Le jour où Nico Hülkenberg a remporté les 24 Heures du Mans

Un mariage de folie. Deux courses seulement, mais qui lui ont permis de remporter enfin une victoire dans une course majeure. Nico Hülkenberg, cet homme dont la quête du premier podium en Formule 1 dure depuis longtemps. Une bataille presque éternelle qu'il n'a jamais remportée.

En face, Porsche. Un constructeur mythique. Un record de victoires aux 24 Heures du Mans. Une légende qui n'est plus à écrire, mais à compléter à chaque sortie. En 2014, la marque de Stuttgart a fait son retour en championnat du monde d'endurance. De quoi promettre de belles batailles avec le rival Audi.

Bataille entre marques allemandes

Après une année de mise au point, la 919 a pris son rythme. Une véritable menace pour 2015. Rapide en qualifications, avec notamment la pole position aux 6 Heures de Silverstone et aux 6 Heures de Spa. Mais la marque aux anneaux reprenait à chaque fois le dessus en course. Après deux rendez-vous, c'est là que venaient les 24 Heures du Mans. Le terrain de jeu de Porsche.

Les moyens financiers étaient colossaux. À tel point que les deux principaux prétendants à la victoire avaient engagé trois LMP1 contre deux pour le reste de la saison.

Mais pour engager ce troisième prototype, il fallait recruter trois pilotes. De nombreux hommes ont présenté leur CV pour postuler, dont un certain Fernando Alonso, qui courait déjà après une participation aux 24 Heures du Mans. Au final, un autre pilote de Formule 1 lui a été préféré : Nico Hülkenberg.

« Il ne fait pas ça pour l'argent, mais parce qu'il veut vraiment le faire et parce qu'il s'intéresse au WEC, et nous aimons vraiment son état d'esprit. Il a la bonne attitude et il comprend qu'aller en WEC au milieu d'une saison de F1 sera un gros défi », indiquait Andreas Seidl, alors directeur du programme Porsche LMP1 à l'époque.

Car oui, contrairement à cette saison 2025 où le Grand Prix du Canada se tient en même temps que les 24 Heures du Mans, aucune course de Formule 1 ne faisait doublon en 2015.

Essai grandeur nature à Spa

Alors qu'il n'avait jamais conduit une telle voiture, un engagement dans la Sarthe aurait été une épreuve XXL. Porsche a finalement proposé à l'Allemand d'effectuer un essai grandeur nature quelque temps avant la semaine la plus longue du monde.

Les dirigeants de la section sport automobile de la firme l'ont aligné lors des 6 Heures de Spa. Un choix loin d'être anodin. Le Toboggan des Ardennes disposant, grossièrement, des mêmes spécificités que le circuit des 24 Heures : de longues lignes droites, des virages rapides et techniques, et une certaine exigence pour les voitures et les pilotes.

Lors de cette préparation pour la classique, Nico Hülkenberg a terminé à la sixième place. Un début difficile en endurance face à l'ogre Audi qui a réalisé la course parfaite en soufflant la victoire à Porsche.

Six semaines plus tard. Le voilà dans la Sarthe. « Nous étions la troisième voiture qu'ils alignaient au Mans, nous étions très libres. Nous n'en attendions pas trop. Nous avons pris ça au sérieux, tout en prenant du plaisir », a expliqué, plus tard, après la classique mancelle, l'Allemand.

Sur ses terres, le constructeur de Stuttgart n'a pas fait dans la dentelle. Trois 919 aux trois premières places en qualifications. Audi, muet. En course, la #19 de Nico Hülkenberg s'est rapidement retrouvée distancée, reléguée derrière les R18 de la firme aux anneaux.

Mais grâce à divers incidents et à un rythme de folie la nuit, la voiture invitée a commencé à remonter. Les pilotes, eux, commençaient à rêver d'une victoire. La prise de commande en début de matinée a un peu plus fait émerger ce sentiment.

Enfin une victoire

La pression, les retardataires, les aléas mécaniques, les drapeaux jaunes, les voitures de sécurité. Tant de paramètres qui auraient pu tout remettre en question. Mais non, la chance a souri à ce trio composé de Nick Tandy, Earl Bamber, et Nico Hülkenberg.

À 15 heures, le prototype #19 a passé la ligne d'arrivée en tête. Le pilote de Formule 1 a enfin décroché une victoire qu'il cherchait tant. Maudit en Formule 1, il est venu chercher son succès ici, dans la Sarthe.

« Nous avons gagné au mérite, nous avons gagné avec le rythme. Ce projet avec Porsche était une expérience très cool, que je n'aurais pas voulu manquer. Je n'avais jamais fait ça avant. Je savais que ce serait grand, que c'était une course légendaire. Voir ça de près, l'ascenseur émotionnel, l'évolution de la course, le pilotage de nuit… C'était incroyable », a-t-il souligné après sa victoire.

Cette victoire lui a permis d'obtenir un peu plus de crédit dans le paddock. Comparé à un perdant, à un homme qui n'arrivera jamais à monter sur un podium dans la catégorie reine du sport automobile, il a démontré en ce mois de juin 2015 qu'il disposait d'un certain talent.

Cette victoire avait rendu amer un certain Fernando Alonso, qui aurait dû participer à cette course, mais Honda, le motoriste de McLaren à l'époque, avait exercé son droit de veto. Trois ans plus tard, l'Espagnol a pu être aligné avec Toyota et remporter l'épreuve. Un succès moins prestigieux que pour Nico Hülkenberg, la concurrence étant partie : seul Rebellion était engagé en LMP1, mais avec un prototype plus proche des LMP2 que de Toyota en termes de performances.