1 000 Miles de Sebring : ce qu'il faut retenir

Hypercar : Toyota est toujours le patron, la concurrence a du travail
Il était attendu que les N°7 et N°8 soient les grandissimes favorites de ces 1 000 Miles. Et pourtant, c'est une voiture rouge qui est venue leur chiper le bénéfice de la pole position, dans la nuit de jeudi à vendredi ! La Ferrari N°50 est sortie du bois, tandis que la N°51 était en embuscade au 4e rang.
Bien entendu, la pole était une infime partie du travail : les huit heures de courses qui ont suivi ont bien montré que Toyota, grâce à son expérience en Hypercar, allait être loin devant. On peut regretter qu'il n'y ait pas eu de passes d'armes entre les deux machines, qui ont tout de même collé deux tours à la concurrence... mais quand la concurrence revient ainsi en nombre, il est plus prudent de ne pas tenter le diable, comme cela a pu être le cas chez Mercedes, en F1, à l'époque Hamilton-Rosberg.
Ferrari est rentrée dans le rang... façon de parler tout du moins ! Car la N°50, avec Antonio Fuoco, Alessandro Pier Guidi et Nicklas Nielsen, a magnifiquement tenu son rang de meilleure des autres. La N°51, quant à elle, aurait pu carrément abandonner : sa sortie de piste à la mi-course lui a valu une crevaison, après s'être accrochée avec la Ferrari N°54 d'AF Corse, puis la Porsche N°56 de Project 1.
L'autre bonne surprise nous vient de Cadillac : l'unique LMDh du constructeur américain (N°2) a rallié l'arrivée à une très belle 4e place, après une course sage et studieuse. La voiture est encore à améliorer, mais la fiabilité était au rendez-vous chez les Américains, qui n'ont échoué qu'à une dizaine de secondes du podium.
Les Porsche N°5 et N°6, quant à elles, étaient plus en retrait en termes de rythme : elles terminent respectivement 5e et 6e, à tout de même quatre tours des Toyota. Leur seul salut, au moins en début de saison, sera une BoP plus encline à resserrer les troupes.
En revanche, l'immense déception vient de Peugeot. Il serait dur de dire que c'était attendu, mais peut-être pas non plus à ce point : la N°94 est rentrée aux stands avant même le départ à cause d'un sélecteur de boîte défectueux : elle n'a bouclé que 141 tours sur les 239 au programme. La N°93 était elle aussi en difficulté, elle a cause de l'hybridation.
Sans parler de cette scène peu réjouissante, où un capot est monté...mais qu'il faut décorer à la hâte d'un numéro ! Somme toute, les Peugeot n'ont que deux atouts dans leur manche : leur capacité de développement et leur capital sympathie lié à la beauté de la 9X8.
Le directeur général de Stellantis, Carlos Tavares, a même assisté à la course. Évidemment, quand le grand patron est là, cela signifie bien l'engagement du groupe dans le sport automobile. Mais d'ici Portimao, il va falloir cravacher et régler une bonne partie des problèmes.
Enfin, les deux "petits" de la catégorie Hypercar n'ont pas vécu le meilleur des vendredis : la seule Glickenhaus engagée (la 708) a dû renoncer sur une casse mécanique, dans le dernier virage. Romain Dumas était à son volant et n'a pu voir l'arrivée.
Puis Vanwall, avec le retour en compétition de Jacques Villeneuve sur la N°4, a fait sa course presque sans encombre. Le Québecois est parti à la faute dans le dernier virage et a dû faire un tour entier sur trois roues. Histoire de tempérer nos propos de jeudi, concernant le rythme, il faut reconnaître que la prestation de Vanwall est relativement honorable : pour une voiture qui a eu peu de roulage, le rythme était correct, à seulement deux secondes des temps.
Pour une Vanwall, c'est excusable ; pour une Peugeot ou une Porsche, beaucoup moins...
LMP2 : Jota confirme, Alpine trébuche, United déçu
Il est toujours compliqué de vouloir déloger les champions en titre dès la première course. Encore plus lorsque le Hertz Team Jota tient à se montrer, avant de passer en Hypercar en cours de saison, avec une Porsche 963 cliente.
Déjà, en qualifications, les écarts étaient extrêmement faibles : les onze premiers (sur douze) se tenaient en moins d'une seconde.
En course, en tout cas, la bagarre s'était ouverte entre les United, Jota, Prema...et même Alpine, en particulier la N°36, qui s'est montrée dans le coup. Et jusqu'à l'arrivée, tout restait très indécis.
Le plus gros tournant de la course, c'était l'abandon de la United N°23, qui était en tête...et qui en a profité ? L'Alpine N°36, qui a pris la tête ! À ce moment-là était déployé le Full Course Yellow, ce qui a permis à Charles Milesi, alors au volant, de s'installer au sommet du classement.
On aurait pu alors miser sur une bonne surprise avec les voitures bleues, étant donné que les N°35 et N°36 étaient assez loin durant les essais libres. Mais cette dernière, alors virtuellement en tête après un arrêt, a dû retourner aux stands : un changement de bougie serait à l'origine de l'extinction des chances de victoire. Dommage.
Au final, la meilleure stratégie a été exécutée par Hertz Jota, qui a pu disposer de la Prema N°63 lorsqu'elle s'est arrêtée aux stands. Celle-ci termine tout de même 3e et la prometteuse Doriane Pin avec ! Au bout du compte, la bagarre pourrait rester serrée toute la saison entre toutes les voitures...et on a hâte !
GTE-Am : les filles ont grillé une cartouche !
Enfin, dans ces 1 000 Miles de Sebring, les GTE ont entamé leur dernière danse. Et ce sont les Iron Dames, sur leur Porsche rose N°85, qui ont signé une retentissante pole position, devant la Corvette n°33 !
Hélas pour elles, les efforts de Sarah Bovy n'ont pas été récompensés : une sortie de piste a détruit le diffuseur arrière...les filles ont échoué à une décevante 8e place en GT, laissant toute ouverte la voie à Corvette, qui entend bien remporter Le Mans, en juin prochain.
L'autre féminine attendue, Lilou Wadoux, promue pilote officielle chez Ferrari, n'a pas pu faire ses preuves en course : son équipier Luis Perez Companc, sur l'AF Corse Richard Mille N°83, a envoyé la voiture en tonneaux, provoquant ainsi la seule intervention de la Safety Car.
Rendez-vous à Portimao, le 14 avril prochain !