Mercedes étudie un aileron de requin pour mieux identifier les pilotes
A Magny-Cours, la F1 W03 arborait un capot moteur avec un aileron de requin où figuraient le numéro de Michael Schumacher, le drapeau allemand et les initiales du septuple champion du monde. Le but ? Améliorer l’identification par le public des pilotes une fois au volant.


Comme à Monaco, ce week-end, à l’occasion du Grand Prix de Singapour, nombre de pilotes ont célébré l’évènement en arborant de nouveaux casques. Il en est ainsi allé, par exemple, de Lewis Hamilton, de Fernando Alonso, de Romain Grosjean ou encore de Sebastian Vettel qui, lui, nous a habitués à changer de casque comme de chemise.
Ainsi, de nos jours, que l’on soit devant son écran de télévision ou en tribune, distinguer les pilotes donne souvent l’impression de découvrir le dernier tome de la série des Où est Charlie : « Depuis un certain temps, les équipes ont travaillé sur la manière d’améliorer l’identification des pilotes en piste. De nos jours, ça semble être à la mode que les pilotes changent constamment le design de leurs casques ce qui les rend très difficiles à reconnaître lorsqu’ils sont dans la voiture, » confie Ross Brawn, directeur de l’écurie Mercedes AMG, dans les colonnes du magazine allemand Auto Motor und Sport.
Cependant, les récentes réglementations n’ont également rien arrangé pour améliorer la visibilité des pilotes qui, une fois au volant, sont aujourd’hui placés plus bas dans leurs baquets que par le passé alors que, depuis quelques années et pour des raisons de sécurité, les renforts latéraux de la tête du pilote ont été surélevés. Ne reste donc plus que le numéro pour identifier les coéquipiers mais, comme le souligne Ross Brawn, « pour le moment, la taille exigée pour le numéro de la voiture est très petit ».
En effet, d’après l’article 21.2 du règlement sportif, « chaque voiture doit porter le numéro de son pilote (ou de son remplaçant), tel que publié par la FIA au début de la saison », numéro qui doit être « clairement visible lorsque l’on fait face à la voiture ». Pour sa part, l’article 21.1 du même règlement stipule qu’afin « que les voitures de chaque équipe puissent facilement être distinguées l’une de l’autre lorsqu’elles sont en piste, la caméra embarquée se situant au-dessus de la structure anti-tonneaux de la première voiture [celle avec le plus petit numéro, ndlr] doit être à prédominance rouge fluo et jaune fluo pour la deuxième voiture ».
Lors des essais Jeunes Pilotes de Magny-Cours, l’écurie Mercedes a cependant éprouvé une nouvelle solution pour identifier les pilotes. Ainsi, la F1 W03 pilotée alors par le néo-zélandais Brendon Hartley arborait un capot moteur prolongé d’un petit aileron de requin, comme on peut le voir en GP2 ou sur les prototypes d’endurance, et sur lequel figuraient le numéro 07 de Michael Schumacher, le drapeau allemand et les trois premières lettres du nom du septuple champion du monde : « La solution avec l’aileron de requin à Magny-Cours était une expérimentation. Maintenant, nous devons voir avec la FIA s’il y a de meilleures initiatives, » explique Ross Brawn dans Auto Motor und Sport.
Le Britannique reconnaît d’ailleurs que cette solution pourrait ne pas être la plus adaptée : « Il faut trouver l’équilibre. Si on a quelque chose de trop important, cela pourrait distraire l’attention du public des logos de nos partenaires et sponsors. »
En effet, la livrée d’une monoplace est bien souvent la chasse gardée des sponsors, grâce auxquels les écuries vivent ou survivent. Ce n’est d’ailleurs pas anodin si l’écurie qui identifie le plus clairement ses pilotes sur sa monoplace n’est autre que HRT, dont on connaît les difficultés à réunir des commanditaires. Ainsi, en 2010, l’écurie espagnole arborait le prénom de ses pilotes sur les flancs de sa monoplace alors qu’en 2011, la F111 était dotée d’un capot moteur avec un petit aileron de requin où était inscrit le numéro des pilotes. Cette saison, les numéros de Pedro de la Rosa et Narain Karthikeyan s’affichent en grand à l’entrée des pontons, sur un endroit pourtant très recherché par les sponsors.
De même, depuis 2011 et la départ de Phillips, l’écurie Williams affiche le numéro de ses pilotes sur le flanc de sa monoplace, dans un cerclage blanc pour un effet vintage garanti. En effet, dans la plupart des catégories de sports automobiles, le numéro du pilote (ou de l’équipe) est affiché sur les flancs de la monoplace, notamment en Rallye ou en courses de Grand Tourisme et Endurance. Ceci dit, en monoplace, le capot moteur et les pontons des voitures sont des emplacements de choix pour les sponsors : Shell chez Ferrari, Sahara chez Force India, Vodafone chez McLaren, Petronas chez Mercedes ou encore Genii du côté de chez Lotus. Aujourd’hui, faute d’obligation réglementaire, les écuries préfèrent donc logiquement mettre en avant leurs sponsors que de faciliter l’identification de leurs pilotes.
Ainsi, très souvent, lorsque les équipes identifient clairement leurs pilotes sur la monoplace, ce n’est pas sans arrière-pensées. Chacun se souviendra par exemple qu’au début des années 2000, alors que McLaren était sponsorisé par West – un cigaretier dont le logo foisonnait sur les monoplaces de Woking -, les prénoms des pilotes apparaissaient ponctuellement en lieu et place de celui de West. Ainsi, en reprenant la même typographique et le même design que le logo du cigaretier pour écrire les prénoms de Mika Hakkinen, de David Coulthard ou encore de Kimi Räikkönen, l’écurie britannique avait trouvé un moyen déguisé de faire de la publicité pour son commanditaire principal, dans des pays et à une époque où la publicité pour tabac était de plus en plus réglementée.