'adapter à ce nouvel environnement, il a été prévu une mise en place progressive : le 31 mars 2021, les équipes volontaires pourront soumettre leurs comptes de la saison 2020 pour que les auditeurs établissent si elles avaient respecté le budget requis mais il n'y aura aucune sanction si tel n'était pas le cas. Les sanctions (qui peuvent aller de simples sanctions financières à une exclusion d'une course, voire du championnat) ne seront applicables qu'un an plus tard lorsque les équipes soumettront leurs comptes de la saison 2021. Il est ainsi fort probable que les équipes de pointe ne respecteront pas le budget sur la saison 2020 pour préparer au mieux la transition vers la nouvelle réglementation technique.

Alors un coup d'épée dans l'eau ou véritable révolution ? Seul l'avenir nous le dira.

Avec la participation de www.racingbusiness.fr
5 commentaires
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  1. Gravatar AP01
    AP01 Le 02/11/2019 à 07:29
    "L'une des premières raisons est que bon nombre d'équipes actuelles n'atteignent pas cette somme ! C'est donc avant tout une restriction pour les grosses équipes," MDR ! C'et bien, vous avez compris l'objectif du plafond des dépenses... Plus sérieusement, je repense à ceux qui; il y a quelques années, affirmaient que le plafonnement des budgets était impossible... De mon côté, je reconnais que je ne misait pas un köpek sur les ricains pour l'imposer. Mais cela va dans un sens de resserement des écarts et est donc cohérent. Leur tentative de travestir la F1, d'en modifier l'ADN et de rendre les courses artificielles, est toujours bien présent et heureusement que des équipes se sont opposées à la mise en test des grilles inversées ! On peut regretter que le plafonnement ne soit pas "tout inclus" car 175M$ par saison (hors tout le reste) constitue déjà une énorme gabgie qui ne présente absolument aucun intérêt sauf pour les ingénieurs qui font dépenser des millions pour des écrous de roues ! Stupide mais conforme au monde libéral et libéré ou les inégalités n'ont jamais été aussi grandes et la débilité aussi profonde que recherchée...
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  2. Gravatar Aifaim
    Aifaim Le 02/11/2019 à 11:18
    Je veux bien admettre le souhait affiché par la mesure. à sa bonne foi beaucoup moins et à son équité pas du tout. Gene Haas disait l'an passé que mettre une F1 sur ses roues, c'était 80 millions de dollars. On est dans la fourche(tte ?) La tentation sera grande - et le contrôle difficile !- de faire réaliser certaines études et recherches par un tiers dont la facture sera sans commune mesure avec l'investissement réel. C'est particulièrement vrai pour les motoristes. Qu'est-ce qui peut empêcher Mercedes - ou un autre - de faire concevoir certains éléments par un département de Mercedes "industrie"? Il existe aussi l'interpénétration des budgets de sponsors et de l'équipe. Il ne sera pas facile de contrôler qui paie quoi! Si Liberty Media s'acharne à diligenter des enquêtes, elles prendront du temps, certainement plusieurs années en tenant compte des procédures. Les classements au championnat resteront en suspens deux ou trois saisons ? Est-ce bien sérieux et surtout crédible ? Reste, à part, le problème du gel des boîtes de vitesses. Imaginons qu'un système prenne le pas sur les autres et ce sera un élément de domination pluriannuelle qui pendra au nez de la discipline... V6 Turbo@, au secours ! Tant pour nous en décortiquer l'affaire que ses conséquences! Il existerait pourtant des moyens pour calmer le jeu : que chaque découverte soit communiquée à la FIA qui, moyennant rétribution à l'inventeur par les utilisateurs soit disponible pour les autres concurrents. Cela existe déjà d'une équipe à une autre, il suffirait de l'ouvrir à tous. Une autre source d'économie serait l'absence - ou la réduction - de la recherche dans certains domaines, particulièrement la composition des pneumatiques. Comme autrefois, une seule gomme avec un cahier des charges d'une utilisation de deux heures sans perte importante de performances (ou une heure si on veut maintenir l'arrêt au stand obligatoire). Par ailleurs on sait que le vendredi en roulage est maintenu à la demande des organisateurs pour rentabiliser un peu leurs coûts et les retombées locales. Alors, allons plus loin : Allongeons les séances d'essais libres de 30mn au cours desquelles les chronos seront enregistrés. Au bout des trois séances, à partir des meilleurs temps cumulés, le plateau sera divisé en trois pour une séance de qualification de trois "Q3" en fonction des préqualifications. C'est une extrapolation de ce qui se passe en Moto GP.
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  3. Gravatar AP01
    AP01 Le 03/11/2019 à 08:07
    Compte tenu de la compétition et l'absence de tote moralité en F1 (entre autres) on pourra compter sur les délations (comme ce qu'il vient d'arriver avec RNO et son ex-employé) et des aides généreuses afin de mettre la FIA sur des pistes... L'épée de Damoclès limitera sans doute les dérives et les prmeières sanctions en remettront une couche. Quoi qu'il en soit, cela limitera les dérives actuelles qui n'ont aucun sens. Je rappelle néanmoins que l'argent ne fait pas tout en F1, comme dans les autres sports. Brawn a été CDM alors que l'écurie n'avait aucun moyen ou presque et qu'elle n'a pas été développée au cours de sa saison victorieuse...
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  4. Gravatar Aifaim
    Aifaim Le 03/11/2019 à 10:52
    Brawn n'avait pas "aucun moyen", c'est Button qui le dit. S'il en avait moins que d'autres, c'est que Honda avait payé la conception de la nouvelle voiture en 2008. En excellent ingénieur qu'il était, Brawn avait conçu le double diffuseur qui donnait en début de saison autant d'avantage que l'effet de sol introduit dans le passé par Colin Chapman. Comme il s'agissait en 2009 d'une nouvelle réglementation, tout le monde tâtonnait. Chez Brawn, le souci venait du moteur Mercedes implanté dans une monoplace conçue pour le Honda... et il n'y avait pas grand chose à améliorer. L'écurie a donc vécu sur son avance et s'est fait rattraper petit à petit notamment par RedBull et Newey. En fin de saison, la Brawn avait bien reculé et le temps perdu ne se récupérant pas, il a été très profitable de vendre l'écurie à Mercedes. En résumé, la Brawn est née du talent d'un grand ingénieur qui disposait de crédits quasi illimités provenant de Honda. L'erreur de Brawn a été de ne pas faire évoluer la monoplace tandis qu'un aussi brillant ingénieur, Newey, soutenu par les fonds de RedBull avait refait son retard en fin d'année.
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  5. Gravatar AP01
    AP01 Le 03/11/2019 à 11:20
    Oui, c'est vrai, Honda a donné entre 100 et 200M$ (les montants diffèrent selon les sources)à Brawn pour la saison 2009 et le développement avait été fait en 2008. Il n'en demeure pas moins que d'autres écuries avaient des budgets bien plus importants et l'astuce trouvée (grâce à une faille dans le règlement) avec le double-diffuseur aurait pu être trouvée par une autre écurie avec moins de moyens financiers. Montpellier a été CDF de football avec un budget ridicule (entre le 10ème et le 15ème de L1) face aux centaines de millions du PSG, l'un des club les plus riches d'Europe... On voit bien que RNO, par exemple, est bien en-deça de son potentiel financier. Et je doute que le recrutement de Pat Fry soit la véritable solution à leurs problèmes.
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