PURE parle de son moteur et juge ses concurrents

A l’approche de l’introduction d’une nouvelle motorisation en Formule Un, à partir de 2014, l’année 2012 devrait voir les motoristes effectuer leurs premiers essais avec le V6 1,6 litre Turbo. Si les blocs Mercedes, Renault et Ferrari ne sauraient tarder à rugir, ce pourrait être, à en croire Craig Pollock dans un long entretien accordé à GPUpdate.com, le projet PURE qui soit le plus avancé : « Quand vous concevez et construisez un moteur de Formule Un, vous devez passer par différentes étapes » confie l’ancien patron de BAR. « Les deux premières concernent la conception globale d’abord, puis dans le moindre détail, du moteur. Ensuite, à la troisième étape, vous passez vos commandes auprès des fournisseurs, puis, fondamentalement, à la construction des éléments. Pour le moment, nous en sommes à cette étape et nous avons déjà confirmé que nous passerons sur le banc d’essais d’ici juin ou début juillet, ce qui est très bien. »

Parmi les constructeurs déjà présents en Formule Un, Mercedes semble être celui qui est le plus avancé sur son projet, ce que confirme le PDG de PURE : « Nous estimons que Mercedes est déjà sur le banc d’essais, nous ne savons pas s’il s’agit d’un bloc complet, comme nous, mais nous espérons que c’est avec un moteur à cylindre unique et non pas le moteur de course. Nous sommes plutôt sûrs que Renault ne va pas faire d’essais sur le banc avant le mois de septembre. Evidemment, nous sommes bien informés sur Ferrari grâce aux contacts de Gilles Simon [ndlr : responsable du département moteur de la Scuderia jusqu’en 2009]. Nous pensons qu’ils cherchent encore dans quelle direction ils doivent aller, donc ils n’en sont toujours pas au stade de la conception détaillée : ils sont en retard, peut-être même plus en retard que Renault. Ce sont les informations que nous avons. Tout le monde emploie les mêmes fournisseurs pour certains éléments du moteur, donc, lorsque certaines pièces n’ont pas été commandées à une date donnée, vous pouvez évaluer le retard de chacun. »

Concernant Cosworth, qui ne fournira plus que Marussia et HRT en 2012, Craig Pollock se montre plus pessimiste : « Ce sera très, très, très difficile pour eux d’être prêts à temps […]. Même avec ce qu’ils ont aujourd’hui, ils sont dans une situation où ils doivent partir d’une feuille blanche. Ils ont un an de retard […] et ne mettront probablement pas leur moteur au banc d’essais avant la fin de l’année prochaine, alors ils devront passer directement du banc à la piste. »

Mais pour l’heure, s’il semble en avance sur son programme prévisionnel, PURE n’existe qu’à l’état de projet et n’a pas encore signé le moindre contrat de fourniture avec une quelconque écurie. Craig Pollock se montre pourtant confiant et voit, derrière l’arrêt du programme d’endurance de Peugeot, l’annonce de jours meilleurs pour les petites structures : « Je ne pense pas que le retrait de Peugeot va aider, parce que ça va leur permettre de réaliser qu’avec les très gros constructeurs, une décision du conseil d’administration ou une réunion de la direction peut aboutir à une décision négative, et ça peut arriver d’une seconde à l’autre […]. Alors, personne ne sait qui sera encore là dans le futur, mis à part Ferrari qui, je pense, sera toujours là sur le long terme, mais personne ne peut garantir quoique ce soit concernant les autres. »

L’ancien manager de Jacques Villeneuve estime d’ailleurs que ne pas être impliqué en Formule Un pour le moment est un atout : « Nous n’avons pas à travailler sur le V8 pendant encore deux ans, alors nous travaillons uniquement sur le projet de 2014, […] et donc je pense que ça nous permet de… je ne dirais pas d’avoir un avantage, mais de rester concentrés. […] J’ai assuré, dès l’annonce du changement de règlementation, que notre moteur PURE pourrait être monté sur une Formule Un dès 2013. Ce furent essentiellement les grands constructeurs, surtout Ferrari et Mercedes, qui ont dit qu’ils voulaient un report à 2014 pour avoir plus de temps. »

S’il estime que PURE devra équiper, au minimum, deux écuries – « et deux bonnes si possible » -, Craig Pollock n’écarte aucune possibilité quand à la fourniture de ses moteurs, même pas celle, évoquée par certains, menant à McLaren : « Pour le moment, il n’y a pas une seule écurie – sauf Mercedes et Ferrari – qui n’est pas un client potentiel pour PURE. Même si Renault dispose semble-t-il d’un contrat avec Red Bull au-delà de 2014, je pense que tout reste ouvert. […] Lors d’une réunion des motoristes avec la FIA, à Barcelone, en 2011, Nobert Haug a déclaré que si Mercedes le devait, ils fourniraient leur moteur à une écurie supplémentaire mais que cette écurie devra en payer le prix. Le message indiquait très clairement que McLaren va devoir payer plein pot pour la fourniture de ses moteurs. En 2012, la fourniture est encore gratuite et, en 2013, ils seront toujours fournis par Mercedes parce que, fondamentalement, ils n’auront pas d’autre choix. Mais, en 2014, ça va être plus dur. »

En attendant, PURE doit faire face à la nécessité de trouver plus de place pour mener à bien la suite de son projet : « Nos installations actuelles, qui sont proches de Paris, deviennent trop petites pour nous. Nous avons été entre 22 et 50 ingénieurs » explique Craig Pollock à GPUpdate.com. « Désormais, nous cherchons nos propres bureaux de conception et de développement et la décision finale dépend des exigences fiscales et de quel gouvernement ou canton nous aidera le mieux à aller de l’avant. Pour le moment, nous regardons dans trois directions : la France, la Suisse et l’Allemagne. Nous avons déjà décidé que nous baserons une partie de nos activités près de Cologne, en utilisant les bancs d’essais de Toyota en Formule Un, parce qu’ils sont les meilleurs, il n’y a pas de doute à ce sujet. D’un autre côté, il y a eu l’annonce du retrait de Peugeot et nous étions suffisamment informés pour savoir que ça pouvait arriver. Ils ont proches de Paris avec des installations, des bureaux et des bancs d’essais qui ne sont certes pas aux standards pour un moteur de Formule Un mais ça ne serait pas trop difficile de les mettre à niveaux. Ce pourrait potentiellement être la situation la plus économique pour nous. »

Craig Pollock écarte cependant l’idée de construire ses propres installations : « Avant que nous puissions avoir notre propre banc d’essais, et le faire tourner correctement, ça prendra une année et demie, voire deux ans, en étant réalistes, et nous ne pouvons pas prendre ce risque. »

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