Stella explique pourquoi McLaren n'a pas inversé Norris et Piastri au GP du Japon
Andrea Stella explique pourquoi McLaren n'a pas échangé les positions entre Norris et Piastri au Grand Prix du Japon. Le directeur italien évoque les difficultés de dépassement et l'aérodynamique. Pour Christian Horner, la politique d'égalité entre pilotes chez McLaren les désavantage face à Verstappen.

Le Grand Prix du Japon 2025 a vu Max Verstappen remporter la victoire devant les deux McLaren de Lando Norris et Oscar Piastri, qui étaient pourtant considérés comme les favoris. Malgré des demandes radio de l'Australien qui estimait être plus rapide que son coéquipier, l'équipe avait décidé de ne pas inverser les positions entre ses deux pilotes. Andrea Stella, le directeur McLaren, a expliqué les raisons de cette décision.
Piastri était-il vraiment plus rapide que Norris ?
Stella a contesté l'idée qu'Oscar Piastri était significativement plus rapide que Lando Norris. En milieu de course, le jeune Australien avait demandé par radio à son équipe de lui laisser tenter sa chance face à Verstappen, estimant avoir un meilleur rythme que son coéquipier. Mais le directeur italien a tempéré cette impression : « Je ne pense pas qu'Oscar était plus rapide. Lando essayait de se rapprocher encore plus de l'aspiration de Max, mais chaque fois qu'il passait sous la seconde, il perdait beaucoup d'adhérence, » a-t-il expliqué sur Sky Sports.
Selon lui, Norris gérait ses pneus pour préparer une attaque ultérieure, créant l'illusion que Piastri était plus véloce. Il estime que le principal obstacle à une éventuelle attaque contre Verstappen était l'aérodynamique perturbée en suivant de près une autre monoplace : « Il fallait environ huit dixièmes de seconde pour attaquer la voiture de devant. Dès que vous êtes à moins d'une seconde, vous recevez beaucoup d'air sale et vos performances chutent. » a-t-il expliqué après la course. De ce fait, même si Piastri semblait avoir un meilleur rythme par moments, cet avantage n'aurait probablement pas été suffisant pour dépasser le pilote néerlandais, d'après lui.
Un circuit où dépasser était impossible
Stella a également reconnu que le résultat de la course avait été largement déterminé par les qualifications : « La course s'est surtout jouée hier, lorsque Verstappen a décroché la pole pour quelques millisecondes, a réussi à la conserver au premier tour aujourd'hui, et ensuite, il ne s'est plus passé grand-chose. » En effet, une fois la pole en poche, Verstappen a contrôlé la course sans faute, et les spécificités du circuit de Suzuka cette année rendaient les dépassements quasi impossibles.
« Avec le nouveau revêtement, Suzuka a complètement changé de personnalité : la dégradation est désormais très faible, ce qui rend les dépassements très difficiles si vous êtes sur la même stratégie, » a précisé le patron italien. Cela a notamment rendu inefficaces les options alternatives comme l'« overcut » (surpassement par arrêt tardif) ou l'« undercut » (surpassement par arrêt précoce), limitant considérablement les options stratégiques disponibles.
Le directeur de McLaren a expliqué que si l'équipe avait fait rentrer Norris aux stands plus tôt, cela aurait pu le faire reculer dans le peloton en cas de voiture de sécurité, un risque inutile sur une piste où les arrêts au stand n'offraient pas d'avantage décisif. Quant à l'overcut, cette option n'était tout simplement pas envisageable selon lui : « On a vu que rester en piste plus longtemps n'était pas plus rapide que s'arrêter tôt, comme l'a montré Russell : dès qu'il a chaussé les pneus durs neufs, il a été très rapide. Il n'était donc pas possible, comme c'est parfois le cas, de rester dehors pour rouler plus vite qu'une voiture déjà arrêtée. »
Des points importants plutôt qu'une prise de risque
Au final, McLaren a préféré maintenir le statu quo entre ses pilotes et sécuriser des points plutôt que tenter une victoire risquée ou créer des tensions internes. Avec un double podium et de précieux points marqués au championnat constructeurs, l'écurie a considéré ce Grand Prix comme un succès relatif, comme l'a souligné Stella : « Je pense que ça reste un bon résultat pour nous : beaucoup de points pour le championnat constructeurs et pour nos deux pilotes. De nouveaux signes encourageants concernant les performances de notre voiture, mais on voit clairement que les autres ne sont pas loin, voire parfois devant. »
Cependant, alors que la saison se poursuit, McLaren devra peut-être réévaluer son approche s'elle veut transformer ces podiums en victoires face à Max Verstappen qui, selon Christian Horner, a livré l'un de ses « meilleurs week-ends » à Suzuka. D'ailleurs, le patron de Red Bull estime que la philosophie d'égalité entre pilotes McLaren pourrait constituer un désavantage stratégique et compliquer la tâche de l'écurie de Woking face au champion néerlandais : « Ils ont deux pilotes qui se battent pour le championnat. La difficulté, c'est qu'ils ont fait le choix de les laisser se battre en piste. Et c'est le compromis qui en découle inévitablement, » a-t-il dit, reconnaissant que Red Bull n'a pas ce « problème » avec Verstappen et son coéquipier du moment, Yuki Tsunoda.