Hamilton à Ferrari : « Prenez une pause thé tant que vous y êtes, allez ! »
Le septuple champion du monde a exprimé son exaspération face aux décisions stratégiques de Ferrari lors du Grand Prix de Miami, révélant des tensions croissantes au sein de l'écurie italienne.


Dimanche, le contraste est saisissant dans les rangs de Ferrari. Tandis que Charles Leclerc part en pneus mediums, Hamilton opte pour des durs. Une stratégie inverse censée ouvrir des possibilités. Mais à la mi-course, rien ne se passe comme prévu. Après son arrêt, Hamilton ressort avec des gommes mediums et se retrouve bloqué derrière son coéquipier monégasque, alors chaussé de pneus durs. Rapidement, la tension monte dans la radio de l'Anglais : « Je suis juste en train de brûler mes pneus derrière lui. Vous voulez que je reste là toute la course ? »
Son ingénieur, Riccardo Adami, tarde à donner des instructions claires : « On revient vers toi. » Cette réponse évasive déclenche une réplique glaciale de Hamilton, qui juge la lenteur stratégique inadmissible.
Une équipe figée, un pilote bouillant
Finalement, Ferrari lui demande de maintenir le DRS avec Leclerc, pour contenir Carlos Sainz, à 1,5 seconde derrière. Hamilton rétorque sèchement : « Oh, vous alors ! » Quelques tours plus tard, alors que l'autorisation de dépasser arrive enfin, Leclerc ne s'efface pas immédiatement. Hamilton fulmine : « Ce n'est pas du bon travail d'équipe, c'est tout ce que j'ai à dire. En Chine, je me suis écarté ! »
Adami tente de le recadrer : « On a échangé les positions. » Mais le Britannique, lui, ne décolère pas : « Prenez une pause thé tant que vous y êtes, allez ! »
Le message est clair : il juge son équipe trop lente, trop frileuse, trop indécise. Et il le fait savoir avec toute la verve dont il est capable.
La manœuvre trop tardive ?
Une fois la voie libre, Hamilton tente de s'échapper… en vain. Ses pneus sont déjà abîmés par les tours passés dans l'air sale de Leclerc. Ce dernier, maintenant derrière, se plaint à son tour : « Il faut que Lewis aille plus vite. J'ai juste de l'air sale maintenant. » Dix tours plus tard, alors que le duo commence à remonter légèrement sur Antonelli, Leclerc doute : « Est-ce qu'on revient sur Antonelli ? »
« On revient… assez lentement. Tu peux aller plus vite ? » tente Adami. Leclerc répond, lucide : « Aucune idée. Là, je surchauffe. » Résultat : Ferrari décide de réinverser les positions. Leclerc repasse devant Hamilton au virage 17, provoquant une ultime pique de ce dernier : « Vous voulez que je le laisse passer aussi ? », évoquant Carlos Sainz, revenu à 1,4 seconde.
Une explication à froid
Après la course, Hamilton a tenu à calmer le jeu. « Fred [Vasseur] est venu dans ma chambre. J'ai mis la main sur son épaule et je lui ai dit : mec, détends-toi. Ne sois pas si sensible. » Pour lui, pas question de s'excuser pour son ton à la radio : « J'aurais pu dire bien pire. Vous devez comprendre qu'on est sous une énorme pression dans la voiture. »
Et d'ajouter, très clair sur son état d'esprit : « Ce n'était même pas de la colère. C'était juste : prenez une décision ! Vous êtes assis sur une chaise, vous avez tout devant vous. Prenez la décision, vite. »
Le message est aussi limpide que cinglant : la direction de course doit être plus tranchante. « Je veux gagner. J'ai toujours la rage de vaincre. Je ne vais pas m'excuser d'être un combattant. »
Ferrari sous pression
Du côté de l'écurie, Frédéric Vasseur ne l'a pas mal pris : « Je peux parfaitement comprendre la frustration. Ce sont des champions. On leur demande de privilégier l'équipe. Ce n'est jamais facile. » Même son de cloche chez Leclerc, qui relativise : « Il n'y a pas de mauvaises ondes avec Lewis. Je comprends qu'il veuille optimiser autant que moi. Mais aujourd'hui, ce n'était pas idéal. »
À Miami, Ferrari n'a pas simplement géré une stratégie course : elle a dû encaisser la fougue, la lucidité… et l'ironie mordante de l'un des pilotes les plus exigeants de l'histoire.