George Russell : "Kimi Räikkönen n'aurait pas sa place dans la F1 d'aujourd'hui"
À l'heure où les pilotes sont autant des athlètes que des figures publiques, George Russell s'interroge : un champion aussi discret que Kimi Räikkönen pourrait-il encore exister dans la Formule 1 moderne ?
En Formule 1, les temps changent. Les monoplaces évoluent, les règlements aussi. Mais ce qui a peut-être le plus transformé le visage du paddock ces dernières années, ce sont les attentes autour des pilotes eux-mêmes. Plus que de simples compétiteurs, ils sont devenus des ambassadeurs, des marques, des créateurs de contenu. Et c'est bien ce que George Russell déplore, ou tout du moins analyse, en prenant l'exemple d'un homme devenu une légende du silence : Kimi Räikkönen.
Le roi du « leave me alone » face aux exigences modernes
Kimi Räikkönen, champion du monde 2007, n'a jamais cherché à séduire. Froid, laconique, parfois franchement mutique, il a pourtant marqué toute une génération de fans, justement par son refus des codes. Adepte du strict minimum médiatique, allergique aux réseaux sociaux, il incarnait à lui seul une forme de résistance à la F1spectacle. Mais aujourd'hui, selon Russell, ce profil ne passerait plus.
« Les fans seraient malheureux si Kimi débarquait aujourd'hui », affirme-t-il à Motorsport-Total. « Le sport a changé. Ce que vous voyez sur Instagram ou TikTok, ce n'est pas la vraie vie. On poste cent photos et on choisit la meilleure. »
Russell, lucide, évoque un monde où l'image prime. Non pas pour flatter son ego, mais parce que l'écosystème médiatique et commercial l'impose. « Ce sont les fans qui font vivre ce sport. Ce sont eux qui attirent les sponsors. Et les sponsors me permettent de vivre de ma passion. »
Entre authenticité et obligation de représentation
Le pilote Mercedes insiste sur la complexité du rôle. À ses yeux, tout est question de dosage. « Je veux rester authentique. Mais je veux aussi protéger ma vie privée. Quand je suis avec mes proches, il n'y a pas de caméra. On est soi-même, sans filtre. Et je n'ai pas envie de sortir mon téléphone pour publier une photo dès que je suis en vacances. »
Un équilibre fragile, que chacun gère à sa manière. L'époque de Kimi, où l'on pouvait fuir la lumière sans justification, semble révolue. « On ne peut plus mordre la main qui nous nourrit », résume Russell avec pragmatisme.
Un sport devenu vitrine
La Formule 1 est entrée dans une ère de transparence mise en scène, où les coulisses comptent parfois autant que la piste. La série Drive to Survive, les publications Instagram, les vlogs YouTube, les streams Twitch : tous ces formats exposent les pilotes à un public toujours plus large, mais aussi plus exigeant. Dans ce contexte, le profil anti-héros de Räikkönen aurait-il seulement émergé aujourd'hui ? Russell en doute.
Et pourtant, l'aura du Finlandais reste intacte. Preuve qu'un certain mystère peut encore séduire. Mais ce n'est plus la norme : c'est une exception, un vestige d'un autre temps. Un temps où l'on pouvait être champion sans liker, sans poster, sans exister ailleurs que sur l'asphalte.
