Lionel Froissart : « Senna n’était détesté de personne »
Le journaliste Lionel Froissart va publier, le 15 mars à venir, un nouvel ouvrage sur Ayrton Senna. Un livre original où il se met à la place du Brésilien. À quelques jours de sa sortie, il se confie sur sa relation avec le triple champion du monde.


Déjà 30 ans. Les années passent vite. Trop vite. Certains diront « je m’en souviens comme c’était hier ». D’autres, au contraire, qui n’ont pas connu ce 1er mai tragique pourront (re)découvrir un nom, une gueule, une légende. En 1994, Ayrton Senna se tuait sur le circuit d’Imola, lors du week-end noir de la Formule 1.
De nombreux films, séries et livres ont déjà été publiés sur ce Grand Prix de Saint-Marin. Et un nouvel ouvrage va s’ajouter à la collection. Lionel Froissart a souhaité se plonger dans l’univers de Senna, lui qui l’a côtoyé pendant près de 15 ans. Mais avec une particularité. Le « il » est inexistant, remplacé par le « je ».
« Je l’ai rencontré la première fois au Mans en 1978 »
« C’est la suite d’une collection de mon éditeur. J’ai lu le premier qui était sur Marco Pantani (ancien cycliste italien). Il était écrit à la première personne, j’ai sans doute été influencé », témoigne le journaliste. Selon lui, ce style d’écriture est plus fort et permet d’avoir « plus d’impact. Ça permet de dire des choses plus personnelles. » L’autre souhait de Lionel Froissart était de se différencier des ouvrages existants. D’où l’utilisation du « je », qui est rare dans les romans.
L’icône immolée tourne principalement autour d’un circuit : celui d’Imola. Un tracé indissociable de la vie d’Ayrton Senna. Sa rivalité et les tensions avec Alain Prost sont nées ici. Tout comme l’affrontement entre Didier Pironi et Gilles Villeneuve, dont le dernier décèdera la course suivante en Belgique. Un tragique événement qui a marqué l’ex-pilote McLaren.
Le grand circuit situé au cœur de la région d’Émilie-Romagne est chargé d’une lourde histoire. De nombreux hommes y ont perdu le contrôle de leur voiture. D’autres, comme Senna, ont perdu bien plus que ça. Quelques amateurs pourraient sentir une atmosphère particulière ici.
« Je peux le comprendre. On peut ressentir les événements passés. Si j’allais un jour à Watkins Glen, je me dirais « merde c’est là où Cevert est mort ». Je ne suis jamais allé voir la statue de Senna ni le mur de Tamburello, je n’ai pas besoin d’aller là-bas pour me souvenir de lui. Ce qui me touche le plus, c’est la photo où il est en kart affichée sur le mur des stands, qui est la mienne d’ailleurs. »
Il est toujours présent dans l’esprit des gens
Ce livre se nourrit essentiellement des discussions entre les deux hommes. « Je l’ai rencontré la première fois au Mans en 1978. J’ai 15 ans de souvenirs avec lui. » Et des témoignages de diverses personnes, dont celui d’Alain Prost.
« Je le connais suffisamment pour lui faire confiance. » L’occasion aussi de découvrir plus en détails certaines scènes passées inaperçues quelques heures avant le drame de Tamburello. Car si les deux hommes, aux yeux du grand public, se détestaient, il y avait surtout un profond respect. Notamment après la retraite du Français.
D’après le journaliste parisien, 30 ans après son décès, Ayrton Senna conserve une importante place dans les mémoires. « Il est toujours présent dans l’esprit des gens. Beaucoup de choses sont faites pour ça. Même des jeunes et des pilotes qui ne l’ont pas connu savent qui c’est. Il n’était détesté de personne. »
Le professionnel appuie ses propos avec son expérience récente en Grand Prix. « Il ne se passe pas une course sans qu’il y ait une référence à lui. Que ce soit une statistique, un hommage ou une casquette à son effigie dans le public. »
Une pensée pour François Cevert
Alors comment expliquer que le triple champion du monde ne soit pas tombé dans l’oubli ? Il y a d’abord le palmarès, bien que des hommes comme Michael Schumacher en possèdent un plus fourni. Mais c’est surtout l’image qu’il dégageait.
« Il était beau, il avait une aura naturelle. » D’autres pilotes ont-ils pareille réputation ? « Jim Clark », répond simplement Lionel Froissart, qui le considère comme l’un des meilleurs de l’histoire avec Senna et Prost. « Il y a François Cevert aussi. En général, tous les 6 octobre, on se souvient qu’il s’est tué à Watkins Glen. »