Une règle spéciale Monaco à connaître ce weekend pour relancer le spectacle en F1
À Monaco, la Formule 1 innove avec une règle inédite sur l'utilisation des pneus, dans l'espoir de dynamiser un Grand Prix souvent critiqué pour son manque de dépassements. Mais les stratèges risquent d'y voir une nouvelle opportunité de brouiller les cartes.


Face à l'ennui généré par l'édition 2024 du Grand Prix de Monaco, jugée trop processuelle, la F1 a décidé de tester une nouvelle règle spécifique à la principauté. Pour la première fois, les pilotes devront obligatoirement utiliser trois jeux de pneus différents durant la course, contre deux habituellement. L'objectif affiché est simple : inciter les équipes à varier leurs stratégies et provoquer plus de changements de position en piste.
Le principe semble clair, mais il cache plusieurs subtilités susceptibles de modifier profondément la lecture tactique du week-end.
Trois sets minimum, mais toujours sans arrêt obligatoire
Concrètement, chaque pilote devra utiliser au moins trois jeux de pneus pendant la course, dont deux composés différents (par exemple médiums et tendres). Cependant, aucun arrêt aux stands n'est officiellement imposé : les changements peuvent toujours avoir lieu sous drapeau rouge, comme ce fut le cas en 2024.
Là où cela change, c'est qu'un seul changement sous drapeau rouge ne suffira plus. Si une seconde neutralisation ne survient pas, il faudra forcément repasser par les stands une fois la course relancée. Ce nouveau règlement veut donc limiter les “courses sans arrêt” comme celle de l'an dernier, où tous les pilotes avaient changé leurs pneus dès le premier tour, sous drapeau rouge, sans repasser par les stands.
Pluie ou pas, la règle s'applique
Traditionnellement, les courses disputées sous la pluie échappaient à l'obligation d'utiliser deux composés de pneus secs. Ce ne sera plus le cas à Monaco : les pilotes devront malgré tout utiliser trois jeux différents, même s'ils montent des intermédiaires ou des pneus pluie au cours de la course.
Une mesure qui ajoute une couche de complexité dans un contexte déjà difficile à Monaco, où la pluie peut surgir sans prévenir.
Les premières failles possibles
Comme toujours, les stratèges du paddock scrutent le moindre interstice réglementaire. Et cette règle n'échappe pas à leur vigilance. Peut-on, par exemple, changer deux fois de pneus lors d'un même arrêt pour valider les trois sets requis ? Non. La FIA précise que seuls les pneus avec lesquels une voiture quitte la voie des stands sont considérés comme “utilisés”. Pas question donc de tricher en les enfilant brièvement dans le garage.
En revanche, les équipes pourraient utiliser leur deuxième pilote comme bouchon pour permettre au leader de s'arrêter sans perdre de place, une tactique déjà vue par le passé, comme Haas à Djeddah en 2024.
Une stratégie chamboulée… mais pas pour tout le monde
Historiquement, deux choix s'offraient aux équipes à Monaco : partir en tendres et piter tôt, ou partir en médiums pour espérer un Safety Car. Désormais, avec deux arrêts obligatoires dans les faits, la stratégie médiums-perd-en-attrait. Le risque de se faire doubler au départ par des concurrents en tendres est trop élevé.
Par ailleurs, les pilotes en fond de grille pourraient tenter un pari précoce, en s'arrêtant dès les premiers tours pour remplir rapidement deux des trois obligations. Si un Safety Car intervient, cela pourrait s'avérer payant. Et même en cas de course linéaire, l'usure quasi nulle des pneus à Monaco (le C6 tendre pourrait tenir toute la distance) permet une gestion flexible des arrêts.
Une règle à double tranchant
Ce nouveau règlement apportera-t-il le chaos stratégique ou simplement un casse-tête de plus pour les ingénieurs ? Difficile à dire. Ce qui est sûr, c'est que Monaco 2025 sera moins une démonstration de pilotage pur qu'un jeu d'échecs tactique, où le moindre incident ou erreur d'interprétation du règlement pourrait redistribuer les cartes.