Il y a 10 ans la mort de Jules Bianchi permit l'introduction de nouvelles mesures de sécurité
F1. 7 747 jours, 21 ans, 2 mois et 16 jours, c’est la plus longue période sans qu’un pilote ne perde la vie en F1. Le 1er mai 1994 lors du week-end noir d’Imola, Ayrton Senna se tua dans le virage de Tamburello. Le 17 juillet 2015, Jules Bianchi s’éteint à l’hôpital de Nice, sa ville natale, neuf mois après son accident lors du Grand Prix du Japon.
Le 5 octobre 2014 se tient le Grand Prix du Japon, à Suzuka. A cette période de l’année, les fortes pluies sont assez fréquentes à cause des typhons. Sur la grille, les deux candidats au titre Nico Rosberg et Lewis Hamilton partent en première ligne, l’Allemand en pole position.
La pluie est si intense que la direction de course décide de débuter la course sous régime de voiture de sécurité. Malgré cette précaution, la piste est impraticable. Sebastian Vettel, en pneus pluie fait de l’aquaplaning à seulement 80 km/h. Lewis Hamilton informe son stand qu’il ne voit pas du tout la monoplace de son coéquipier en tête. Marcus Ericsson part en tête-à-queue après seulement deux tours. Toutes les voitures rentrent aux stands en attendant une accalmie.
Lorsque les pilotes repartent en piste, la voiture de sécurité continue de mener le paquet. Hamilton et Jean-Éric Vergne trouvent à ce moment-là que les conditions sont bonnes pour conduire, alors que Vettel trouve la visibilité ‘’très mauvaise à partir de 140 km/h’’.
Au 10e, tour la voiture de sécurité s’efface et la course démarre, sur une piste encore très humide. Hamilton attaque pour prendre la tête, mais part deux fois hors des limites de pistes, d’abord en pneus pluie puis en intermédiaire. Dans l’entame du 29e tour, le numéro 44 prend la tête de la course, juste avant le premier virage, bien aidé par le DRS.
L’accident mortel de Jules Bianchi
Le Britannique prend de l’avance sur Rosberg, mais les conditions météorologiques empirent de nouveau à partir du 40e tour, la nuit commence à tomber et la pluie s’intensifie de nouveau. Magnussen part en tête-à-queue et Vettel passe dans l’herbe dans le S du circuit. Au 43e tour, Andrian Sutil perd le contrôle de sa Sauber dans le virage n°7, un camion-grue arrive pour récupérer la monoplace.
Un tour plus tard, dans le même virage, Jules Bianchi glisse lui aussi. Il tente de rattraper sa Marussia mais rentre en collision avec l’engin de remorquage, sa monoplace a tapé le dessous du véhicule. Le choc a été si violent qu’il a soulevé le camion. Le drapeau rouge est sorti au 46e tour avant que la course ne soit arrêtée définitivement, Lewis Hamilton est déclaré vainqueur devant Rosberg et Vettel. Mais à ce moment-là, le championnat n’a plus aucune importance pour le paddock.
Dans l’accident, la tête de Jules Bianchi a tapé de plein fouet le dessous du tracteur. La voiture médicale arrive vite sur place. Adrian Sutil était en face de la Marussia détruite du Français. Il est l’une des dernières personnes à avoir vu Bianchi fermer les yeux une dernière fois. Jules Bianchi est dans le coma durant de très longues journées à l’hôpital de Yokkaichi, son état est jugé ‘’critique mais stable’’ par les médecins.
Entre temps le Niçois est transféré à l’hôpital de sa ville natale, où il s’éteindra le 17 juillet 2015 à l’âge de 25 ans. Ses obsèques auront lieu quatre jours plus tard en présence de sa famille, de ses amis et d’un grand nombre de pilotes autour du cercueil du français. Derrière leurs lunettes de soleil noires Felipe Massa et Pastor Maldonado ne peuvent retenir leurs larmes.
Le 26 juillet Sebastian Vettel remporte le Grand Prix de Hongrie. A peine la ligne d’arrivée franchit il lance à la radio, en français, l’index pointé vers le ciel : ‘’Merci Jules cette victoire est pour toi’’.
L’augmentation de la sécurité après l’accident
L’enquête révéla que Jules Bianchi n’avait pas suffisamment ralenti durant le double drapeau jaune. Mais un pilote de F1 cherche avant toute chose à perdre le moins de temps possible. Pour forcer l’intégralité des pilotes à ralentir, sans faire intervenir la voiture de sécurité, le régime de Virtual Safety Car (VSC) ou voiture de sécurité virtuelle est introduit en 2015.
La protection de la tête des pilotes revient également sur le devant des préoccupations. Plusieurs dispositifs avaient été testés à partir de 2009 et l’accident de Felipe Massa, en Hongrie, où le Brésilien avait reçu un ressort de la suspension de la BrawnGP de Barrichello en pleine tête. Mais ce n’est qu’en 2018 que la protection en titane du halo fera son apparition.
Ce halo sera très critiqué par les pilotes au moment de son introduction. Mais depuis il permit de sauver la vie à de nombreux pilotes, comme Charles Leclerc en Belgique en 2018, Romain Grosjean à Bahreïn en 2020, Lewis Hamilton à Monza en 2021 ou encore Zhou Guanyu à Silverstone en 2022.
Malgré l’augmentation de la sécurité en F1, le danger reste présent à chaque instant et les bonnes décisions ne sont pas toujours prises. Comme lors du Grand Prix du Japon 2022, où sous une nouvelle pluie battante, un engin de remorquage était en piste durant un drapeau rouge pour évacuer la Ferrari de Carlos Sainz. Pierre Gasly resté en piste passe près du tracteur, alors que la visibilité était très réduite. L’ancien pilote AlphaTauri estime qu’il aurait pu se tuer ce jour-là.
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