Dickie Attwood, l'homme qui a offert la première victoire à Porsche au Mans, fête ses 85 ans
Il est à l'origine des succès de Porsche en endurance. Richard Attwood, plus communément appelé Dickie, a conduit la marque allemande à son premier succès dans la Sarthe en 1970. En ce vendredi 4 avril, le Britannique souffle ses 85 bougies.


Un grand personnage. Souvent méconnu. Mais qui a eu un rôle important dans le sport automobile. Ancien pilote de Formule 1 et d'endurance, Richard Attwood a eu une carrière que bon nombre de pilotes auraient aimé avoir.
Même s'il n'a pas le plus grand palmarès au monde, le Britannique est parvenu à réaliser l'une des plus grosses performances au monde. Offrir à Porsche sa première victoire dans la Sarthe. En 1970, la marque de Stuttgart a triomphé pour la première des dix-neuf fois aux 24 Heures du Mans.
Le pilote d'usine Porsche était déjà prêt à remporter l'épreuve en 1969. Mais la 917 était terrible. Et encore, le mot est faible tant ce prototype effrayait les hommes qui montaient dedans. Conçue par Ferdinand Piëch, cette voiture était d'une légèreté extrême et d'une puissance folle. Le seul problème résidait dans son aérodynamisme, pratiquement inexistant. De quoi la rendre incontrôlable et presque inconduisible.
« Difficile à conduire est un euphémisme. Cercueil roulant serait plus juste. C'était un monstre. Elle avait été conçue comme une balle de fusil, mais il n'y avait pas assez de pression pour la maintenir au sol. Donc, plus on allait vite, et plus elle était instable », retraçait Dickie Attwood dans The Grand Tour.
Monstrueuse domination
Pour sa première participation au Mans, la 917 a fait une première victime. Dès le premier tour de course, John Woolfe a percuté le mur et a été éjecté du prototype car il n'avait pas encore attaché sa ceinture de sécurité. La voiture a été coupée en deux et a mis hors course la Ferrari de Chris Amon. L'accident a retardé plusieurs minutes plus de la moitié du plateau, coincé derrière la Porsche en feu.
Ferdinand Piëch, prêt à tout pour s'imposer, a injecté des sommes folles dans son projet. La firme était au bord de la faillite. Pratiquement la totalité des employés, même les secrétaires, ont travaillé dessus pour respecter les réglementations et pour être prêts pour l'échéance.
Pour corriger les nombreux défauts de la voiture, la marque allemande a engagé l'un des ingénieurs de la Ford GT40. Quelques améliorations sont réalisées ici et là. Et revoilà la 917K alignée sur la grille de départ des 24 Heures. La performance de la voiture n'était plus à prouver. Restait à savoir si la fiabilité et la tenue de route allaient être de la partie.
« C'était très physique. Il fallait faire très attention. Il n'y avait pas beaucoup de marge si on commettait une erreur », a reconnu Richard Attwood bien des années après cet événement.
« C'est une vieille amie »
Après deux tours d'horloge, le résultat est sans appel. Cinq tours d'avance pour le duo Herrmann/Attwood sur la deuxième voiture, une autre 917. Le premier prototype non badgé Porsche a terminé loin. Très loin. Trente boucles derrière. L'humiliation la plus totale. « Grâce à leur habileté tactique et à une performance irréprochable, ils ont piloté la voiture de course portant le numéro 23 et ont mené la Porsche avec brio jusqu'à la ligne d'arrivée le 14 juin 1970 à 16 heures », retrace Porsche.
Et encore, ce n'est pas la domination de 1971. 5.335 kilomètres ont été bouclés par Helmut Marko et Gjis van Lennep cette année-là. Un record de distance seulement battu par deux autres vainqueurs : Audi en 2010 et Porsche en 2015.
Un bolide démentiel. Qui faisait peur à de nombreux pilotes. Mais à l'époque, peu importe, il fallait monter dedans. « Si vous ne le faisiez pas, vous étiez écarté et quelqu'un d'autre prenait la place. » Malgré sa dangerosité, la 917K est restée dans le cœur du Britannique. Il en a d'ailleurs repris le volant plusieurs fois après sa retraite : à Goodwood et pour le tournage d'une émission du Grand Tour. « C'est une vieille amie. »
Deuxième à Monaco
BRM, Lotus, Cooper. Eh non, ce n'est plus Le Mans. Ici, c'est de la Formule 1. Car le grand Dickie Attwood a aussi eu l'honneur de prendre part à plusieurs Grand Prix. Même si son passage en monoplace n'a pas été des plus étincelants, il est parvenu à réaliser quelques performances. En témoigne sa deuxième place au Grand Prix de Monaco 1968 derrière Monsieur Monaco, Graham Hill.
Une performance étincelante. Mais pas suffisante. Les courses suivantes étant peu glorieuses, le Britannique a été remplacé. Il n'est revenu qu'une seule fois dans la catégorie reine du sport automobile. Dans la Principauté, l'année suivante. Au volant d'une voiture encore en progression, la Lotus, il est parvenu à accrocher une quatrième place. Son parcours en F1 s'est arrêté ici. Dans des rues étroites où il est souvent parvenu à tirer son épingle du jeu. Comme en 1963 où il s'était imposé en Formule 3.
Richard Attwood. Un personnage que peu d'amateurs connaissent. Mais qui, grâce à son coup de volant, est parvenu à lancer une dynastie. À titiller les plus grands de ce sport. À 85 ans, celui qui a commencé sa carrière en tant qu'apprenti chez Jaguar a toujours la pêche et est toujours prêt à grimper dans l'une des Porsche 917. Il n'a juste qu'à ôter sa fameuse casquette et enfiler son casque. Et le voilà lancé.