Chaos, controverses et coups d'éclat : 5 faits marquants du Grand Prix d'Arabie Saoudite
Djeddah s'apprête à vivre un nouveau chapitre de son Grand Prix de Formule 1 ce week-end. Depuis sa saison inaugurale en 2021, cette course n'a jamais laissé les spectateurs indifférents. Retour sur cinq moments qui ont marqué les éditions précédentes.

Le circuit urbain de Djeddah accueille ce week-end la 5ème édition du Grand Prix d'Arabie Saoudite. Depuis son arrivée au calendrier F1 en 2021, cette piste ultrarapide aux murs impitoyables a été le théâtre de moments aussi spectaculaires que polémiques. Retour sur cinq épisodes qui ont marqué l'histoire mouvementée de cette course.
1. 2021 : Un baptême du feu explosif
La première édition en 2021 a d'emblée révélé la personnalité chaotique du circuit. Avant-dernière manche d'une saison électrique entre Hamilton et Verstappen, la course a rapidement dégénéré. Au 10ème tour, Mick Schumacher a violemment percuté les barrières au virage 22, provoquant d'abord une intervention du safety car, puis un drapeau rouge pour réparer les protections endommagées.
Les relances qui ont suivi ont tourné au pugilat entre les deux prétendants au titre. Verstappen a multiplié les manœuvres limites face à Hamilton, notamment un dépassement hors-piste qui lui a valu une pénalité. L'incident le plus controversé est survenu lorsque le Néerlandais a brusquement ralenti, causant une collision avec Hamilton dont l'aileron avant a été endommagé.
Malgré deux sanctions (5 et 10 secondes), Verstappen a terminé deuxième derrière Hamilton. Ce résultat a créé une situation inédite : les deux rivaux se sont retrouvés à égalité parfaite de points avant la finale d'Abu Dhabi.
2. 2022 : Courir sous les missiles
L'édition 2022 a bien failli ne jamais avoir lieu. Une attaque de missile revendiquée par les rebelles Houthis du Yémen a frappé un site pétrolier Aramco à quelques kilomètres du circuit pendant les essais libres. D'épaisses colonnes de fumée noire étaient visibles depuis la piste, et une odeur âcre de brûlé flottait dans l'air. Les pilotes, légitimement inquiets, ont exigé des garanties pour leur sécurité.
Une réunion de crise a immédiatement été convoquée entre Stefano Domenicali (PDG de la F1), les pilotes et les directeurs d'équipe. Les discussions tendues se sont éternisées pendant plus de quatre heures, avec une majorité de pilotes initialement opposés à l'idée de courir. Ils ont finalement accepté de prendre le départ, non sans réticence, après avoir reçu des assurances des autorités saoudiennes. Cette situation a relancé le débat sur la pertinence d'organiser des Grand Prix dans des zones politiquement instables, question qui continue de hanter la F1.
3. 2023 : Le 100ème podium d'Alonso arraché puis rendu
En 2023, Fernando Alonso a célébré son 100ème podium en F1 au terme d'une bataille juridique absurde. Parti deuxième, l'Espagnol a franchi la ligne en troisième position après avoir purgé une pénalité de 5 secondes pour un mauvais positionnement sur la grille.
Mais à peine les célébrations terminées, le vétéran s'est vu infliger une nouvelle pénalité de 10 secondes, le rétrogradant à la quatrième place. Motif invoqué : lors de son arrêt aux stands, le cric arrière aurait touché sa voiture avant l'écoulement complet des 5 secondes, ce que les commissaires ont considéré comme « travailler sur la voiture ».
Aston Martin a contre-attaqué avec une stratégie imparable : l'équipe a exhumé des vidéos montrant sept cas similaires où d'autres écuries n'avaient jamais été sanctionnées. Face à cette preuve flagrante d'incohérence, les commissaires ont dû faire machine arrière, rendant sa troisième place à Alonso et validant son entrée dans le club très fermé des pilotes centenaires en matière de podiums.
4. 2023 : Pérez, le roi des circuits urbains
Le Grand Prix 2023 a consacré Sergio Pérez comme véritable spécialiste des circuits urbains. Le Mexicain a d'abord signé sa première pole position à Djeddah avant de concrétiser le dimanche.
Son départ a pourtant été compliqué avec Alonso le surprenant au premier virage, mais le pilote mexicain a repris les commandes dès le quatrième tour avec autorité. Un moment critique est survenu lorsque l'abandon de Lance Stroll a déclenché une intervention du safety car – exactement le scénario qui lui avait coûté la victoire l'année précédente.
Cette fois, la stratégie de Red Bull a parfaitement fonctionné. Pérez a géré son avance, résistant même à la remontée phénoménale de son coéquipier Verstappen, parti 15ème et finalement terminé deuxième. Cette victoire, sa cinquième en carrière et sa quatrième sur un circuit urbain, a définitivement établi sa réputation de « ministre de la défense » sur les tracés entre les murs.
5. Le Safety Car, abonné permanent à Djeddah
En quatre éditions, le circuit de Djeddah n'a jamais connu une course sans intervention de la voiture de sécurité. Cette statistique s'explique par la nature même du tracé : un cocktail explosif combinant sections ultra-rapides (320 km/h dans certaines courbes) et passages sinueux où la moindre erreur est impardonnable. Les virages aveugles pris à haute vitesse et l'absence de dégagements généreux qu'offrent les circuits permanents transforment chaque session en exercice de funambule.
L'édition inaugurale de 2021 reste la plus chaotique avec plusieurs safety cars et deux drapeaux rouges suite aux accidents de Schumacher, Pérez et d'autres pilotes. En 2022, deux neutralisations ont été nécessaires après les crashs de Nicholas Latifi et Lance Stroll. L'année 2023 a vu le safety car intervenir suite à la panne moteur de Lance Stroll, tandis qu'en 2024, c'est un accrochage entre ce même Stroll et Nico Hülkenberg qui a provoqué une interruption.
En seulement quatre années d'existence, le Grand Prix d'Arabie Saoudite s'est forgé une réputation de course imprévisible, mêlant adrénaline, drames sportifs et controverses. Alors que les moteurs vont à nouveau rugir ce week-end entre les murs de Djeddah, une question se pose : quel nouveau chapitre s'écrira ce week-end ? Rendez-vous à l'issue de la course pour le savoir.