Pour Ecclestone, le pilote doit reprendre le dessus sur l'ordinateur et l'ingénieur
F1. Au cours d’une interview commune, Bernie Ecclestone et Max Mosley ont tous deux regretté que la hiérarchie en F1 soit désormais davantage dictée par les moteurs et les ingénieurs plutôt que par les pilotes.
Actuel homme fort de la FOM (Formula One Management), Bernie Ecclestone s’est entretenu avec Max Mosley, l’ancien président de la FIA, lors d’une riche interview accordée à ZDF. Les deux hommes sont revenus sur la situation actuelle de la discipline ;et tous deux ont pointé du doigt de nombreux travers de la compétition.
Toujours avenant, Bernie Ecclestone a rappelé qu’il n’avait jamais été pour l’introduction des V6 Hybride en Formule 1. « C’est la faute de Max si nous avons ce moteur », a-t-il notamment déclaré en dirigeant un regard accusateur vers son interlocuteur. Max Mosley s’est ensuite justifié : « L’idée était d’avoir un moteur qui fût adapté à la recherche pour des voitures de route, plutôt que pour des voitures de compétition. »
Cependant l’introduction des V6 a entraîné une hausse spectaculaire des coûts de développement qui pénalise aujourd’hui les écuries indépendantes. Max Mosley, selon ses propres dires, n’a jamais été mis au courant par les motoristes de cette inflation financière qui allait devenir rapidement problématique. « Le facteur important était que la recherche pouvait s’appliquer aux voitures de série », a-t-il rappelé.
Les ingénieurs ont donc pris le dessus, dans ce domaine comme dans d’autres. Bernie Ecclestone a ainsi regretté les trop nombreuses aides au pilotage accordées de nos jours aux pilotes. « Quand les gens me demandent qui était pour moi le meilleur pilote, le nom qui me vient à l’esprit (et beaucoup de personnes ne sont pas d’accord avec moi), est celui d’Alain Prost. Prost. Il devait prendre garde à ses freins, à sa boîte de vitesses, à chaque chose, et il a fait du bon boulot. Donc il a fini plus de courses et dans une meilleure position que d’autres, alors qu’aujourd’hui les pilotes n’ont plus ce genre de préoccupation. (…) Nous sommes plus ou moins dans un championnat d’ingénieurs. Je ne dis pas que Lewis n’est pas un excellent pilote, mais on l’aide vraiment beaucoup. Je voudrais le voir dans une voiture de GP2 avec des pilotes GP2… Je ne dis pas qu’il ne gagnerait pas, mais ce serait intéressant. »
Max Mosley n’est pas d’un avis différent : « Je voudrais que les voitures changent pour donner un contrôle complet au pilote, jusqu’à la boîte de vitesses. (…) Dans le même temps, je voudrais changer les règlements au sujet des coûts : toutes les équipes pourraient dépenser le même montant, mais guère plus. Donc la meilleure voiture serait conçue non pas par l’ingénieur le plus riche, mais par l’ingénieur le plus malin. (…) Ce qui est fondamental, c’est qu’une grande partie de la technologie est tellement complexe que personne n’y comprend rien. Vous pouvez regarder sur Internet une photo d’un volant moderne de F1 avec tous ces boutons… »
L’ancien président de la FIA rappelle qu’en 1994, il avait introduit l’interdiction des aides électroniques au pilotage, pour, dit-il, « que le pilote ait à conduite une voiture et non un ordinateur. C’est une bataille constante pour faire en sorte que l’ordinateur ne prenne pas de plus en plus d’importance. Je pense que c’est un argument puissant pour un retour aux fondamentaux, où le pilote a un volant classique et peut-être même un levier de vitesses. »
Pour Bernie Ecclestone, une bonne solution serait de demander aux fans ce qu’ils souhaiteraient : « Nous ne devons pas oublier qu’il s’agit d’un business de divertissement. Donc nous devrions avoir les règles que les gens veulent. Nous devrions demander au public ‘que voulez-vous pour la Formule Un d’aujourd’hui, et qu’est-ce que vous aimiez dans la Formule Un d’avant ?’. Nous avons besoin de tout réexaminer. »