Décorticage du circuit de Djeddah
Alors que la lutte pour les titres mondiaux fait toujours rage, la Formule 1 va poser ses valises en Arabie Saoudite, le week-end du 5 décembre, pour la première fois de son histoire. Reste à savoir si la piste de Djeddah peut offrir une belle course.


L’arrivée de la F1 en terres saoudiennes n’a pas été unanimement bien accueillie, pour des raisons politiques et sociales. Toujours est-il que le Proche-Orient souhaite, à son tour, devenir une terre de Formule 1 au même titre que l’Europe ou les continents américains.
Le Grand Prix d’Arabie Saoudite sera le premier de l’Histoire de la catégorie reine. Il a fallu faire sortir de terre un circuit urbain dans la capitale. Les pilotes iront à la découverte d’un tracé urbain ultra rapide et de nombreuses courbes, lesquelles devraient souvent passer à fond. La piste est longue de 6,174 kilomètres et comporte 27 virages. Analyse des différents secteurs et des éventuelles zones de dépassement.
Un premier secteur entre gros freinages et courbes en appui
La ligne droite des stands est relativement courte et est conclue par un fort virage à gauche. Toutefois, la zone DRS qui y a été apposée permettra certainement au pilote suiveur de se rapprocher et de tenter une attaque – extérieur comme intérieur. Ce premier freinage est immédiatement suivi d’une courbe à droite tout en accélération. Cette zone serait alors le théâtre de quelques contre-attaques croisées.
Après le deuxième virage, le troisième est un gauche passant à fond, certainement en 4 ou 5ème vitesse avant une courte ligne droite menant au quatrième virage, qui est, lui, un virage en décélération assez rapide. C’est là que les choses peuvent se compliquer pour la voiture qui en suit une autre.
C’est à partir de cette section que démarrent les courbes rapides. Du pain béni pour le pilote à l’air libre, le début des ennuis pour celui qui est à ses trousses : le secteur partant des virages 5 à 12 est un tronçon qui devrait fortement tirer sur les bras et la nuque. Tous, sans la moindre exception, devraient passer à pleine bille, y compris le double droite (virages 8 et 9).
En qualifications, ce devrait être du grand art, de par le défi que cela représentera pour les pilotes. Par contre, les F1 restent des monoplaces extrêmement pointues et sensibles aux perturbations de l’air. Il est peu dire que, en cas de bataille, les deux (voire plus) pilotes en bagarre auront des fortunes diverses. Ces virages demandant un excellent appui, les voitures suiveuses seront prises dans une véritable tempête aérodynamique.
Ce premier secteur pourrait donc avoir pour effet d’étirer le peloton… et de mettre à mal les batailles, du moins en début de tour. Car, une fois passé le virage 12, une petite ligne droite mènera vers un nouveau freinage, peut-être à une nouvelle zone de dépassements.
D’un mini banking à une presque ligne droite
Le virage 13 est un léger banking à gauche. Si le premier secteur ne casse pas trop le rythme, c’est là que l’on pourrait assister à des dépassements musclés. Oser passer par l’extérieur serait un tantinet trop audacieux, car ce n’est pas non plus un virage extrêmement lent.
La quasi intégralité du secteur est une succession de courbes très légères, offrant une belle aspiration. C’est en revanche le virage 16, très rapide mais en décélération, qui pourrait poser un souci : il coupe l’aspiration, de par sa nature de virage en appui. Il ne devrait pas non plus être un annulateur de dépassements pour autant.
Ce virage 16 est suivi du 17 qui, lui, passe à fond et ce sera pied au plancher jusqu’au T22. C’est au bout de cette ligne quasi-droite que l’on pourrait assister à des rapprochements entre voitures, puisque ce sera la deuxième des trois zones de DRS. À condition d’avoir réussi à se maintenir sous la seconde d’écart. Vu le premier secteur, cela pourrait être compliqué.
Section finale pour un final de folie ?
Après la longue pleine charge, les virages 22 et 23 sont une nouvelle coupure d’aspiration, car c’est une chicane rapide, elle aussi en appui. Rien à voir avec le premier secteur, qui n’est jamais qu’un enchaînement où il sera certainement impossible de se suivre. Ici, il faudra simplement s’assurer d’être prudent et de savoir garder du jus dans les pneus pour se replacer à l’aspiration.
Si la victoire, ou les places d’honneur, se jouaient dans le dernier tour, alors la toute dernière portion pourrait être intéressante. Après un ultime double droite (23 et 24), les voitures repartiront faire cavaler les chevaux dans une immense courbe à gauche, qui comptabilise à la fois les virages 25 et 26. Ce sera l’ultime zone de DRS, et sa longueur pourrait être propice aux dépassements. Il serait toutefois dommage de voir une manœuvre achevée bien avant le virage, annihilant les chances de réplique. Après tout, c’est ce qu’on veut voir en tant que fan.
Enfin, en conclusion de cette piste saoudienne nouvelle née, un ultime freinage, là où les attaques pourraient être probables. Seulement, on pourrait assister à d’autres méthodes, puisque vient ensuite le retour vers la ligne de départ/arrivée : le pilote chasseur pourrait attendre. Puis, une légère courbe à gauche ramène les voitures au point de départ. Ce dernier lieu pourrait aussi être propice à un resserrement du peloton en cas de Safety Car.
On l’a vu cette année à Bakou et Interlagos : lorsque la ligne de chronométrage est relativement proche du premier virage, c’est là que les leaders ont pris l’habitude d’attendre le plus tard possible pour priver les autres d’une précieuse aspiration.
Un circuit finalement spectaculaire, sous conditions
Sur le papier, le circuit de Djeddah devrait offrir une course intéressante. Les cas de figure en faveur du spectacle seraient, par exemple, des Safety Car, peut-être propices aux relances tardives, et des voitures capables de se suivre à courte distance.
Seulement, ce premier secteur sinueux et très rapide pourrait bien poser problème. Les F1 actuelles éprouvent tout le mal du monde à suivre une voiture de près, alors cette portion serait problématique pour les batailles en piste. Il faut également surveiller les murs, très proches. Une seule erreur, et c’est le crash assuré !
Mais d’autres facteurs, comme la bonne tenue des pneumatiques (toujours difficile à prévoir), le choix des réglages de voiture, sont autant de paramètres qui ont un rôle crucial dans la tenue d’une course pour la rendre disputée. À noter que le Grand Prix se déroulera de nuit, là où les températures seront plus fraîches et plus clémentes avec les mécaniques.
Après tout, rien n’est écrit à l’avance…cette saison 2021 nous ayant offert tant de spectacle et de surprises, on imagine bien que les pronostics seront encore une fois difficiles à établir…et on ne s’en plaindra pas !