F1

Entretien exclusif avec Günther Steiner

A l'occasion du Grand Prix des Etats-Unis, nous avons pu passer en revue tous les sujets avec Günther Steiner, le directeur de l'équipe Haas : la nouvelle voiture, l'arrivée d'une nouvelle équipe, le budget cap, les pilotes, les sponsors... Vous saurez tout !

Logo Mi mini
Rédigé par Par
Günther Steiner s'est assi avec notre envoyé spécial dans le paddock d'Austin
© Overtake/Motors Inside / Günther Steiner s'est assi avec notre envoyé spécial dans le paddock d'Austin

Nous sommes ici à Austin, le Grand Prix des Etats-Unis. Est-ce encore un week-end spécial pour vous ?
« Oui les courses aux Etats-Unis sont toujours très chargées, surtout ce week-end puisque nous avons notre nouveau package d'améliorations. C'est une bonne chose quand il se passe beaucoup de choses. »

Comment jugez-vous votre saison jusqu'à présent alors que vous êtes repassés à la neuvième place au championnat Constructeurs ?
« Pas assez bonne. Nous sommes bien partis mais nous n'avons fait aucun progrès, contrairement à tous les autres. Ca n'a été notre plus gros handicap cette année car nous n'avons pas réussi à trouver de la performance. C'est pour ça que nous avons pris la grande décision d'apporter autant de mises à jour aussi tard dans la saison. Si nous avions été mieux positionnés, nous n'aurions pas amener une telle évolution à seulement cinq courses de la fin. »

Peut-on considérer que vous venez de lancer la monoplace de 2024 ?
« Non ! Nous avions déjà décidé de changer le concept de la monoplace en 2024. Nous avons réalisé où nous en étions au championnat et nous avons décidé d'aller dans cette direction dès cette année pour en apprendre le plus possible pour le développement de la voiture de l'année prochaine. Si nous apprenons des choses maintenant, nous avons encore le temps pour introduire beaucoup de nouveautés pour février l'an prochain. Nous devions faire un bond en avant et être déjà dans la direction que nous voulons suivre pour l'année prochaine. »

Vous avez expliqué que vous lanciez ce nouveau concept car vous n'arriviez pas à trouver de la performance avec l'ancien concept. Quand avez-vous vu décider de lancer un nouveau concept ? Est-ce que vous avez pu lancer ces améliorations car vous aviez économisé de l'argent par manque de nouveautés sur l'ancien ?
« Pas assez tôt ! Nous n'avons pas économisé de l'argent pour cette nouvelle voiture. Nous nous sommes retrouvés dans cette situation car nous avons développé l'ancien pendant quatre mois et nous avons trouvé très peu de performance. Nous avons dépensé l'argent de développement mais nous n'avons rien trouvé. Nous n'allions donc pas dépenser de l'argent pour produire de nouvelles pièces que nous savions qui ne nous apporterait rien du tout. Ce n'est pas comme si nous n'avions pas d'argent, c'est que nous n'avions pas de performance. Nous avons donc fait une grosse amélioration. »

En parlant de budget, la FIA vient de vous accorder 20 millions de dollars supplémentaires en dépenses capitalistiques (NDLR : de 45 à 65 millions de dollars pour la saison 2024). Est-ce que vous allez pouvoir dépenser cette somme supplémentaire ?
« Cela ne nous aide pas vraiment. Sur le court et moyen terme, nous allons rester avec la structure actuelle et notre business modèle. Nous n'avons donc pas besoin de faire de gros investissements d'un point de vue capital. Si vous voulez investir 20 millions pour améliorer la performance de la voiture, cela va prend du temps. Je ne pense pas que tout le monde va sauter sur l'opportunité de pouvoir dépenser plus de 50 millions par saison. Quelqu'un (NDLR : James Vowles de Williams) voulait plus d'argent pour investir, aller jusqu'à 100 millions. Dépenser est facile mais investir est compliqué. C'est facile d'acheter des choses, de nouvelles machines. Chaque fois que vous faites un investissement capitalistique, vos dépenses opérationnelles augmentent : si vous achetez une nouvelle machine, vous avez besoin de personnes pour l'utiliser et en faire quelque chose. »

Par rapport aux dépenses opérationnelles, est-ce que vous êtes au maximum du plafond autorisé ?
« Nous sommes un peu en-dessous cette année. Nous avons fait notre budget puis le plafond a été augmenté à cause de l'inflation. Nous sommes donc un peu en dessous. »

Vous parliez de votre structure actuelle, avec une usine aux Etats-Unis, une au Royaume-Uni et une autre chez Ferrari. Avez-vous besoin de garder ces trois structures ou pensez-vous optimiser cela ?
« Le siège social est aux Etats-Unis et nous courrons sous une licence américaine. Nous avons toute notre administration et de beaucoup de machines ici. Cette partie fonctionne très bien, il n'y a pas de raisons de la changer. Nous avons beaucoup de synergies avec le reste des activités sportives de Haas : ici, nous avons nos RH, notre département finance car comme nous sommes une entreprise enregistrée aux Etats-Unis et nous devons donc respecter la réglementation locale. Le bâtiment est grand mais nous n'avons que 20-25 personnes aux Etats-Unis. Nous y sommes habitués car nous sommes nés comme cela. Depuis le premier jour, nous avons fonctionné de cette manière, nous n'avons pas eu besoin d'apprendre à fonctionner de cette manière. »

Aujourd'hui, vous êtes la seule équipe américaine. Une autre frappe à la porte mais vous avez déclaré que vous n'étiez pas en faveur de l'arrivée d'une nouvelle équipe.
« Tout d'abord, je pense que je ne suis pas le seul à ne pas y être favorable. Je suis peut-être l'un des rares à le dire publiquement. Peu importe que l'équipe arrive des Etats-Unis ou d'ailleurs. Mais en quoi est-ce que cela augmente notre business ? Cela ne le fait vraiment pas. En tout cas, on ne me l'a pas expliqué. Que l'on reçoive tous 20 millions de dollars en une fois n'est vraiment pas intéressant. Nous sommes une entreprise : en tant qu'entreprise, si on vous propose quelque chose qui n'est pas intéressant, vous dites simplement non. Mais nous n'avons pas de vote ! Nous donnons simplement notre avis. »

Nous avons désormais trois courses aux Etats-Unis mais nous ne voyons pas beaucoup de nouveaux sponsors américains rejoindre la F1 et votre équipe en particulier.
« Nous avons tout de même pas mal de sponsors américains : Haas Automation (NDLR : propriétaire de l'équipe), MoneyGram (sponsor-titre) et Chipotle. La majorité de nos revenus vient de sponsors américains. Oui la tendance du nombre de spectateurs aux Etats-Unis est en croissance. MoneyGram a été très malin car ils sont arrivés dès le début. Mais les gros sponsors, les grandes entreprises veulent d'abord voir si cela va rester dans le temps. Elles ne réagissent pas très vite. Elles doivent tout analyser avant de faire quelque chose parce qu'elles doivent faire le risque. Nous ne sommes qu'au début. On peut dire que ça a commencé à décoller il y a cinq ans mais le vrai décollage n'a eu lieu qu'il y a deux ou trois ans et ça va continuer. »

En parlant de sponsors, vous avez actuellement un moteur Ferrari. Alfa Romeo doit quitter son équipe actuelle (NDLR : rachetée par Audi). Avez-vous des discussions avec eux ?
« Je ne peux pas parler pour Alfa Romeo. C'est à eux de décider ce qu'ils veulent faire en Formule 1 mais nous voulons conserver le nom Haas en tant que châssis pour les années à venir. »

Vous misez sur la stabilité pour 2024 avec deux pilotes expérimentés. Comme la réglementation sera stable en 2025, est-ce qu'on peut considérer que vous avez déjà votre line-up pour 2025 ?
(éclats de rire) « C'est beaucoup trop tôt ! Il n'y a aucune urgence. Faire venir des jeunes pilotes est très risqué. McLaren l'a très bien fait avec ses deux pilotes. Ils ont pris un gros risque avec les deux et les deux sont très bons. Liam Lawson a fait du bon travail chez AlphaTauri. Ce n'est pas si facile et je ne suis pas pressé. »

De notre envoyé spécial à Austin

Dans cet article
Votre commentaire
Merci de choisir un pseudo.
Votre email est obligatoire pour valider votre commentaire.
Vous avez déjà un compte ?
Me connecter
Vous recevrez un e-mail de vérification pour publier votre commentaire.
Commentaire en attente de publication. Un email vous a été envoyé.
Le formulaire n'est pas valide.
Haut {{message_merci}}