La F1 et le WEC sont les deux disciplines phares du sport automobile. Si proches et si éloignées à la fois, les deux mondes sont passionnants de par leur singularité respective. Mais l'Endurance, d'ici quelques années, pourrait mettre la F1 à mal.
En 2023 et 2024, les passionnés de sport automobile devront se pincer pour y croire : l'édition du centenaire des 24 Heures du Mans réunira neuf marques en Hypercar, puis onze l'année suivante, à l'heure d'écrire ces lignes.
Sont actuellement confirmés en catégorie reine pour 2024 : Toyota, Glickenhaus, Vanwall, Peugeot et Ferrari (LMH) puis Porsche, Acura, Cadillac, Alpine, Lamborghini et BMW (LMDh). En attendant peut-être Aston Martin et McLaren !
Sans compter d'autres changements, les courses du championnat du monde d'endurance redeviennent attractives pour les équipes et les constructeurs.
Pendant ce temps, la Formule 1 se prépare à une énième mue d'ici 2026, sur les moteurs et les voitures. La catégorie reine a d'ailleurs réussi à convaincre Porsche de venir, tout comme Audi, qui a délaissé son programme LMDh pourtant en route.
Il est désormais bon de dire que la guerre est lancée entre les deux disciplines...mais laquelle pourrait tirer son épingle du jeu ?
F1 comme WEC ont connu des périodes glorieuses comme plus ternes. Dans le cas de la première citée, son âge d'or est le plus souvent placé dans les années 80-90, à l'époque où construire des monstres de puissance était aussi bien à la portée des grandes marques que des artisans.
Pour l'endurance, comment ne pas associer âge d'or au Groupe C ? C'était d'ailleurs la seule époque où les courses ne comptaient que des prototypes, la plupart atteignant les 400 km/h dans les Hunaudières.
La fuite des constructeurs avait déjà imposé un remaniement des catégories, pour donner naissance au LMP900, puis le LMP1.

© Audi / Le départ d'Audi du LMP1, en 2016, a contribué à une remise en question de l'endurance.
Les choses étaient quelque peu différentes en Formule 1 : avec un spectacle en berne (dominations sans partage, championnats joués à l'avance), les voitures ont aussi perdu de leur charisme. Plus de bruit assourdissant, la mise en place de l'économie d'énergie et des dépassements soit inexistants soit trop faciles...la discipline reine s'est aussi perdue dans un intérêt décroissant.
Elle s'est évertuée à pondre des règlements sportifs souvent lunaires (cf. 2016 et l'interdiction aux ingénieurs d'aider leur pilote, en ayant pris au mot le reproche de pilotes "téléguidés").
Fort heureusement, de bonnes mesures ont été prises depuis : budgets plafonnés pour une meilleure équité, un règlement 2022 très réussi et de futurs moteurs qui pourraient redonner de la puissance visuelle et sonore aux monoplaces. C'est ainsi que Porsche et Audi se sont décidés à faire le grand saut en 2026.
Les sports automobiles retrouvent, en quelque sorte, une saveur d'antan : les meilleures marques et partenaires veulent investir et s'engager. Mais, dans les années à venir, beaucoup d'éléments pourraient départager les deux championnats...à l'avantage certain du WEC.
Pour le moment, la Formule 1 est le sport automobile le plus populaire. De plus en plus de pays veulent leur place au calendrier, les promoteurs affluent comme des mouches et les Grand Prix ont retrouvé de l'intérêt.

© Red Bull / Le règlement 2022 porte ses fruits et redonne aux spectateurs le goût de la F1
Le bât blesse sur plusieurs aspects. En premier lieu sur le point financier. Force est de reconnaître que la catégorie a bien compris qu'une explosion des coûts n'était qu'une porte ouverte vers les ennuis (et l'ennui tout court à terme).
Mais tout nouvel arrivant doit débourser 200 millions d'euros (soit plus que le plafond budgétaire actuel) pour entrer en F1. Incompréhensible, même si c'est dans l'optique de ne pas fâcher ceux qui sont déjà là.
Imaginez le cauchemar pour la F1 de perdre ses équipes d'usine, telles que Mercedes, Ferrari, Alpine-Renault et Aston Martin. Déjà qu'Honda est parti l'an dernier...Les équipes et sponsors ne s'y trompent pas : la visibilité et la popularité de la F1 sont une mine d'or. Pas question de lâcher cela, sachant qu'il n'a jamais été aussi rentable que d'avoir une écurie de F1.
Les départs en masse étaient arrivé au LMP1 (Nissan, Audi et Porsche, laissant Toyota seul au monde). C'est d'ailleurs en cela que l'Hypercar (entre autres exemples développés plus bas) pourrait marquer la folle montée en puissance de l'endurance.
Lorsqu'il est dit à un constructeur qu'il peut créer une voiture de course avec une grande liberté esthétique, que le budget n'est que d'un bon dixième de celui d'une P1 et qu'il peut courir partout dans le monde...comment ne pas le convaincre ? Sachant que la liberté esthétique est bien plus grande qu'en F1.
L'ACO et le WEC ont pris un parti basé sur le bon sens, qu'il soit financier et sportif. Permettre au peloton de s'étoffer et que ses acteurs puissent, à moindre coût, se battre à armes à peu près égales. Mieux encore, l'ACO et l'IMSA feront chambre commune, pour permettre à tous de courir partout.
La Formule 1, en revanche, ne veut pas prendre trop de risques et se verrouille à double tour pour les années à venir. Pas question, tant mieux d'ailleurs, de se laisser aller à la fusion avec la Formula E.
Sur l'état d'esprit, il a suffi de voir l'exemplaire sportivité de Toyota ces dernières années. Devenue la seule usine engagée, aux côtés des privés, la marque japonaise a accepté de brider ses performances pour permettre, ne serait-ce qu'un peu, remettre du piment en tête du général.
En Formule 1, c'est plus rare. La patte américaine de Liberty Media a fait beaucoup pour relancer l'attrait du sport...au détriment de son authenticité. On y sent un relatif cinéma où peu de choses sont spontanées. Cela fait fuir les puristes et attire les fans de téléréalité...oh, oh !
S'il y avait une course à la popularité entre F1 et WEC, il faudrait voir leurs effets une fois tous les changements opérés.
La F1, normalement, pourrait compter six motoristes en 2026 (du jamais vu depuis 2009) : Mercedes, Ferrari, Red Bull PowerTrains (si Honda ne décide pas de revenir), Renault, Audi et Porsche. Un beau plateau, avec des moteurs simplifiés et enfin dotés d'un vrai bruit.
Mais, en 2024, le WEC aura fini sa métamorphose : 11 constructeurs en Hypercar, de nouvelles LMP2 (dont on ne connaît pour l'instant pas les contours) et l'arrivée du GT3 avec sa ribambelle de marques.
L'endurance aura pris un peu d'avance, si tant est que les championnats de F1 ne produisent pas (et c'est peu probable) des scénarios passionnants. Il faut rappeler que la refonte technique de 2022 permet enfin aux pilotes de se suivre, rendant les courses plus plaisantes. Ainsi, la Formule 1 restera un pas devant sa série rivale.
Finalement, le WEC pourrait non pas doubler la F1, mais se mettre à ses côtés pour savoir laquelle des deux compétitions est la discipline reine du sport automobile.
Cet avis dépend des points de vue de chacun : celui des pilotes, des constructeurs, des sponsors...et bien entendu des passionnés.
On ne demande qu'à voir !
Sont actuellement confirmés en catégorie reine pour 2024 : Toyota, Glickenhaus, Vanwall, Peugeot et Ferrari (LMH) puis Porsche, Acura, Cadillac, Alpine, Lamborghini et BMW (LMDh). En attendant peut-être Aston Martin et McLaren !
Sans compter d'autres changements, les courses du championnat du monde d'endurance redeviennent attractives pour les équipes et les constructeurs.
Pendant ce temps, la Formule 1 se prépare à une énième mue d'ici 2026, sur les moteurs et les voitures. La catégorie reine a d'ailleurs réussi à convaincre Porsche de venir, tout comme Audi, qui a délaissé son programme LMDh pourtant en route.
Il est désormais bon de dire que la guerre est lancée entre les deux disciplines...mais laquelle pourrait tirer son épingle du jeu ?
Les crises n'ont épargné aucun championnat
F1 comme WEC ont connu des périodes glorieuses comme plus ternes. Dans le cas de la première citée, son âge d'or est le plus souvent placé dans les années 80-90, à l'époque où construire des monstres de puissance était aussi bien à la portée des grandes marques que des artisans.
Pour l'endurance, comment ne pas associer âge d'or au Groupe C ? C'était d'ailleurs la seule époque où les courses ne comptaient que des prototypes, la plupart atteignant les 400 km/h dans les Hunaudières.
La fuite des constructeurs avait déjà imposé un remaniement des catégories, pour donner naissance au LMP900, puis le LMP1.

Les choses étaient quelque peu différentes en Formule 1 : avec un spectacle en berne (dominations sans partage, championnats joués à l'avance), les voitures ont aussi perdu de leur charisme. Plus de bruit assourdissant, la mise en place de l'économie d'énergie et des dépassements soit inexistants soit trop faciles...la discipline reine s'est aussi perdue dans un intérêt décroissant.
Elle s'est évertuée à pondre des règlements sportifs souvent lunaires (cf. 2016 et l'interdiction aux ingénieurs d'aider leur pilote, en ayant pris au mot le reproche de pilotes "téléguidés").
Fort heureusement, de bonnes mesures ont été prises depuis : budgets plafonnés pour une meilleure équité, un règlement 2022 très réussi et de futurs moteurs qui pourraient redonner de la puissance visuelle et sonore aux monoplaces. C'est ainsi que Porsche et Audi se sont décidés à faire le grand saut en 2026.
Les sports automobiles retrouvent, en quelque sorte, une saveur d'antan : les meilleures marques et partenaires veulent investir et s'engager. Mais, dans les années à venir, beaucoup d'éléments pourraient départager les deux championnats...à l'avantage certain du WEC.
La liberté technique ou le prestige : que choisir ?
Pour le moment, la Formule 1 est le sport automobile le plus populaire. De plus en plus de pays veulent leur place au calendrier, les promoteurs affluent comme des mouches et les Grand Prix ont retrouvé de l'intérêt.

Le bât blesse sur plusieurs aspects. En premier lieu sur le point financier. Force est de reconnaître que la catégorie a bien compris qu'une explosion des coûts n'était qu'une porte ouverte vers les ennuis (et l'ennui tout court à terme).
Mais tout nouvel arrivant doit débourser 200 millions d'euros (soit plus que le plafond budgétaire actuel) pour entrer en F1. Incompréhensible, même si c'est dans l'optique de ne pas fâcher ceux qui sont déjà là.
Imaginez le cauchemar pour la F1 de perdre ses équipes d'usine, telles que Mercedes, Ferrari, Alpine-Renault et Aston Martin. Déjà qu'Honda est parti l'an dernier...Les équipes et sponsors ne s'y trompent pas : la visibilité et la popularité de la F1 sont une mine d'or. Pas question de lâcher cela, sachant qu'il n'a jamais été aussi rentable que d'avoir une écurie de F1.
Les départs en masse étaient arrivé au LMP1 (Nissan, Audi et Porsche, laissant Toyota seul au monde). C'est d'ailleurs en cela que l'Hypercar (entre autres exemples développés plus bas) pourrait marquer la folle montée en puissance de l'endurance.
Lorsqu'il est dit à un constructeur qu'il peut créer une voiture de course avec une grande liberté esthétique, que le budget n'est que d'un bon dixième de celui d'une P1 et qu'il peut courir partout dans le monde...comment ne pas le convaincre ? Sachant que la liberté esthétique est bien plus grande qu'en F1.
L'ACO et le WEC ont pris un parti basé sur le bon sens, qu'il soit financier et sportif. Permettre au peloton de s'étoffer et que ses acteurs puissent, à moindre coût, se battre à armes à peu près égales. Mieux encore, l'ACO et l'IMSA feront chambre commune, pour permettre à tous de courir partout.
La Formule 1, en revanche, ne veut pas prendre trop de risques et se verrouille à double tour pour les années à venir. Pas question, tant mieux d'ailleurs, de se laisser aller à la fusion avec la Formula E.
Sur l'état d'esprit, il a suffi de voir l'exemplaire sportivité de Toyota ces dernières années. Devenue la seule usine engagée, aux côtés des privés, la marque japonaise a accepté de brider ses performances pour permettre, ne serait-ce qu'un peu, remettre du piment en tête du général.
En Formule 1, c'est plus rare. La patte américaine de Liberty Media a fait beaucoup pour relancer l'attrait du sport...au détriment de son authenticité. On y sent un relatif cinéma où peu de choses sont spontanées. Cela fait fuir les puristes et attire les fans de téléréalité...oh, oh !
Des échéances différentes
S'il y avait une course à la popularité entre F1 et WEC, il faudrait voir leurs effets une fois tous les changements opérés.
La F1, normalement, pourrait compter six motoristes en 2026 (du jamais vu depuis 2009) : Mercedes, Ferrari, Red Bull PowerTrains (si Honda ne décide pas de revenir), Renault, Audi et Porsche. Un beau plateau, avec des moteurs simplifiés et enfin dotés d'un vrai bruit.
Mais, en 2024, le WEC aura fini sa métamorphose : 11 constructeurs en Hypercar, de nouvelles LMP2 (dont on ne connaît pour l'instant pas les contours) et l'arrivée du GT3 avec sa ribambelle de marques.
L'endurance aura pris un peu d'avance, si tant est que les championnats de F1 ne produisent pas (et c'est peu probable) des scénarios passionnants. Il faut rappeler que la refonte technique de 2022 permet enfin aux pilotes de se suivre, rendant les courses plus plaisantes. Ainsi, la Formule 1 restera un pas devant sa série rivale.
Finalement, le WEC pourrait non pas doubler la F1, mais se mettre à ses côtés pour savoir laquelle des deux compétitions est la discipline reine du sport automobile.
Cet avis dépend des points de vue de chacun : celui des pilotes, des constructeurs, des sponsors...et bien entendu des passionnés.
On ne demande qu'à voir !