Un ancien champion du monde propose une approche plus indulgente concernant les jurons en F1
Depuis la fin de la saison dernière, les insultes de certains pilotes ont été au cœur des discussions chez la FIA. Pour résoudre cette question, Allan McNish propose de parler calmement aux pilotes. Une déclaration qui s'oppose à celle promulguée par la FIA qui a récemment instauré des règles beaucoup plus strictes.


En l'absence de voitures sur la piste, la F1 continue de proposer du spectacle en coulisses. En effet, la question des jurons est récemment revenue sur la table après les déclarations d'Allan McNish. L'ancien pilote Toyota en F1, triple vainqueur des 24 Heures du Mans et champion du monde d'endurance 2013, a déclaré qu'une approche plus souple serait la solution à privilégier tout en admettant la complexité de l'affaire.
La pédagogie comme solution
« C'est un sujet délicat », a-t-il évoqué à RacingNews365. « Si je me mets à la place des fans, c'est une question d'émotion. En tant que pilote, je sais qu'il est parfois très difficile de se contrôler dans le cockpit. J'ai moi-même lâché quelques ‘bip-bip', heureusement jamais diffusés. Quand on est au volant, c'est compliqué, mais en même temps, on ne veut pas forcément que tout soit retransmis. Il y a donc des moments où cela doit être surveillé, mais en parler calmement aux pilotes est une très bonne approche. »
Des cas qui ont obligés la FIA a réagir plus sévèrement
Une déclaration choc et qui s'oppose à la position adoptée par la FIA, qui a décidé il y a quelques jours d'imposer de nouvelles règles, plus sévères concernant l'inconduite dans les médias. Les pilotes pourront désormais recevoir des pénalités, voire même des interdictions de course si les jurons se répètent plusieurs fois dans la saison. Une attitude plus stricte qui fait suite aux propos de Max Verstappen lors de la conférence de presse du Grand Prix de Singapour en 2024 où il avait déclaré : « Je ne sais pas. Les réglages étaient différents. Dès que j'ai commencé les qualifications, j'ai su que la voiture était à ch*** » concernant son rythme lors du Grand Prix précédent à Bakou. Le Néerlandais avait été convoqué par les commissaires dans la foulée et a dû effectuer un travail d'intérêt général.
Quelques semaines plus tard au Mexique, Charles Leclerc, le pilote Ferrari, avait lui aussi prononcé des jurons mais avait écopé de 10 000 euros d'amende. Pour le président de la FIA, Mohamed Ben Sulayem, les pilotes doivent maîtriser leur comportement devant les médias. « Nous devons faire la différence entre notre sport, le sport automobile, et le rap. Nous ne sommes pas des rappeurs. Ils disent le mot qui commence par F (fuck) combien de fois par minute ? Nous ne faisons pas cela. Ils sont qui ils sont et nous sommes qui nous sommes. »
Les dépassements hors piste : un cas plus difficile à résoudre
Si la fédération s'attèle à limiter les insultes prononcées par les pilotes, proposition qui a d'ailleurs été soutenue par certains acteurs du paddock, notamment Toto Wolff, le patron de Mercedes, elle semble avoir plus de difficulté à proposer des solutions concernant les dépassements. Ils ont été au cœur des débats en fin de saison après les incidents entre les deux rivaux pour le championnat, Max Verstappen et Lando Norris, qui ont livré des batailles intenses à Austin puis la semaine suivante au Mexique. Pour McNish, les règles actuelles n'ont rien à voir avec ce qu'il a connu et il aimerait que les dépassements soient mieux récompensés.
« La course a beaucoup évolué, et je ne me souviens pas de nombreux dépassements par l'extérieur à l'époque où je courais pour Toyota. Aujourd'hui, il est possible de dépasser à l'extérieur, à l'intérieur… Ce n'est pas totalement équitable, mais c'est nettement plus fréquent. En tant que passionnés de sport automobile, nous voulons du vrai dépassement, du vrai combat. »
« Quand un pilote parvient à dépasser de manière exceptionnelle, on lui tire notre chapeau. À mon époque, on pouvait fermer la porte facilement, sans conséquences. On pouvait tasser un adversaire hors de la piste sans pénalité, ce qui n'était pas idéal, mais c'était ainsi que les règles fonctionnaient à l'époque. S'assurer que nous avons les conditions pour de beaux dépassements est une bonne chose. J'ai hâte de voir cela, car nous nous souvenons toujours des grandes actions, comme celle de [Juan Pablo] Montoya sur Michael Schumacher au premier virage à São Paulo en 2001. Ce sont ces moments-là dont on se souvient et qui marquent l'histoire. »
Beaucoup de discussions attendent la FIA dans les prochains jours et avec elles de nombreuses interrogations : doit-on privilégier le spectacle en piste quitte à autoriser les dépassements hors limite ? Montrer plus de sévérité ne rendra-t-elle pas la F1 moins attractive et ne réduira-t-elle pas les batailles en piste ? Un dilemme délicat attend la F1 alors que le début de la saison se rapproche de plus en plus.