WEC 2023 : un avant-goût de la suite de l'âge d'or
La saison 2023 du championnat du monde d'endurance s'est refermée lors des 8 Heures de Bahreïn. L'avènement de l'Hypercar, la grosse bagarre en LMP2 et la dernière dans du LMGTE promettent beaucoup pour la suite, qui se dessine déjà.


Depuis le temps que les adorateurs d'endurance attendaient ça ! Après les crises successives du LMP1 (Toyota abandonné par Audi et Porsche) et du GTE-Pro, la FIA et l'ACO ont pris les choses en main pour que le WEC retrouve son lustre d'antan.
Et ça a marché : les constructeurs ont afflué comme des mouches en Hypercar, le LMP2 a proposé des courses somptueuses et le GTE-Am, qui sera suivi par le GT3, a offert du suspense en veux-tu en voilà. MotorsInside vous propose une synthèse des faits marquants à retenir de cette saison prometteuse pour la suite.
La course de l'année : des 24 Heures du Mans de folie
Les 6 Heures de Spa avaient donné un petit avant-goût de ce qu'allaient êtres les 24 Heures du Mans, pour le centenaire de la légendaire classique sarthoise.
La pluie était venue mettre à l'épreuve les pilotes et les voitures, en l'absence de couvertures chauffantes (finalement autorisées en juin). Et c'était une jolie passe d'armes !
On pourrait revenir tant de fois sur le centenaire des 24 Heures du Mans, d'autant plus que MotorsInside y était ! La bagarre en Hypercar entre les cinq grosses usines a fait rage de bout en bout, Peugeot a créé la surprise en se jouant des conditions météo, avec la N°94 qui s'est finalement sortie dans la nuit, et Ferrari, dans un duel de légende avec Toyota, a privé le constructeur japonais de la victoire sur la plus importante des courses.
Le LMP2 a révélé (non sans doutes et polémiques) l'Inter Europol, qui a remporté la course sur un rythme assez ébouriffant, et Alpine, qui est revenu des enfers avec la N°36, finalement sur le podium. Et Corvette a dominé la catégorie LMGTE-Am, pour la dernière représentation de la classe GTE au Mans. Et c'était fantastique.
La bonne surprise : les privés font de la résistance
Arrivée en Hypercar lors des 6 Heures de Spa, l'équipage de la Jota N°38 (Da Costa/Ye/Stevens) a tenu la dragée haute aux Porsche Penske officielles ! Il faut dire que l'un des deux seuls privés (avec Proton) comptait dans ses rangs des connaisseurs du sport-prototype.
Bien sûr, Porsche et sa 963 N°6 ont réalisé des 6 Heures de Fuji vraiment encourageantes, en résistant jusque dans le dernier tiers de course aux Toyota, qui n'avaient pas besoin de forcer.
Mais la Jota a surpris son monde : notamment aux 24 Heures du Mans, lorsque Yifei Ye avait pris la tête en début de soirée. Dommage, dès lors, que le Chinois ait tapé au sortir des esses Porsche.
Et lors des 8 Heures de Bahreïn, on aurait pu assister à la première venue d'un team privé sur le podium du général : la Porsche N°38, comme la Proton N°99 et les officielles, avait bénéficié d'un petit coup de pouce de la BoP, avec sept kilos en moins sur la balance.
La bagarre (spectaculaire mais pas utile) entre les Ferrari N°50 et N°51 aurait pu tourner à la catastrophe et la Jota n'en aurait pas tant demandé. Au final, l'équipage de l'écurie britannique a réalisé une très solide prestation. Et l'expectative d'une deuxième 963 avec un trio d'ex-champions de F1 peut faire grandir les espoirs !
Les féminines : impressionnantes
Elles étaient en tout cinq femmes à prendre part à la saison 2023 du WEC. Et toutes ont marqué le championnat leur empreinte, sans qu'il n'y ait besoin de forcer le destin.
La première, c'était Lilou Wadoux : devenue pilote officielle Ferrari cette année, l'Amiénoise a une nouvelle fois montré son coup de volant et son implication. Elle est devenue la première féminine à remporter une course de championnat du monde, aux 6 Heures de Spa, avec la Ferrari AF Corse N°84, en LMGTE-Am. Elle a d'ailleurs testé la Ferrari Hypercar...pour peut-être préparer l'arrivée d'une 499P privée ou semi-officielle ?
Dans cette même catégorie, la question n'était pas si, mais quand les Iron Dames allaient s'imposer. Elles ont choisi la der du Grand Tourisme Endurance, aux 8 Heures de Bahreïn, pour marquer à leur tour l'histoire. Sarah Bovy, Michelle Gatting et Rahel Frey sont devenues les premières pilotes à faire triompher un équipage 100 % féminin en WEC, et même dans tous les championnats majeurs. Chapeau ! La 2e place au championnat est une juste récompense.
Enfin, la Francilienne Doriane Pin a reçu, comme une évidence, le trophée FIA de révélation de l'année. C'était mérité : même si les résultats n'ont pas été ceux escomptés par Prema, avec la N°63, son podium à Sebring, en ouverture et son excellent rythme ont suffi à séduire les observateurs.
La déception : les artisans mis sous l'éteignoir
Evidemment, la crise du LMP1 a contribué à la baisse de spectacle au sommet de l'endurance. Toyota a tenu la maison à bout de bras et il faut leur tirer une fière chandelle d'avoir attendu le retour des constructeurs.
Et il faut dire que Glickenhaus avait séduit tout le monde, même avec une auto bien moins rapide : cette équipe était charmante comme tout, la SCG 007 LMH était belle et transpirait l'amour de l'automobile rien qu'en la regardant. Et il fait mauvais vivre pour un petit constructeur face aux grosses usines, qui ont afflué comme des mouches.
Forcément, on voudrait avoir le beurre et l'argent du beurre : voir plein de constructeurs automobiles se tirer la bourre pour la légende et des petits artisans (comme l'était Pescarolo Sport) pour donner de la matière aux plus rêveurs.
Mais Glickenhaus ne pouvait pas tenir le rythme financier de marques aussi importantes que Toyota ou Ferrari. Jim, le fondateur de l'équipe, a fait des merveilles aux 24 Heures du Nurburgring, a obtenu un podium au Mans, l'année dernière...mais la passion ne fait pas tout, surtout dans un milieu aussi concurrentiel et relevé.
Quant à Vanwall, l'équipe autour de la Vandervell a été vaillante, malgré un rythme nettement en deçà, dû à une très courte préparation.
L'aventure WEC est finie pour Glickenhaus, pendant que Vanwall se prépare pour l'année prochaine...à supposer qu'il y ait assez de place : une 2e Porsche Jota et une 3e Ferrari 499P pourraient poser l'ACO et la FIA à refuser du monde.
Isotta Fraschini pourrait créer une bonne surprise avec Vector Sport, mais il va falloir avoir les nerfs solides face à neuf autres constructeurs. Dont les usines.
La saison 2024 se prépare
Les Rookie tests, disputés le lendemain des 8 Heures de Bahreïn, ont permis aux équipes et constructeurs de se faire une première idée des pilotes à choisir pour l'année prochaine.
Les deux grandes attractions étaient bien entendu la montée en gamme (fût-elle provisoire) de Lilou Wadoux qui, comme cité plus haut, a pris le volant de la Ferrari LMH, aux côtés de Robert Shwartzman. Avec le meilleur temps pour l'Israélien. Et puis, la venue de Valentino Rossi, meilleur temps des LMP2, avec la WRT.
A l'heure où trois Ferrari sont potentiellement inscrites en Hypercar et où BMW n'a pas encore choisi ses pilotes LMDh, ces Rookie Tests mettent déjà l'eau à la bouche pour 2024.
Valentino Rossi, illustre champion MotoGP, est fortement pressenti pour participer au WEC, l'année prochaine. Avec WRT bien sûr, mais dans quelle catégorie ? Hypercar ou GT3 ? L'officialisation arrivera bien un jour.
Le rideau s'est baissé pour cette saison, qui marque le début d'un âge d'or pour l'endurance. L'équilibre peut être fragile, mais tâchons de bien en profiter. Car toutes et tous offrent aux spectateur la plus simple expression du sport.