F1

Retour des V10 ? Les réactions des pilotes à Bahreïn

Alors que la FIA et les constructeurs se réunissent aujourd'hui à Bahreïn pour discuter d'un possible retour des moteurs V10 en F1, les pilotes, interrogés hier en conférence de presse, ont exprimé des avis partagés entre nostalgie et réalisme. Voici ce qu'ils en pensent.

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Kimi Antonelli face aux médias avant le Grand Prix de Bahreïn.
© Motors Inside / Kimi Antonelli face aux médias avant le Grand Prix de Bahreïn.

Une réunion entre la FIA, les constructeurs et les équipes est prévue ce vendredi pour discuter d'une éventuelle réintroduction des moteurs V10 en Formule 1, une proposition portée par le président de la FIA, Mohammed Ben Sulayem. Les pilotes ont été interrogés sur ce retour potentiel. Leurs avis oscillent entre nostalgie et pragmatisme, tandis que les enjeux techniques et économiques compliquent la situation.

Partagés entre émotion et réalité

Carlos Sainz (Williams) s'est montré le plus enthousiaste, mais avec des réserves. Son soutien aux V10 est directement lié à son scepticisme face aux nouvelles règles prévues pour 2026 : « Je ne serais pas aussi fervent défenseur du retour du moteur V10 si ce que je voyais pour 2026 me plaisait. Mais comme je n'aime pas vraiment ce que j'en vois, que ce soit en termes de comportement des voitures, des moteurs ou du fonctionnement général, alors oui, je dirais que j'aimerais revoir un moteur V10, avec quelques ajustements, et plutôt plus tôt que plus tard. » Pour Sainz, le débat relève aussi de la politique sportive, loin d'être tranché. Il reconnaît qu'il ne serait pas juste de ne pas donner une chance aux réglementations actuelles, surtout si l'on croit généralement en leur qualité. Cependant, il observe que le sentiment dominant semble être que ces réglementations ne sont plus considérées bonnes, ce qui expliquerait pourquoi le sujet est de nouveau abordé.

Kimi Antonelli (Mercedes) a salué le son mythique des V10, mais a rappelé que les priorités des pilotes sont ailleurs : « Le V10 a un son incroyable, donc oui, ce serait clairement cool. Mais en tant que pilote, ce qu'on recherche, c'est avant tout quelque chose qui offre une bonne maniabilité, de la constance et de la fiabilité. » Un point repris par Oscar Piastri (McLaren), qui n'a pas connu l'ère des V10 mais reconnaît leur attrait : « Oui, il y a évidemment beaucoup de romantisme autour des moteurs V10. Je n'étais pas encore assez vieux pour les entendre quand ils couraient, donc je n'ai peut-être pas la même nostalgie. Mais ce serait quand même quelque chose de cool à avoir, bien sûr. », a-t-il dit.
Le pilote australien pense, par ailleurs, qu'aborder une nouvelle réglementation en parlant déjà d'une autre éventualité potentielle exige de la prudence, soulignant la nécessité de ne pas sous-estimer ce que les prochaines années apporteront.

Esteban Ocon (Haas) a, quant à lui, souligné un problème technique — le turbo, présent sur les moteurs actuels, étouffe le son des V6 hybrides : « Ces moteurs sont incroyablement puissants et très agréables à piloter. On parle beaucoup du système hybride, l'absence totale de turbo lag, tout fonctionne très bien de ce côté-là. Mais oui, ça manque de son. » Pour lui, une solution intermédiaire pourrait être explorée, comme un moteur atmosphérique couplé à un système hybride, mais les règles 2026 sont déjà figées.

Débat qui divise l'écosystème de la F1, retour improbable avant 2031

La proposition de Ben Sulayem vise à remplacer les futurs V6 hybrides (prévus pour 2026) par des V10 fonctionnant aux carburants durables, moins chers à développer. Plusieurs options sont actuellement envisagées : maintenir le plan actuel, qui prévoit l'introduction de nouveaux moteurs hybrides V6 en 2026 jusqu'en 2030, revenir aux V10 dès 2028 ou 2029, ou attendre 2031 pour un changement radical de formule.

Cependant, les constructeurs s'y opposent massivement. Audi et Honda, qui rejoignent ou reviennent en F1 précisément pour les V6 hybrides, ont déjà rejeté l'idée. Mercedes, bien qu'ouvert à la discussion, craint un manque de stabilité réglementaire. Toto Wolff a récemment déclaré à ce sujet : « On a un peu l'air ridicule en Formule 1 quand on attire des constructeurs comme Audi, qu'on met en avant un excellent moteur hybride avec des carburants durables, et qu'on dit tout à coup qu'en fait, on ne veut le garder que trois ans au lieu de cinq. »

Du côté technique, Pat Symonds, ancien responsable de la F1 et actuel consultant pour l'équipe Cadillac, estime qu'un retour aux V10 avant 2031 est irréaliste : « Avec autant d'investissements dans le moteur 2026, ce serait irresponsable de jeter cet investissement — surtout pour les nouveaux venus comme Cadillac, Audi ou Red Bull Powertrains, qui ont dû partir de zéro et développer un moteur qui a besoin d'une durée de vie raisonnable pour rentabiliser cet investissement. » Il évoque plutôt un compromis à long terme, comme des V8 légèrement hybridés, plus adaptés à la compétition que les V10.

Pour qu'un changement de réglementation soit adopté, il faudrait l'approbation d'au moins quatre des cinq constructeurs engagés en F1 en 2026 (Mercedes, Ferrari, Honda, Audi et Red Bull Powertrains). Avec l'opposition déjà marquée d'Audi, Honda et Mercedes, la proposition semble vouée à l'échec. La réunion de Bahreïn devrait donc en acter le rejet, mais le débat reste ouvert pour l'après-2030.

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