Michael Masi revient sur le Grand Prix d'Abou Dhabi 2021 et les menaces de mort reçues
F1. Michael Masi s'est enfin livré sur ce qu'il a vécu à la suite de sa décision au Grand Prix d'Abou Dhabi en 2021. Les menaces de mort, son chemin vers la guérison et ses projets futurs, l'ancien directeur de course de F1 fait le point.
L'Australien responsable de la décision la plus controversée de l'histoire de la Formule 1 est revenu sur cet épisode pour News Corp. L'ancien directeur de course révèle qu'il a reçu des menaces de mort et a eu peur pour sa vie après la perte du titre de champion du monde de Lewis Hamilton à Abou Dhabi.
Michael Masi a brisé un long silence de sept mois pour raconter ce qu'il a traversé après cette décision qui a changé le cours de sa vie. Décision qui avait mis fin aux espoirs de Lewis Hamilton de glaner son huitième titre de champion du monde.
Dans un entretien exclusif accordé au Daily Telegraph, un journal australien, Michael Masi a admis qu'il avait peur de marcher dans la rue après les menaces de morts et les messages haineux reçus.
Elevé par sa grand-mère à Fairfield, dans la banlieue de Sydney, l'Australien qui avait décroché le travail de ses rêves, est devenu « l'homme le plus détesté dans le monde » lorsqu'il a pris une décision pénalisant Lewis Hamilton en décembre dernier.
« Il y a eu des jours sombres. Et bien sûr, j'ai senti que j'étais l'homme le plus détesté à travers le monde. J'ai reçu des menaces de mort. Des personnes disaient qu'elles allaient s'en prendre à moi et ma famille. » déclare Masi. « Je marchais dans les rues de Londres, un ou deux jours plus tard. J'ai pensé que tout allait bien jusqu'à ce que je regarde autour de moi. Je dévisageais les gens en me demandant s'ils allaient s'en prendre à moi. »
En arrivant à la dernière course de la saison 2021, qui était le final le plus attendu de l'histoire de la Formule 1, avec Lewis Hamilton et Max Verstappen tous deux à égalité de points, le futur de Michael Masi semblait brillant... Jusqu'au 51ème tour.
La décision
Le directeur de Mercedes, Toto Wolff prenait son casque et criait : « Non Michael. Non Michael. Non. Cela n'est pas juste. Michael... Qu'est ce que c'était que ça ? »
Le pilote de Toto Wolff, Lewis Hamilton, venait juste de perdre le titre de champion du monde après ce qui est devenu la décision la plus controversée de l'histoire du sport. Tout a commencé au 51ème tour lorsque Nicholas Latifi a perdu le contrôle de sa monoplace.
Masi a appelé la voiture de sécurité, comme il le devait. Et sept tours plus tard, lorsque la piste était dégagée, il a relancé la course, comme il le devait également. Mais Masi a également autorisé les cinq voitures retardataires entre le leader, Lewis Hamilton, et le deuxième de la course, Max Verstappen, à reprendre le tour de retard.
Le fait d'enlever les voitures entre le Britannique et le Néerlandais, qui avait des pneus plus frais après être passé par la voix des stands sous le régime de la voiture de sécurité, a inévitablement permis à Verstappen de chasser Hamilton avant de le dépasser pour clamer son premier titre de champion du monde.
La conversation entre Toto Wolff et Michael Masi a été diffusée devant 108 millions de personnes. « Toto, c'est ce que l'on appelle la course automobile. » a répondu Masi à la radio. « Nous faisons de la course automobile »
Masi savait que sa décision allait être remise en question, mais il ne pouvait pas imaginer ce qui allait suivre, à savoir le début des menaces de mort, et la perte de son travail dont il avait rêvé étant plus jeune.
Les menaces de morts
Masi décrochait son téléphone plus tard lors de cette nuit-là. Ayant connaissance des actions de Toto Wolff et de Mercedes qui demandaient à ce qu'il rende des comptes, Masi voulait appeler sa famille pour leur faire savoir qu'il allait bien.
« Heureusement, je n'ai pas de compte Instagram. » a déclaré Masi. « Ou même Twitter. Je n'ai rien de cela. Je suis de la vieille école. En revanche, j'ai un compte Facebook, que j'utilisais pour rester en contact avec la famille et mes amis. Cette nuit-là, j'ai ouvert les messages. Je ne pensais pas qu'il était possible de recevoir des messages de personnes dont je ne connaissais même pas l'existence. J'avais tord. J'ai été confronté à des centaines de messages. Je ne dirais pas des milliers, mais des centaines. »
« Et c'était choquant. Des messages racistes, abusifs, abominables. Ils me traitaient de tout les noms. Et il y avait des messages de menaces de mort. Les gens disaient qu'ils allaient me faire du mal à ma famille et à moi. Et ça continuait. Plus seulement sur Facebook, mais aussi sur LinkedIn, qui est supposé être une plateforme professionnelle. C'était le même type d'abus. »
Masi a essayé d'ignorer ces messages. Il a arrêté de les lire et essayé de les faire sortir de son esprit. « Au début, j'ai juste pensé que je pouvais les ignorer et passer à autre chose, car je savais que cela pouvait vraiment m'affecter moralement. J'ai essayé de me couper de ça mentalement, et j'ai pensé que je pouvais le faire. »
« J'ai presque tout gardé pour moi. » ajoute Masi. « J'en ai parlé à quelques personnes, mais vraiment pas beaucoup. Je ne voulais pas inquiéter ma famille et mes amis. Les employés de la FIA étaient au courant, mais je pense que j'ai minimisé l'ampleur que cela prenait auprès de tout le monde, eux inclus. »
Sa mise à pied et un nouveau départ
Masi est retourné travailler en janvier 2022. Il s'est déplacé en Arabie Saoudite pour inspecter un circuit et a fait du mieux qu'il pouvait pour ignorer la tempête dans laquelle il se trouvait. Il a été mis à pied le 16 février par la FIA après un entretien à Genève.
Masi a alors retrouvé l'Australie et a commencé à mener un combat pour sa santé mentale. « Je ne voulais parler à personne » ajoute Masi. « Pas même à ma famille ou même mes amis. Je parlais uniquement à ma famille proche, mais assez brièvement. J'ai perdu l'appétit. J'ai entendu dire que des personnes devenaient de bons mangeurs dans ces moments-là, mais je ne mangeais que très peu. Cela a eu un impact physique bien sûr, mais c'était plus moral. Je voulais juste être dans une bulle. Je n'avais envie de parler à personne. Je voulais être seul, et c'était très difficile. »
« J'ai mis du temps à réaliser. Mais au final, je pense que c'était la meilleure décision pour moi. Rentrer à la maison et être proche des personnes qui me soutenaient. Je ne suis pas allé voir de psychologue. Mais avec le recul, j'aurais peut-être dû. Il aurait fallu que j'y aille, et que j'en parle. Mais j'avais des personnes incroyables autour de moi qui voyaient comment j'allais, et qui prenaient des nouvelles quotidiennement. J'ai vraiment été chanceux de pouvoir compter sur mon entourage »
Masi ne peut pas parler de la décision prise à Abou Dhabi à cause d'une clause de confidentialité qu'il a avec la FIA, mais il peut parler de son futur.
« Toute cette expérience a fait de moi quelqu'un de beaucoup plus fort. J'ai eu la plus longue période de repos de toute ma carrière. Et je m'en suis servi pour me rapprocher de ma famille et mes amis. Je me suis également recentré sur moi-même. »
« J'ai un grand nombre d'options excitantes pour le futur. Je considère différentes offres, différents projets que cela soit en Australie ou à l'étranger. J'ai l'intention de rester à l'étranger (Hors d'Australie), et d'utiliser les compétences que j'ai acquises au cours de cette magnifique aventure, dont je suis extrêmement fier. »
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