Interview avec Pauline Sanzey, visage de la F1 sur Canal+
A quelques heures de la première course de la saison de F1, nous avons rencontré Pauline Sanzey, journaliste de sports mécaniques sur la chaîne Canal+. Elle nous raconte son parcours, son quotidien en plateau, sur le terrain et nous livre ses pronostiques pour la saison 2023.


2022 était votre première saison au sein de l’équipe F1, comment se sont passés vos premiers pas dans le paddock ?
Très bien, j’ai été dans le grand bain. J’ai fait les premiers Grand Prix à Paris, en plateau et ma première course sur site c’était à Imola. C’est un nouvel univers de travail parce que jusqu’à maintenant j’avais un peu fait de présentation sur le terrain pour de la boxe…mais ça n’a rien à voir, on y passe qu’une soirée, le reste du temps on est à la rédaction, là c’est vraiment quatre jours où on est loin de la rédac’. On est en extérieur donc il faut gérer le bruit, il faut gérer le monde autour, c’est vraiment un exercice très différent mais le premier s’est très bien passé. Il y a une équipe hyper bienveillante qui fait ça depuis dix ans maintenant sur Canal+ donc ils sont tous rodés, ils ont l’habitude, ils m’ont donné très vite les codes, les clés…voilà, ils m’ont aiguillé donc c’était très agréable.
Comment se décide ce passage du plateau au terrain ?
Il y a des parcours très différents, moi j’ai démarré dans d’autres sports, j’était déjà à Canal depuis longtemps, c’était ma septième année donc j’avais déjà fait six ans avant de basculer aux sports mécaniques. J’ai travaillé sur le golf, la boxe, j’ai travaillé à Infosport donc en fait j’ai pas fait toute mon évolution et tout mon début de carrière aux sports mécaniques. Là il s’est trouvé qu’il fallait du monde parce qu’il y avait de plus en plus de Grand Prix et que Thomas Sénécal devenait directeur des sports donc allait quitter, de fait, le service. Il fallait du monde et voilà on m’a proposé cette opportunité et j’avais déjà un peu d’expérience en tant que présentatrice donc c’est pour ça que je suis tout de suite partie. C’est ce que j’ai fait avant qui a fait que ça s’est passé comme ça mais je pense qu’il y a des parcours très divers.
Justement, vous avez couvert la boxe, le golf, maintenant la Moto GP et la F1, comment faites-vous pour être calée dans tant de domaines ?
C’est un truc qui m’a toujours plu en fait. Le truc c’est que j’ai démarré à Infosport, qui est la chaîne d’info en continu sport de Canal, donc on est amené à traiter de tous les sports. Ça c’est un truc que j’ai développé tout de suite en arrivant à Canal, quand j’ai commencé en sortant de l’école j’ai pas du tout été affiliée à un seul sport et auquel cas je me serais un peu concentrée sur ce sport là. Pendant longtemps j’ai dû parler de pleins de sports donc c’est une habitude que j’ai pris vite et c’est un truc que j’aime bien parce que déjà je suis une grosse consommatrice de beaucoup de sports, je vais pas dire que je regarde tout mais j’en consomme quand même beaucoup et puis après, avant tout je suis journaliste donc on est amené à parler de choses qu’on connait très bien, de choses qu’on connait moins, voilà c’est notre métier d’aller poser des questions pour pouvoir en parler justement.
Pourquoi le journalisme ? Quand avez-vous pris conscience que vous vouliez exercer ce métier ?
Assez vite. C’est une idée qui m’ai venue dès le collège parce que je regardais beaucoup de sports, j’adorais ça donc très vite je me suis dit « j’ai envie d’être journaliste dans le sport ». Après j’ai eu une phase où j’ai un peu hésité au lycée parce que j’étais plus parti vers du scientifique donc je me suis dis « tiens si je poursuivais dans ce domaine? » En plus on m’avait beaucoup dit, et ce qui est vrai, que c’était assez bouché, qu’il y avait beaucoup de monde, c’était pas forcément la carrière la plus simple et la branche la plus facile vers laquelle me tourner. Mais au collège en 4eme, je me souviens j’avais un surveillant qui passait les concours des écoles de journalisme donc je m’étais renseignée grâce à lui.
Parlez-nous de votre parcours.
J’ai eu un bac S, après le lycée, je savais que les écoles où je voulais aller se faisait qu’à bac+3 donc du coup j’ai fait une prépa littéraire Hypokhâgne, Khâgne, ça c’était deux ans dans un lycée à Nancy. Après j’ai fait une troisième année en histoire-géo, là j’ai passé les concours des écoles de journalisme, je les ai raté. Donc je me suis dit « mince je les repasserai l’année prochaine mais quel est le meilleur moyen pour les préparer au mieux ? » et j’adorais les sciences-politiques donc j’ai fait un M1 de sciences-politiques à la Sorbonne tout en re-préparant les écoles et là j’ai eu l’Institut Professionnel du Journalisme et donc après j’ai fait mes deux ans d’école.
Je m’étais un peu renseignée, je savais que c’était pas toujours simple de réussir les concours dès la première tentative parce que c’était des concours très spécifiques et je me suis laissée une deuxième chance après si je les avais re-raté la deuxième fois je ne sais pas ce que j’aurais fait. D’ailleurs la première fois où je les ai passé ça ma beaucoup servit parce que la seconde fois je connaissais les épreuves donc j’ai pu beaucoup mieux les préparer. C’est sûr que chaque parcours est très différent mais oui j’ai finalement un parcours assez classique.Même si on peut devenir journaliste sans faire une école, ça donne quand même une méthode de travail, ça donne une certaine rigueur dans la manière de chercher les informations.
A quoi ressemble la préparation des week-end de Grand Prix ?
Les semaines où je vais être sur un Grand Prix le mercredi je vais voyager, le jeudi c’est la journée des interview donc on est sur le circuit, on fait ce qu’on appelle des plateaux ou des duplex pour les différentes chaînes du groupe et les différentes émissions et après le vendredi c’est le début du week-end donc on se lève tôt, je re-prépare mes fiches pour aller à l’antenne et ça ça se répète pendant trois jours. C’est vrai que c’est dur de donner une journée type, par exemple ce week-end je vais être en plateau donc avant je suis au bureau et je prépare ce qui va se passer. Je lis, je prends des infos, je construis le conducteur avec les chefs d’édition, je vérifie les tranches parce que là, par exemple samedi, il y a plusieurs moments où je vais intervenir donc ça c’est la prépa en amont. Les jours où je vais être en plateau, si le samedi je démarre l’antenne à 12h je vais arriver vers 9h, je vais finir mes fiches, relire le conducteur, aller me faire maquiller et après je suis en plateau jusqu’à 17h.
Qu’est ce qui est le plus gratifiant dans ce métier ?
C’est particulier à Canal+, on est une chaîne payante, les gens payent une somme souvent conséquente pour regarder nos programme donc le plus gratifiant c’est que les gens soient contents et que dans les retours ils nous disent « j’ai passé un super moment ». C’est ça le plus gratifiant.
Et la chose que vous aimez moins ?
C’est un métier très prenant, c’est une grosse partie de nos vies donc pendant neuf, dix mois de l’année je n’ai quasiment pas de week-end. J’ai des horaires qui ne sont pas forcément communs, alors après il y a pleins de métiers, on est pas les seuls, quand on est médecins, infirmiers… c’est pareil. Donc c’est peut-être ça le plus inconvénient.
Que contient votre liste de voeux pour les prochaines années ?
Peut-être couvrir des Jeux Olympiques parce que quand on est journaliste dans le sport c’est toujours quelque chose qu’on a envie de faire, je pense que c’est une expérience un peu incroyable, mais non franchement je suis très heureuse de ce que je fais. C’était un vrai challenge de rejoindre les sports mécaniques parce qu’il y avait plein de choses nouvelles à découvrir et à assimiler donc c’est un gros défi. Pour l’instant continuer de bien m’intégrer dans ces deux équipes sur ces deux sports, c’est mon défi des prochains mois.
Comment voyez-vous la saison 2023 ?
J’ai envie de croire qu’il y aura du suspens. On a toujours un doute, après les tests qu’on vient de passer pendant trois jours on voit pas forcément tout ce qui va se passer mais j’ai envie de croire qu’il y aura du suspens alors je pense qu’il faut pas s’attendre à ce que Red Bull et Verstappen lèvent le pied, je pense que ce ne sera pas le cas, si on veut du suspens il faut plutôt miser sur Ferrari et Mercedes. Espérer, pour Ferrari, que la voiture soit aussi performante que la saison passée et qu’il y ai moins d’erreurs et pour Mercedes, espérer que, comme en fin de saison, ils reviennent au premier plan pour qu’on ai une vraie bagarre et qu’ils soient vraiment en mesure d’aller titiller tout le monde. J’ai envie de croire à une saison où il y aurait un peu plus de suspens que l’an passé.
Une écurie préféré ?
Non ! J’ai une équipe de foot préférée mais pas d’écurie. Là, cette année on va forcément tous être derrière Alpine parce qu’on est un peu chauvins, on veut que cette « équipe de France de F1 » nous fasse vibrer.