Carlos Sainz Sr pourrait défier Ben Sulayem à la présidence de la FIA
Carlos Sainz Sr. envisagerait sérieusement de se présenter à l'élection présidentielle de la FIA en décembre 2025. Selon des sources proches du pilote, plusieurs figures influentes l'auraient approché pour contester Mohammed Ben Sulayem, dont le mandat est entaché de controverses.

Selon Autosport.com, Carlos Sainz père, double champion du monde des rallyes et vainqueur du Dakar, envisagerait sérieusement de se présenter contre Mohammed Ben Sulayem lors des prochaines élections à la présidence de la FIA. Le site rapporte que plusieurs figures importantes du monde du sport automobile ont approché Sainz pour l'encourager à se lancer dans la course.
L'ancien pilote de 63 ans, père du pilote Williams de Formule 1 Carlos Sainz Jr, réfléchit à cette possibilité alors que la présidence actuelle traverse une période agitée. D'après des sources proches du dossier, Sainz souhaiterait « présenter un programme positif et constructif » pour offrir aux délégués de la FIA une alternative lors de l'élection présidentielle.
La prochaine assemblée générale, qui marquera également la prochaine élection présidentielle, se tiendra à Tachkent en Ouzbékistan le 12 décembre prochain. Ben Sulayem, également âgé de 63 ans et lui-même ancien pilote de rallye, avait été élu à la fin de 2021, succédant à Jean Todt qui avait occupé la présidence pendant 12 ans.
Une présidence marquée par les crises
Depuis son arrivée à la tête de la FIA fin 2021, Ben Sulayem accumule les faux pas. Un parcours heurté qui a progressivement entamé son autorité. La fronde interne a pris une ampleur inédite ces derniers mois. David Richards, président de Motorsport UK, n'y est pas allé de main morte dans sa lettre aux membres de son association : « Un changement de boussole morale » et une « concentration du pouvoir » qui ont poussé cet ancien soutien à envisager des poursuites contre la FIA. Du jamais-vu.
L'onde de choc s'est amplifiée avec le départ brutal de Robert Reid, le vice-président pour le sport de la FIA, le mois dernier. Élu aux côtés de Ben Sulayem, ce fidèle lieutenant a jeté l'éponge, excédé par « des décisions prises à huis clos », notamment sur la prise de contrôle du championnat de rallycross et une « érosion continue des principes » qu'il pensait défendre en prenant ses fonctions.
À ces guerres intestines s'ajoutent des affaires embarrassantes. En effet, d'autres controverses incluent l'interdiction des jurons pour les pilotes, une enquête pour ingérence dans un résultat de Grand Prix en 2024 qui a fait planer un doute sur son impartialité, avant qu'il ne soit blanchi. Sans oublier la résurgence de ses écrits misogynes où il déclarait ne pas apprécier « les femmes qui se croient plus intelligentes que les hommes ». Des déclarations d'un autre temps qui collent à la peau d'un président perçu comme déconnecté des standards actuels du sport automobile.
Le jeu des alliances se précise
Pourtant, Ben Sulayem garde quelques soutiens solides au sein du sport automobile. La nomination récente de Malcolm Wilson au poste de vice-président sportif, en remplacement de Reid, prouve qu'il peut encore rallier des figures importantes du milieu. Wilson, champion britannique de rallye et patron de M-Sport depuis trois décennies, apporte une légitimité indéniable à l'équipe dirigeante. Mais cette alliance n'est pas sans soulever des questions, notamment par les liens historiques entre Wilson et Ford, constructeur qui prépare son retour en F1 comme partenaire de Red Bull dès 2026. Cette proximité pourrait influencer certains dossiers techniques et créer des zones d'ombre dans l'arbitrage des futures réglementations.
Plus récemment, la FIA a annoncé le retour surprise de Shaila-Ann Rao au poste de conseillère présidentielle. Une nomination d'autant plus inattendue que les relations entre Rao et Ben Sulayem avaient été tendues par le passé.
Rao, qui avait été directrice juridique de la FIA entre 2016 et 2018, puis secrétaire générale par intérim pour le sport automobile en 2022, avait auparavant travaillé pour Mercedes. Son départ fin 2022 avait été suivi de rapports suggérant qu'elle avait accusé Ben Sulayem de comportement inapproprié.
Dans un communiqué officiel publié la semaine dernière, Ben Sulayem a déclaré : « Je suis ravi d'accueillir à nouveau Shaila-Ann Rao à la FIA. Elle possède un parcours exceptionnel dans le sport automobile mondial et sera un atout précieux pour moi et mon équipe alors que nous continuons à améliorer les cadres réglementaires et commerciaux à travers tous les championnats du monde de la FIA. » Ce retour soulève des questions notamment sur les jeux d'alliances internes, à quelques mois de l'élection présidentielle.
Le dilemme Sainz Jr. : un conflit d'intérêts en perspective ?
La possible candidature de Sainz Sr. soulève une question délicate sur son fils, Carlos Sainz Jr., pilote Williams en Formule 1. En effet, si Sainz Sr. remportait l'élection, comment gérerait-il les décisions impliquant son fils ? La FIA supervise les règlements sportifs, les sanctions, et même les conflits d'équipes. Un père à sa tête pourrait-il influencer des arbitrages en faveur de Sainz Jr. ? Ces questions demeurent sans réponse pour l'instant.
La FIA dispose de mécanismes pour encadrer les conflits d'intérêts. Mais une relation aussi directe entre le président de la commission des pilotes et un pilote encore en activité, qui est de surcroît son fils, placerait l'institution sur un terrain inédit. Carlos Sainz père devrait sans doute s'abstenir de participer dans les discussions impliquant directement son fils, mais la frontière pourrait s'avérer floue.
D'autres candidats en préparation
Sainz Sr. ne serait pas le seul à envisager de défier Ben Sulayem. D'autres figures du sport automobile devraient émerger dans les prochains mois pour se présenter contre le président actuel. Des rumeurs avaient également circulé concernant une possible candidature de Susie Wolff, directrice générale de la F1 Academy, mais celles-ci avaient été démenties.
L'élection du 12 décembre prochain marquera sans doute un virage important pour la FIA, avec des conséquences directes sur son avenir institutionnel et sur la dynamique de ses collaborations, particulièrement celle entretenue avec les acteurs de la Formule 1.