F1

Légendes, chaos et malédictions : 6 faits marquants du Grand Prix de Monaco

Le Grand Prix de Monaco reste l'une des courses les plus prestigieuses du calendrier de Formule 1. Symbole de glamour et de technicité, cette course a vu se succéder des moments historiques, des surprises improbables et des performances légendaires. Retour sur six moments qui ont façonné cette épreuve.

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En 2024, Leclerc offre à Monaco sa première victoire à domicile depuis 1931.
© Overtake / Motors Inside / En 2024, Leclerc offre à Monaco sa première victoire à domicile depuis 1931.

Le Grand Prix de Monaco revient ce week-end pour sa 71e édition. Cette course historique, née en 1929, précède même la création de la Formule 1. Des exploits d'Olivier Panis aux victoires record d'Ayrton Senna, en passant par le sacre de Charles Leclerc en 2024, voici six moments clés qui ont marqué l'histoire de cette épreuve hors normes.

1. Une naissance avant la Formule 1

Le 14 avril 1929, Antony Noghès organise le premier Grand Prix de Monaco dans les rues de Monte-Carlo. William Grover-Williams s'impose au volant de sa Bugatti sur un tracé de 3,18 kilomètres. Cette victoire inaugure une compétition qui existera 21 ans avant la création officielle du championnat du monde de Formule 1 en 1950.

L'idée de Noghès, président de l'Automobile Club de Monaco et fils d'un riche marchand de tabac, transforme les rues étroites de la principauté en circuit automobile. Le concept séduit immédiatement et 16 pilotes s'élancent pour cette première édition qui pose les bases du tracé actuel. Cette antériorité confère au Grand Prix de Monaco un statut particulier, celui d'une épreuve historique qui a traversé les époques.

2. Olivier Panis et l'exploit de 1996

Le 19 mai 1996 restera dans les mémoires comme l'une des courses les plus chaotiques de l'histoire moderne. Parti 14e sur la grille, Olivier Panis remporte sa seule victoire en Formule 1 au terme d'une course sous la pluie qui élimine la quasi-totalité du plateau.

Michael Schumacher, en pole position, sort dès le premier tour après avoir été dépassé par Damon Hill au départ. Les abandons s'enchaînent : Gerhard Berger, Jean Alesi, Jacques Villeneuve, Mika Häkkinen succombent tour à tour aux conditions difficiles et aux problèmes mécaniques. Panis, lui, garde son sang-froid. Il passe aux pneus slicks au bon moment quand la piste sèche et remonte méthodiquement le classement.

Quand Hill abandonne au 40e tour sur problème moteur, puis Alesi au 60e tour sur casse de suspension, Panis se retrouve en tête. Il résiste à David Coulthard et s'impose avec seulement trois voitures classées à l'arrivée en raison de la limite de temps de deux heures. Cette victoire reste la dernière de l'écurie Ligier en Formule 1.

3. Ayrton Senna, le maître incontesté

Aucun pilote n'a dominé Monaco comme Ayrton Senna. Ses six victoires (1987, puis de 1989 à 1993 consécutivement) lui valent le surnom de « Roi de Monaco ». Le Brésilien possédait une compréhension unique de ce circuit où la moindre erreur se paie cash.

Sa série de cinq succès consécutifs reste un record absolu. Senna pousse sa monoplace à la limite sur les 3,337 kilomètres du tracé, naviguant entre les rails de sécurité avec une précision millimétrique. Sa domination dépasse les statistiques, en effet elle révèle un pilote capable de transcender les contraintes techniques pour s'adapter parfaitement aux exigences spécifiques de Monte-Carlo.

Avant lui, Graham Hill détenait le record avec cinq victoires entre 1963 et 1969, lui valant le surnom de « Monsieur Monaco ». Mais l'hégémonie de Senna reste inégalée à ce jour.

4. L'avantage décisif de la pole position

Monaco amplifie l'importance de la qualification plus que tout autre circuit. Depuis 2004, plus de 70% des courses sont remportées par le pilote parti en pole position. Cette statistique s'explique par la difficulté extrême à dépasser sur ce circuit bordé de rails de sécurité.

La configuration unique du circuit, avec ses virages serrés comme l'épingle du Fairmont (le plus lent de la Formule 1) et le passage sous le tunnel, limite drastiquement les opportunités de dépassement. Contrairement aux autres circuits où la course peut bouleverser l'ordre établi en qualification, Monaco fige souvent la hiérarchie dès le samedi.

Sur les 70 Grand Prix de Monaco disputés en Formule 1, 32 ont été remportés par le poleman, soit un taux de conversion de 45%. Mais cette moyenne masque l'évolution récente, en effet l'ère moderne privilégie encore davantage la première place sur la grille.

5. Daniel Ricciardo et sa revanche de 2018

Deux ans après avoir été privé de victoire par une erreur stratégique de Red Bull lors des arrêts aux stands, Daniel Ricciardo prend sa revanche en 2018. Parti en pole position, l'Australien mène la course quand survient un problème de MGU-K (partie du système de récupération d'énergie) qui le prive de deux rapports et réduit considérablement sa puissance.

Malgré cet important handicap, Ricciardo parvient à contenir Sebastian Vettel dans sa Ferrari pendant plus de la moitié de la course. Le pilote Red Bull gère son avance avec intelligence, dosant ses efforts pour maintenir suffisamment d'écart avec ses poursuivants. Il s'impose avec 7,3 secondes d'avance sur Vettel, Lewis Hamilton complétant le podium.

Cette victoire efface la frustration de 2016 où il avait signé la pole, mais une erreur de son équipe — qui n'avait pas préparé les pneus à temps lors de son arrêt — lui avait coûté une victoire potentielle. Ce succès de Ricciardo était le parfait exemple du fait qu'à Monaco, savoir gérer un problème technique peut être plus important que la performance pure.

6. Charles Leclerc brise la malédiction monégasque

En 2024, Charles Leclerc met fin à des années de frustration en remportant, enfin, son Grand Prix national. Le pilote Ferrari, originaire de Monaco, avait multiplié les occasions manquées depuis ses débuts en Formule 1, victime de malchances diverses et d'erreurs stratégiques.

Cette fois, parti en pole position, Leclerc gère parfaitement sa course malgré un départ chaotique qui élimine plusieurs concurrents dès le premier tour. Il devient le premier pilote monégasque à s'imposer à domicile depuis Louis Chiron en 1931, soit 93 ans d'attente.

La course de 2024 présente une particularité statistique remarquable : les dix premiers pilotes terminent dans l'ordre de la grille de départ, du jamais vu en Formule 1. Cette situation est l'exemple type des contraintes spécifiques du circuit monégasque où la stratégie de course compte souvent moins que la performance du samedi. Cependant, la donne pourrait changer avec la nouvelle règle rendant obligatoire un minimum de deux arrêts aux stands cette année. Pour autant cela suffira-t-il à dynamiser la course ? Le verdict sera rendu sur la piste dimanche.

Depuis 1929, le Grand Prix de Monaco a su conserver son aura unique, oscillant entre tradition et modernité, et entre glamour et danger. Ce week-end, les pilotes de 2025 tenteront d'ajouter leur nom à cette riche histoire. Qui rejoindra le panthéon des vainqueurs de Monte-Carlo ? Rendez-vous à la fin de la course !

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