Il y a 51 ans, Charade accueillait une dernière fois la F1
La 2 juillet 1972, le circuit de Charade était l'hôte du Grand Prix de France pour la quatrième et dernière fois. Au terme de cette course, remportée par Jackie Stewart, Helmut Marko doit tirer un trait sur sa carrière.


51 ans déjà. Depuis 1972, le toboggan auvergnat a bien changé et s'est offert un lifting. La voie des stands est désormais matérialisée et séparée de la piste par un mur en béton. Une « tour de contrôle » a pris place dans le paddock. Les champs où se garaient les camions sont dorénavant en goudron. Mais le changement le plus remarquable, c'est au niveau du tracé lui-même. À l'époque, le circuit de Charade, c'était 8 kilomètres à travers la forêt et sur les collines des volcans d'Auvergne, là où aujourd'hui, il ne dépasse pas les 4 kilomètres.
Devant 50.000 personnes
Le 2 juillet 1972, les courbes naturelles du circuit accueillent une dernière fois une foule impressionnante. Sauf que ce jour-là, les Auvergnats ne le savent pas encore. Sur ce site, considéré comme « le plus beau du monde » par Henri Pescarolo ou encore Jacky Ickx, un drame va sonner sa fin.
À lire aussi : Charade, le plus beau circuit du monde
Devant plus de 50.000 personnes - un record pour une course de F1 à Charade - les pilotes s'élancent sur une piste de « caractère », dixit Henri Pescarolo. Dans un cadre qui ne respecte plus aucune norme de sécurité aujourd'hui, ce sont des « Vikings », des « gladiateurs » qui s'élancent. Avec un Chris Amon en tête de file. L'Australien restera d'ailleurs à jamais dans la légende de Charade. À bord de sa Matra, il réalise la pole position. Un record qui ne pourra plus être amélioré.
Les bas-côtés du circuit font beaucoup parler. Et beaucoup de casse. François Cevert, Henri Pescarolo fracassent tous les deux leur monoplace lors des essais. Le premier parvient à prendre le départ le dimanche. Pas le second. En course, les pièges du circuit font encore des dégâts.
« Quand on est sur des circuits comme Charade, le pilote sait qu’il ne peut pas se permettre de jouer avec les limites de piste et il doit respecter le tracé. La moindre sortie est un danger permanent », nous racontait le regretté Patrice Besqueut, historien du circuit, en 2021.
À lire aussi : Charade reprend des couleurs d'antan
Au fil des passages, les roues XXL des voitures projettent des petits cailloux sur la trajectoire. Pendant le Grand Prix, c'est la même chose. De nombreux pilotes voient leurs gommes souffrir voire crever. L'homme le plus rapide de l'histoire de Charade en fait les frais. Toutefois, cela ne l'empêche pas de terminer sur le podium.
Helmut Marko doit stopper sa carrière ici
L'Australien s'en tire bien. Même s'il aurait pu rêver mieux, un autre homme parmi les 24 courageux à s'élancer, n'a pas autant de chance. Helmut Marko, au huitième tour de course doit arrêter sa BRM, son Grand Prix et sa carrière. Alors qu'il était en lutte vers l'homme en route vers son premier titre mondial, Emerson Fittipaldi, l'Autrichien reçoit une pierre dans son casque.
Cette dernière transperce la visière et lui crève un oeil. Le sort du vainqueur des 24 heures du Mans 1971 décide du futur de Charade. Bien que d'importants travaux de rénovation et d’aménagement sont entrepris, les pilotes se réunissent. Ils décident que les huit kilomètres de bitumes sur les hauteurs de Clermont-Ferrand sont trop dangereux.
Ces 24 gladiateurs préfèrent s'affronter sur le tout nouveau circuit Paul-Ricard ou celui de Magny-Cours, qui viendra s'ajouter à la longue liste de pistes tricolores utilisées par la F1.
Ce tragique drame est malheureusement l'événement que l'on retient de cette der' des monoplaces à Charade. La victoire de Jackie Ickx et la domination de Chris Amon ont été « oubliées » de la mémoire collective. Mais, ces deux hommes resteront à jamais gravés dans l'histoire du circuit. Et quoi qu'il s'y passe, il sera toujours considéré comme « le plus beau du monde ». Et des passionnés continueront de l'entretenir et partager les événements qui s'y sont déroulés.