Jacques Villeneuve doute du retour d'Alonso chez McLaren F1

Observateur attentif de la discipline reine, le champion du monde 1997 Jacques Villeneuve a donné son sentiment vis-à-vis de certains sujets, à commencer par les transferts de Sebastian Vettel et de Fernando Alonso. S'il reste convaincu que l'Allemand avait besoin d'un changement d'air, pour l'Espagnol il doute que la victoire sera immédiatement possible.

« Les deux pilotes vont être dans un meilleur état d’esprit que cette année. Vettel n’avait plus la flamme chez Red Bull. Il n’était plus considéré comme le pilote numéro 1. Red Bull n’est pas une famille comme on doit le croire, le seul intérêt de l’écurie c’est de vendre leur poulain sur le devant de la scène : c’est ce qui s’est passé avec Daniel Ricciardo et Vettel n’avait pas d’autre choix que de se taire à Milton Keynes. Sebastian a bien fait de partir, il n’avait plus le même soutien, » explique le Canadien. « Chez Ferrari, il pourra avoir le soutien attendu dans une écurie qui est en reconstruction. Il faudra être patient car les résultats n’arriveront pas en 2015, mais les résultats devraient être au rendez-vous en 2016. »

« Concernant Fernando Alonso, je ne suis pas sûr de ses choix. Il avait besoin d’air frais car il était venu chez Ferrari pour gagner mais cela a mal tourné. Malheureusement Fernando n’était plus l’homme-fort de Maranello. Il s’est passé la même chose quand il a fait son premier passage chez McLaren, il n’était pas l’homme-fort. Pour moi, Fernando s’exprime bien mieux sur une piste de F1 qu’à l’extérieur, il a souvent utilisé Twitter et Internet par le passé seulement Ferrari, en tant qu'équipe historique, n’aime pas ces méthodes. Ferrari est plus habituée à protéger ses pilotes quand les choses ne vont pas bien. Ferrari est plus une famille que Red Bull, il faut voir comment ils ont géré le cas de Kimi, » explique-t-il.

Villeneuve met en avant la question centrale depuis 2014 du moteur turbo hybride dans l'équation "McLaren-Honda-Alonso" : « McLaren avait le meilleur moteur en circulation, mais ils n’ont pas su concurrencer Williams, par moment Force India était proche avec un budget moindre. Est-ce que cela veut dire qu’il y a un problème ? Et le moteur Honda dans tout ça, sera-t-il en mesure d’être une unité de puissance compétitive ? C’est une tradition au Japon de construire des bons moteurs turbo, mais construire un V6 c’est autre chose. Ferrari et Renault faisaient d’excellents moteurs turbo dans les années 80, mais maintenant qui est gagnant dans la conception des moteurs aujourd’hui ? C’est Mercedes qui sait mieux exploiter la partie hybride. Honda est une inconnue dans le domaine. Que pourra faire Alonso dans ce contexte ? Difficile à dire, mais Dieu merci ils ont conservé Jenson Button à Woking ; il y aura donc l’expérience de Jenson qui sera utile pour résoudre les problèmes très rapidement. Honda peut attendre pour renouer avec le succès, alors qu’Alonso est pressé et veut gagner de suite ».

Le fils de Gilles Villeneuve est revenu plus en détail sur la situation de l'écurie Mercedes - qui sort d'une saison historique où elle a remporté son premier titre des constructeurs et où Lewis Hamilton a remporté le titre pilote, le premier depuis Fangio en 1955. Le Québécois n'écarte pas l'idée d'un départ de Mercedes de la F1 si l'écurie remporte d'autres couronnes mondiales : « Ce n’est pas à exclure étant donné qu’ils atteindront leurs objectifs. Même dans les années 50 quand ils ont dominé la F1, ils sont partis. Il n'y a qu'à voir Audi aux 24 heures du Mans : leur présence n’a plus de sens car après une incroyable série de victoires, si Audi se met à perdre on va en parler. Je pense que c’est mieux de s’arrêter en tant que gagnant. Ce n’est pas leur unité de puissance qui a fait gagner Mercedes en 2014, c’est le fait qu’ils avaient la meilleure monoplace et les deux meilleurs pilotes du paddock. Ils avaient toutes les conditions pour dominer cette saison et ils l’ont fait. Il sera difficile de trouver un équilibre entre Nico et Lewis car ce dernier arrive en fin de contrat en 2015. »

Son regard sur la F1 d'aujourd'hui est différent, c'est une F1 qui ne le fait plus rêver : « Cette saison le championnat était passionnant, même s’il y avait l’absence de bruit. Les F1 ne semblent plus aussi compliquées à piloter que par le passé. Verstappen fait 10 tours et il est considéré comme un pilote talentueux. Regardez aussi Susie Wolff qui se défend ; il semble que n’importe qui peut conduire une F1. Quand mon père pilotait une F1 c'était plus compliqué, ils étaient considérés comme des héros qui pilotaient des machines presque impossibles à manœuvrer. La F1 m’a émue à ce moment-là, même si je suis venu du monde de la Formule Indy. Cette F1 ne me passionne pas, les voitures sont lentes ».

Alors que la FIA a modifié les conditions d'attribution de la Super Licence - fixant notamment l'âge minimum pour son obtention à 18 ans - l'ancien pilote Williams et BAR voudrait être plus radical : « L’âge minimum qui devrait être à 21 ans. Vous devez avoir accès à la F1 que si vous avez gagné quelque chose, que si vous possédez une expérience riche.
Ce n’est pas une catégorie pour apprendre la F1. Max Verstappen est un abus. Red Bull réalise-t-il qu’ils mettent un enfant dans une F1 ? Je ne doute pas qu’il soit talentueux, mais il n’a aucune expérience. Je suis arrivé en F1 quand j’avais 25 ans après avoir gagné en Formule Indy, j’ai donc eu une richesse d’expérience que Max n’a pas. Avant de se battre dans la vie, vous devez apprendre à vous battre. Ce n’est pas le but de la F1, » estime-t-il. « Oui, il a fait parler dans la presse, mais l’impact n'a pas été comme Red Bull le voulait. Pour l’image de la F1 voir un jeune pilote de 17 ans débuter est un message négatif. Je pense que cette fois l’impact des médias ne sera pas aussi positif que vous ne le pensez » a-t-il conclu.