6 Heures de Spa - Course : Jota et Manthey EMA triomphent pour un nouveau doublé Porsche
Les 6 Heures de Spa ont une nouvelle fois réservé des surprises. Samedi, après une course rallongée, le Hertz Team Jota est devenu le premier équipage privé de l'histoire de l'Hypercar à remporter une course au classement général, tandis que le Porsche Manthey EMA a pris la victoire dans le dernier tour chez les LMGT3.


Ferrari hors des premiers rangs pour le départ, Porsche et Cadillac avaient le champ libre pour partir en tête aux 6 Heures de Spa.
La N°5 de chez Penske est partie de la pole, proche de se faire surprendre par la Proton N°99, partie 3e. La Cadillac semblait avoir de bonnes dispositions en termes de rythme, notamment durant les premières minutes. Mais l'unique américaine engagée en WEC a vu son rythme s'effondrer dans la première heure.
De fait, la N°5 avait le champ libre pour dérouler... jusqu'à ce que la Porsche privée du team Proton, dans une manœuvre spectaculaire après Blanchimont, a pris la tête de la course !
Mais il peut se passer énormément de choses en six heures. Si le Français Julien Andlauer a fait un premier relais de toute beauté, le concurrence revenait derrière. La menace venait essentiellement des Porsche officielles et surtout des Ferrari, dont le rythme de course semblait redoutable, malgré les douze kilos pris via la BoP.
L'affiche était belle : les six premières places étaient une alternance alléchante entre Porsche et Ferrari. Mais chez les Rouges, la N°83 du team AF Corse n'était cette fois pas devant les officielles.
La N°50 (Fuoco/Molina/Nieslen) a finalement réussi à remonter assez rapidement vers le haut de tableau, alors qu'elle était partie du 19e et dernier rang des Hypercar.
Et le clan français pouvait compter, chez les équipes, sur une Alpine N°35 en forme : après avoir accédé à l'Hyperpole, le trio Milesi/Chatin/Gounon continuait d'évoluer dans le Top 10, donc dans les points.
Chez Peugeot, voiture la plus lourde du plateau, la N°94 a démarré d'entrée par un passage aux stands sur un problème mécanique. Les deux Sochaliennes, la N°93 y compris, n'étaient pas en course pour les points à la régulière.
Et finalement, Ferrari a réussi à prendre le meilleur sur ces 6 Heures de Spa, aux alentours de la mi-course : la N°51 (Giovinazzi/Calado/Pier Guidi) a dépassé la N°99, qui a fait un début de course formidable, notamment par la voie de Julien Andlauer et Neel Jani.
Porsche de galère en galère
L'avantage du nombre va à Porsche, mais cela multiplie aussi les risques d'abandons. La Jota N°38 a été mise hors course en début d'épreuve, après un accrochage avec la BMW N°46, pilotée par Ahmad Al Harty...Valentino Rossi et Maxime Martin étaient bien entendu dépités, après être passés proches de la victoire à Imola, en LMGT3.
La N°5 officielle (Campbell/Makowiecki/Christensen) a connu ce qui semblait être un bris de suspension à la sortie de Blanchimont. Elle en a été quitte pour un abandon, perdant ainsi ses chances de convertir sa pole en un bon résultat.
La N°99, en tête de la course, a bien failli tout perdre lors de la période de Safety Car, successive au crash de la Jota et de la BMW, à Malmedy : la portière refusait de se fermer ! Neel Jani était dans tous ses états, mais a heureusement pour lui pu résoudre le problème.
La tête était conservée jusqu'à ce que Ferrari place ses deux officielles en tête, dans l'ordre N°51 et la suprenante N°50, qui a fait oublier son déclassement des qualifications.
Cadillac : par tous les états
La V Series R N°2 semblait disposer d'un rythme prometteur au départ, en suivant bien le rythme de la Porsche N°5, alors en tête. Mais très vite, l'Américaine a perdu places sur places, en dégringolant tout en bas du Top 10.
Puis, à l'amorce de la mi-course, Earl Bamber et Alex Lynn ont semblé plus à l'aise, sous le grand soleil spadien : la N°2 a réussi à remonter petit à petit, non loin du Top 5. Souvent au bénéfice des neutralisations, notamment les Full Course Yellow et la Safety Car, les espoirs de podium revenaient quelque peu.
Jusqu'à l'évènement marquant de ces 6 Heures de Spa : Earl Bamber a tenté de dépasser la Porsche Proton N°99 à l'entrée de Kemmel. Mais sur la route des deux Hypercar se trouvait la BMW N°31, pilotée par Sean Gelael : la Cadillac percuté l'avant de la GT3 avec l'arrière droit et a subi un énorme choc contre le mur.
Le prototype américain, complètement détruit, a failli partir en tonneaux. Mais heureusement, la radio est venue confirmer que le pilote allait bien.
Les spectateurs ont eu du rab
C'est suffisamment rare en endurance pour être mentionné : le drapeau rouge a été brandi en course, à cause des nombreux débris et des barrières endommagées. La dernière fois que cela était arrivé, c'était à Sebring, en 2022, lorsque de gros orages avaient menacé la fin de course avant son terme.
Les 6 Heures de Spa ont été interrompues pendant pas loin de deux heures. Puis, la nouvelle est tombée : le chrono a été remis à 1 h 44 de la fin, soit le moment où le drapeau rouge a été brandi.
Sous cette procédure, les compteurs n'ont pas été tout à fait remis à zéro, puisque seuls les pneumatiques ont pu être changés. Les taux d'énergies étaient inégaux, ce qui a complètement chamboulé le classement. Et occasionné un véritable sprint final à une course qui n'a pas manqué de rebondissements et d'incertitude !
Bagarre partout !
Le millésime 2024 du WEC a ceci de particulier que la concurrence est extrêmement dense, dans les deux catégories. Lorsque se profilaient des luttes directes dans le trafic, les pilotes n'hésitaient pas à prendre tous les risques. Un régal pour les yeux, malgré les quelques frayeurs occasionnées !
Tout ce remue-ménage a profité à Porsche...mais pas la structure officielle : la Jota N°12 (Stevens/Illott) a pris les commandes de la course et était engagée dans un duel à distance avec la N°6 (Estre/Vanthoor/Lotterer) et la Ferrari N°51, légèrement décalée dans le taux d'énergie.
Derrière, un joli mano a mano a opposé une Toyota N°7 jusque là anonyme à la Ferrari N°51 : cette dernière, après un beau combat, a réussi à prendre le meilleur, aux mains d'Alessandro Pier Guidi.
Chez les Français, les points de la 9e place se disputaient entre l'Alpine N°35, finalement peu pénalisée par le drapeau rouge, et la Peugeot N°93, qui a réussi à amarrer la zone des points, en dépit d'une masse énorme.
Jules Gounon, en plein apprentissage du prototype, a terminé la course et a pu dépasser la première des 9X8. Même si la concurrence était injouable pour l'une comme pour l'autre équipe, les espoirs de bien figurer au Mans ne sont pas illégitimes.
En fin de course, Julien Andlauer a fait une remontée de toute beauté, en se payant le scalp de la Toyota N°7. Le constructeur japonais a terminé hors du Top 5 réalisant une course anonyme. Avec en plus de cela un contact avec la Lamborghini des Iron Dames au virage de la Source, qui a fait subir à Kamui Kobayashi cinq secondes de pénalité.
La bonne affaire au championnat était bien évidemment à mettre au crédit de la Porsche N°6 : même sans victoire, la 2e place suffisait à creuser d'avantage l'écart au classement des équipages.
Mais la Jota N°12 a réalisé une course parfaite, en devenant la première écurie privée à remporter une manche du WEC au classement général, depuis l'avènement de l'Hypercar en 2021. La Penske N°6 termine 2e et la Ferrari N°50 3e, après une solide remontée.
LMGT3 : Iron Dames manque le coche
Il s'agissait d'une belle histoire pour l'équipage 100 % féminin du WEC : le passage de la Porsche GTE à la Lamborghini Huracan GT3 a été délicat en ce début de saison, avec un gros manque de rythme.
Mais le trio Sarah Bovy/Rahel Frey/Michelle Gatting a réussi à signer une pole sensationnelle et a creusé un gros écart avec la concurrence durant la première heure. Mais en endurance, tout ne se fait pas qu'au rythme.
Car les neutralisations, tout comme le drapeau rouge, ont mis à mal les stratégies déjà établies. Ce qui a permis notamment à l'autre Lamborghini, la N°60 de chez Iron Lynx, de viser ni plus ni moins que le podium ! Encore une preuve que la Huracan est très à l'aise sur les circuits rapides.
McLaren, avec la N°59 du United Autosport, avait aussi son mot à dire dans la lutte pour la victoire ! Il faut aussi dire que BMW, avec les N°46 et 31, ont toutes deux été balayées de la course par deux accidents avec des Hypercar. Un sacré contraste, deux semaines après avoir réalisé un doublé de toute beauté à Imola.
La Ferrari N°54 du Vista AF Corse pointait en tête dans la dernière demi-heure, mais devait encore s'arrêter. Cela se passait devant la McLaren N°59, leader virtuel à ce stade...et la Porsche N°92 du Manthey PureX Racing ! L'équipage vainqueur à Losail, en ouverture de saison, victime d'un gros carton en qualifications, a traversé les faits de courses pour se battre aux avant-postes, alors que les Iron Dames étaient, malgré elles, éjectées de la course à la victoire.
D'autant plus frustrant pour elles quand leurs homologues d'Iron Lynx, sur l'autre Lamborghini, ont pris la tête de la catégorie LMGT3, juste avant l'entame du dernier quart d'heure ! Franck Perera a pris l'avantage sur le Suisse Grégoire Saucy, sur la N°59, alors que la N°95 avait abandonné. McLaren était trop court en énergie pour aller au bout et a dû laisser le podium s'échapper.
Mais avec la gestion d'énergie, les têtes d'affiche étaient toutes en sursis ! L'Iron Lynx et la Porsche Manthey PureX étaient toutes les deux très très limite dans les dernières minutes...la tension était énorme dans le dernier tour !
La Porsche Manthey EMA N°91, avec suffisamment de jus pour finir, a pris la tête dans le dernier tour, pour devenir le troisième vainqueur en trois manches. Iron Lynx a finalement échoué au 3e rang, devant les Iron Dames. Et la N°92, en tête du championnat, a terminé avec tout juste 0% d'énergie !
Le classement Hypercar
Equipe | # | Pilotes | Temps | Ecart | Tours | |
---|---|---|---|---|---|---|
1 | HERTZ TEAM JOTA | #12 | Stevens W. ILOTT C. | 5:57:31.542 | 141 | |
2 | PORSCHE PENSKE MOTORSPORT | #6 | Estre K. Lotterer A. Vanthoor L. | 5:57:43.905 | +12.363 | 141 |
3 | FERRARI AF CORSE | #50 | Fuoco A. Molina M. Nielsen N. | 5:58:45.562 | +1'14.020 | 141 |
4 | FERRARI AF CORSE | #51 | Pier Guidi A. Calado J. Giovinazzi A. | 5:58:49.252 | +1'17.710 | 141 |
5 | PROTON COMPETITION | #99 | Jani N. Andlauer J. | 5:58:57.868 | +1'26.326 | 141 |
6 | TOYOTA GAZOO RACING | #8 | Buemi S. Hartley B. Hirakawa R. | 5:59:06.497 | +1'34.955 | 141 |
7 | TOYOTA GAZOO RACING | #7 | Conway M. Kobayashi K. De vries N. | 5:59:09.873 | +1'38.331 | 141 |
8 | AF CORSE | #83 | Kubica R. Shwartzman R. Ye Y. | 5:59:20.704 | +1'49.162 | 141 |
9 | ALPINE ENDURANCE TEAM | #35 | Chatin P. GOUNON J. Milesi C. | 5:59:38.631 | +2'07.089 | 141 |
10 | PEUGEOT TOTALENERGIES | #93 | Jensen M. MÜLLER N. | 5:57:42.199 | +1 tours | 140 |
11 | BMW M TEAM WRT | #15 | Vanthoor D. Marciello R. Wittmann M. | 5:58:01.824 | +1 tours | 140 |
12 | ALPINE ENDURANCE TEAM | #36 | Lapierre N. Schumacher M. Vaxiviere M. | 5:58:08.902 | +1 tours | 140 |
13 | BMW M TEAM WRT | #20 | Van Der Linde S. Frijns R. Rast R. | 5:59:40.644 | +1 tours | 140 |
14 | PEUGEOT TOTALENERGIES | #94 | Di Resta P. Duval L. | 5:58:35.366 | +2 tours | 139 |
15 | ISOTTA FRASCHINI | #11 | Serravalle A. Bennett C. Vernay J. | 5:59:50.462 | +3 tours | 138 |
16 | CADILLAC RACING | #2 | Bamber E. Lynn A. | 4:10:20.251 | +46 tours | 95 |
17 | PORSCHE PENSKE MOTORSPORT | #5 | Campbell M. Christensen M. Makowiecki F. | 2:54:57.210 | +77 tours | 64 |
18 | LAMBORGHINI IRON LYNX | #63 | Bortolotti M. Caldarelli A. Kvyat D. | 2:46:25.610 | +82 tours | 59 |
19 | HERTZ TEAM JOTA | #38 | Button J. Hanson P. Rasmussen O. | 1:27:58.869 | +104 tours | 37 |
Le classement LMGT3
Equipe | # | Pilotes | Temps | Ecart | Tours | |
---|---|---|---|---|---|---|
1 | MANTHEY EMA | #91 | Shahin Y. Schuring M. Lietz R. | 5:58:41.599 | 130 | |
2 | MANTHEY PURERXCING | #92 | Malykhin A. Sturm J. Bachler K. | 5:58:42.897 | +1.298 | 130 |
3 | IRON LYNX | #60 | Schiavoni C. Cressoni M. Perera F. | 5:58:51.462 | +9.863 | 130 |
4 | UNITED AUTOSPORTS | #59 | Cottingham J. Costa N. Saucy G. | 5:59:12.936 | +31.337 | 130 |
5 | IRON DAMES | #85 | Bovy S. Frey R. Gatting M. | 5:59:08.663 | +27.064 | 130 |
6 | VISTA AF CORSE | #54 | Flohr T. Castellacci F. Rigon D. | 5:59:22.413 | +40.814 | 130 |
7 | D'STATION RACING | #777 | Mateu C. Bastard E. SØRENSEN M. | 5:59:44.369 | +1'02.770 | 130 |
8 | PROTON COMPETITION | #88 | Roda G. Pedersen M. Olsen D. | 5:59:49.478 | +1'07.879 | 130 |
9 | PROTON COMPETITION | #77 | Hardwick R. Robichon Z. Barker B. | 5:59:56.200 | +1'14.601 | 130 |
10 | AKKODIS ASP TEAM | #78 | Robin A. SCHMID C. Miyata R. | 5:57:32.442 | +1 tours | 129 |
11 | HEART OF RACING TEAM | #27 | James I. Mancinelli D. Riberas A. | 5:57:40.864 | +1 tours | 129 |
12 | TF SPORT | #82 | Koizumi H. Baud S. Juncadella D. | 5:59:02.465 | +1 tours | 129 |
13 | VISTA AF CORSE | #55 | Heriau F. Mann S. Rovera A. | 6:00:00.514 | +1 tours | 129 |
14 | AKKODIS ASP TEAM | #87 | Kimura T. Masson E. Lopez J. | 5:58:01.741 | +2 tours | 128 |
15 | TEAM WRT | #31 | Leung D. GELAEL S. Farfus A. | 4:10:15.680 | +43 tours | 87 |
16 | UNITED AUTOSPORTS | #95 | Caygill J. Pino N. Sato M. | 2:54:14.947 | +71 tours | 59 |
17 | TF SPORT | #81 | Van Rompuy T. Andrade R. Eastwood C. | 2:47:07.720 | +74 tours | 56 |
18 | TEAM WRT | #46 | Al Harthy A. Rossi V. Martin M. | 1:27:51.645 | +97 tours | 33 |