Doohan, un petit ajustement pour de grands miracles ?
Le début de saison de Jack Doohan en tant que titulaire a été, quelque peu mouvementé. Un accident malheureux en Australie et des incidents en piste lors des épreuves sprint et de la course principale en Chine ont terni les premières manches de sa carrière.


Malgré une apparence parfois désemparée lors des essais de Bahreïn, Jack Doohan a fait preuve d'une vitesse surprenante depuis le début de l'année, grâce à une modification subtile mais cruciale de sa monoplace.
Durant les essais hivernaux, le jeune Australien avait visiblement du mal à rivaliser avec son coéquipier, Pierre Gasly. L'Alpine semblait à l'aise entre les mains du Français, tandis que Doohan luttait contre l'instabilité, affichant un retard significatif en termes de rythme. La situation a radicalement changé avec le début du championnat en Australie. Malgré un accident précoce, le rythme affiché par Doohan a laissé une forte impression. Le scénario s'est répété en Chine, où le jeune pilote avait un rythme similaire à celui de Gasly en qualifications, gâché par une manœuvre mal exécutée durant l'épreuve de sprint et une pénalité sévère lors de la course principale.
Alors, qu'est-ce qui a permis ce revirement de situation ? Pour comprendre, il faut analyser les différences de style de pilotage entre Gasly et Doohan, et plus particulièrement leur niveau de tolérance face à l'instabilité. Gasly est un pilote exceptionnellement rapide lorsqu'il peut attaquer tardivement au freinage, grâce à un train avant incisif et une stabilité à l'arrière irréprochable.
Doohan, quant à lui, décrit ses préférences ainsi : « un peu plus dans la même direction, donc j'apprécie l'avant encore plus que lui ». Cette différence a conduit à une modification clé après les essais de Bahreïn. « Je peux gérer plus d'instabilité et plus de mouvements », explique Doohan. « Si la voiture était dans la même fenêtre, il souhaiterait certainement qu'elle soit un peu plus stable. Et cela implique des inconvénients pour moi que nous avons pu résoudre dans le simulateur entre Bahreïn et l'Australie.»
La modification apportée concerne la géométrie de la suspension arrière, avec une légère augmentation du pincement. Un ajustement apparemment minime, mais qui a eu une influence notable sur la conduite. Comme l'explique Doohan, cette modification lui permet non seulement d'obtenir le niveau de stabilité arrière idéal pour accompagner un train avant agressif, mais elle améliore également l'entrée en virage, l'accélération et la gestion des pneus. « Ce sont juste quelques petits crans à l'arrière qui me permettent de moins braquer en milieu de virage », détaille Doohan. « Je n'ai plus besoin de freiner autant, et cela réduit l'instabilité en entrée de virage due à un surfreinage moteur. Comme je n'ai plus besoin de braquer autant, je gagne également cinq degrés sur la température des pneus avant sur un long relais.»
Ce changement a été suggéré par Josh Peckett, l'ingénieur de course du rookie australien. Ce réglage sur la suspension arrière a d'abord été testé en simulateur et, malgré le bon résultat, l'équipe est restée sceptique. Des tests ultérieurs avec d'autres pilotes ont confirmé l'effet bénéfique et la modification a été appliquée à la voiture pour la deuxième séance d'essais libres en Australie.
Si les résultats en piste n'ont pas encore reflété cette progression, les performances de Doohan en Australie et en Chine montrent qu'il est sur la bonne voie. Il doit désormais capitaliser sur cette amélioration et apprendre de ses erreurs pour concrétiser son talent en piste dans quelques jours au Japon.