Ron Dennis : « Je ne retournerai jamais dans le paddock de la F1 »
L'ancien patron emblématique de McLaren, Ron Dennis, a écarté toute idée de retour en Formule 1. Discret mais toujours passionné, le Britannique préfère aujourd'hui regarder les Grand Prix à distance et cultiver une vie loin des projecteurs, sans nostalgie ni regrets.


« Vous n'avez rien à offrir ». À 78 ans, Ron Dennis observe la Formule 1 avec un œil critique mais sans amertume. Architecte du succès de McLaren à partir de 1980, artisan de l'ère Senna-Prost et mentor de Lewis Hamilton, il demeure une figure incontournable de l'histoire moderne du sport. Pourtant, contrairement à d'autres anciens dirigeants ou pilotes, il ne mettra plus jamais les pieds dans le paddock.
« Je ne retournerai jamais », a-t-il affirmé au Times. « Tu peux imaginer que j'ai des enfants et des petits-enfants, et ils m'embêtent à ce sujet. Je vais organiser ça pour eux, mais moi, je n'irai pas. »
Pourquoi une telle distance ? « J'ai vu des gens revenir en Formule 1 après l'avoir quittée. Le problème, c'est que ton opinion est dépassée, même si tu es un champion du monde multiple. Les gens sont polis, c'est tout ce que tu attends d'eux. Ils t'installent, ils te servent un café, mais tu n'as rien à offrir. Tu es une pièce détachée et je ne voudrais jamais être dans cette position. J'ai de meilleures choses à faire. »
Un amour intact pour la course, pas pour les commentateurs
S'il ne se rend plus sur les circuits, Dennis continue de suivre les Grand Prix. Mais à sa manière : sans le son.
« J'éteins toujours le son, parce que j'en sais trop pour avoir envie d'écouter les bêtises que certains commentateurs peuvent dire », explique-t-il, probablement en référence à la couverture de Sky F1, dont il est un téléspectateur britannique. Une critique sans détour qui tranche avec les déclarations enthousiastes de Christian Horner sur le retour de Flavio Briatore dans les paddocks : « C'est rafraîchissant de voir Flav de retour. Ces conférences de presse étaient si ennuyeuses avant que tu reviennes », s'était réjoui le patron de Red Bull.
Ron Dennis, lui, n'a jamais été écarté de la F1 pour scandale. Son retrait, en 2016, faisait suite à la baisse de compétitivité de McLaren, mais n'a jamais entaché sa réputation. Son nom, pourtant, est peu évoqué dans les discussions actuelles, une injustice, selon certains observateurs.
Une retraite active, un attachement fort au Royaume-Uni
Entre philanthropie, passion du sport et amour du jardinage, Dennis mène aujourd'hui une vie discrète mais engagée. Estimé à 450 millions de livres, il a notamment fait un don d'un million pendant la pandémie pour financer des repas aux soignants du NHS. « Ce n'a jamais été une question d'argent », rappelle-t-il.
Profondément britannique, il n'a jamais cherché à s'exiler pour des raisons fiscales. « Je suis un Britannique passionné », affirme-t-il. « Tu aurais un bon titre si je te disais combien de taxes j'ai payé dans ma vie. Mais je ne vais pas le faire, car ce serait la seule chose retenue dans l'article. »
Et de conclure, non sans une pointe d'ironie : « J'aime notre météo changeante. J'ai des amis sur un système de 90 jours, dormant dans des lits à Monaco, en Suisse, à Jersey, partout. Et je leur dis : ‘Pourquoi tu ne paierais pas tes impôts ici ?' »