Retour sur l'ePrix de Putrajaya : Lucas di Grassi remporte une course à élimination !

Le premier week-end de la saison 2 de Formule E avait constitué un véritable carton plein pour Sébastien Buemi : pole-position, victoire, meilleur tour et trente points empochés ! En arrivant ce week-end pour la seconde manche de cette saison 2015-2016, le Suisse pensait t-il secrètement rééditer pareil coup d'éclat ?

Pour cela, il fallait dompter le tracé au cœur de Putrajaya, cité devenue la nouvelle capitale administrative de la Malaisie ;située à mi-chemin entre la capitale historique Kuala Lumpur et le Sepang International Circuit, lieu notamment du Grand Prix de Formule 1.

Le tracé de cet ePrix se décomposait de 12 virages pour une longueur de 2,5 kilomètres. Pour vous offrir un aperçu, un présentateur de choix en la personne de Sébastien Buemi, vous emmène dans ces rues de Putrajaya. On remarque un circuit très bosselé, coupé en deux parties distinctes : deux grandes lignes droites pour commencer et une autre partie plus sinueuse. Le principal challenge constitue cette chicane très relevée au virage 10. Notons que la piste est plutôt large, ce qui facilite les dépassements.

Un Sébastien Buemi toujours dominateur lors des Qualifications.

Cette séance était, pour l'occasion, répartie en trois groupes de six pilotes, étant donné la nouvelle absence des deux voitures de l'écurie Trulli, qui n'ont pas pu répondre aux exigences du contrôle technique réglementaire.

Tout d'abord, Sébastien Buemi s'est hissé en Super-Pole, accompagné par les pilotes suivants : Stéphane Sarrazin (Venturi), Loic Duval (Dragon Racing), Nicolas Prost (Renault e.Dams) et Antonio Félix Da Costa (Team Aguri). En tête lors de la seule séance d'essais libres disputée quelques heures plus tôt, Loic Duval confirmait alors ses bonnes dispositions. La présence de Nico Prost au volant d'une voiture performante ne représentait pas non plus une grande surprise.

Plus étonnant en revanche furent les participations de Sarrazin, et de da Costa. Le pilote de l'écurie monégasque terminait à 4 dixièmes de Buemi dans son groupe préliminaire. Outre Buemi, y figurait également les deux DS Virgin de Vergne et Bird, Nathanael Berthon (Amlin-Aguri) et Nelson Piquet (Nextev). Mais la surprise la plus retentissante fut la performance de da Costa qui s'est hissé dans le Top 5 final avec une voiture sans grande évolution majeure depuis la fin de la saison 1 !

Lors de la Super-Pole, Sébasiten Buemi était visiblement toujours en pleine confiance. Dans la lignée de Pékin, le pilote suisse a encore écrasé la concurrence sur l'exercice du tour lancé. Dernier à s'élancer lors de cette phase finale, il remportait sa 2e Pole-Position de la saison avec une marge de près de 6 dixièmes sur Stéphane Sarrazin, qui s'installait donc en première ligne ! Comme à l'issue de la première phase, Loic Duval prenait également la 3ème position alors que da Costa et Prost complétaient ce quinté gagnant.

La Grille était donc formée: après avoir embrassé le mur en sortie de virage, le futur vainqueur, Lucas di Grassi partait néanmoins de la 6ème place.

La Course : Di Grassi en grand vainqueur de la loterie malaisienne !

À 14 heures, heure locale (7 heures du matin en France), les 18 pilotes se retrouvaient sur la grille de départ pour la seconde course de cette saison. Un temps annoncé, l'arrivée d'une pluie orageuse aurait pu redistribuer toutes les cartes. La pluie n'était finalement pas utile : nous avons quand même assisté à une véritable course d'élimination !

Pourtant dominatrices, les performances des deux voitures Renault eDams ont été remises en question par des soucis de fiabilité. Mais elles furent loin d'être les seules accablées par des problèmes tout au long de ces 33 tours !

Au départ, Sébastien Buemi conservait pourtant son bien. Juste derrière lui, le premier coup dur était pour Stéphane Sarrazin qui ne parvenait même pas à démarrer lors de la procédure de mise en grille. Le vétéran français a ainsi du s'élancer des stands en dernière position.
Loic Duval récupérait par conséquent cette 2ème position, devant da Costa, Prost et di Grassi. Le premier accrochage concerna un trio Villeneuve-Heidfeld-Vergne. Enfermé par les deux autres pilotes cités, Jean-Eric Vergne n'a même pas pu passer le deuxième virage du premier tour. Suspension tordue : c'était l'abandon prématuré pour le Parisien.

Au 5ème tour de cette course, la voiture de sécurité sortait en piste pour que les commissaires puissent évacuer la Nextev d'Oliver Turvey, qui a fini sa course dans un mur, accélérateur bloqué.

Buemi s'échappait en tête alors que Nico Prost était passé troisième et se montrait maintenant menaçant sur Loic Duval.
Après 10 Tours, le Top 10 se constituait de : Buemi-Duval-Prost-Da Costa-Di Grassi-Frijns-Abt-D'Ambrosio-Bird-Villeneuve.

Mais stupeur au seizième tour : Sébastien Buemi s'arrête quelques secondes hors-trajectoire avant de pouvoir repartir ! Le mal est déjà fait pour le vainqueur du premier ePrix : il repart en fond de classement, laissant filer ses rêves de succés.
Dominé à Pékin, on peut à ce moment penser que Nico Prost va pouvoir saisir l'opportunité de gagner à son tour. Prévenu par radio de l'alerte connue sur la voiture de son équipier, le Français ne prend pas de risques et change de voiture dés le Tour 17. Il fait la bonne affaire en faisant l'  « undercut » sur Loic Duval et passe donc leader, une fois que tous les pilotes sont repassés par les stands, le dernier étant Nelson Piquet, qui se paie le luxe de mener un tour durant.

Le grand perdant de ces changements de voiture fut Loic Duval. Après avoir non seulement laissé la tête à Prost, il tombe jusqu'en 4ème position, passé par da Costa et di Grassi. Après l'arrêt de Piquet, le Top 10 était donc le suivant à la fin du 20e tour : Prost-Di Grassi-Da Costa-Duval-D'Ambrosio-Frijns-Heidfeld-Bird-Buemi.

Mais ce classement n'a cessé de se modifier jusqu'à l'arrivée !

Dans un environnement humide, les batteries électriques furent soumises à rudes épreuves.

La surchauffe de ces batteries constitua le cœur des problèmes de la fin de course ! Devenu leader, Nico Prost n'a pu défendre ses chances, suite à un changement de voiture un peu trop prématuré. En mode gestion, le fils du quadruple Champion du Monde est progressivement descendu dans le classement.

Sans pouvoir résister, il cède la tête de la course à Lucas di Grassi à l'entame du 24e Tour. Le Brésilien ne le sait pas encore mais il tient là fermement les rênes de la victoire !

Mais derrière lui, c'est la pagaille !

Passé 2ème, Antonio Félix Da Costa rencontre à son tour des problèmes lors du 26ème tour : son moteur électrique le lâche à deux reprises. Le pilote Portugais parviendra néanmoins à rallier l'arrivée mais il ressortira certainement déçu de cette édition malaisienne.
Par conséquent, Loic Duval repasse deuxième de la course. Pris au piège lors du changement de voiture, le Français tient là une véritable occasion de marquer les esprits. L'équipe Dragon Racing se dirigeait même vers un splendide résultat d'ensemble avec Jérôme d'Ambrosio qui montait sur le podium provisoire au détriment d'un Prost à l'agonie.
Si les températures sont trop élevées pour les batteries, il faut ralentir le rythme en piste, ce que doit faire Nicolas Prost. Le rookie Robin Frijns se tenait alors en cinquième position. Suivaient Bird, Buemi, Abt, Sarrazin, Heidfeld.

À l'entame du 30ème tour, soit à trois tours du but, di Grassi menait donc devant le duo de chez Dragon.

Mais nous ne sommes pas encore au bout de nos surprises : dans ce même 30ème tour, Loic Duval tombe à son tour en panne. Dans la manœuvre de dépassement, Robin Frijns roule sur la partie sale : il embrasse le mur et plie sa suspension. Miraculeusement, sa voiture résiste au choc : Frinjs doit maintenant composer avec une voiture roulant « en crabe » jusqu'à l'arrivée !

Mais le dernier tour apporte également son lot d'émotions pour l'obtention des places d'honneurs : passé 2ème depuis l'abandon de son équipier, Jérôme d'Ambrosio part à la faute et tape à son tour le mur. Il casse sa suspension : en quelques tours, l'équipe Dragon Racing passe de la joie d'un double podium à la désillusion d'un double abandon.

En tête, Lucas di Grassi n'aura pas connu toute cette folie : sage et économe, le Brésilien remporte donc le deuxième ePrix de la saison à Putrajaya !

Le pilote de l'écurie Abt renoue avec la victoire, plus d'un an après avoir remporté la toute première course de la discipline à Pékin. Sur le podium l'accompagne Sam Bird, revenu de nulle part avec sa DS Virgin Racing pour aller cueillir cette 2ème position. Ce podium est complètement inespéré pour l'écurie franco-britanique pourtant en manque de performance à Putrajaya.

Improbable est également ce podium de Robin Frijns qui restera dans les esprits avec ces derniers tours en travers complet. Le pilote néerlandais monte donc sur le podium pour la première fois en Formule e !

Le Classement final de cette course est donc complètement inattendu : parti dernier, Stéphane Sarrazin est donc remonté jusqu'en 4ème position ! Profitant lui aussi de ce scénario épique, saluons également la 8ème place du Champion du Monde, Nelson Piquet. L'équipe Nextev était pourtant encore à la rue en terme de performance pure. Il repart néanmoins avec 4 points, soit à peine un de moins que Sébastien Buemi. Hors du Top 10, Buemi se console avec les 3 points de la Pole-Position et les 2 points du meilleur tour en course.

Au classement du Championnat du monde pilotes, Lucas di Grassi s'empare donc des commandes avec un total de quarante-trois points. Sébastien Buemi pointe à huit unités.

L'équipe Renault e.Dams aura donc connu une course compliquée en terme de fiabilité dans la touffeur de la Malaisie. Elle se fait même déposséder du leadership constructeurs par l'équipe ABT Schaeffler.