Crise à la FIA : Le vice-président pour le sport Robert Reid démissionne

Robert Reid, vice-président de la FIA en charge du sport, a annoncé sa démission avec effet immédiat, pointant du doigt une « rupture fondamentale des normes de gouvernance » au sein de l’instance dirigeante du sport automobile. Élu en 2021 aux côtés du président Mohammed Ben Sulayem, Reid affirme ne plus pouvoir soutenir un système qu’il juge opaque et centralisé.

Une rupture liée à des décisions sans consultation

Dans un communiqué, Reid explique que sa décision fait suite à des mois de tensions internes, marqués par des prises de décision unilatérales. Il justifie sa démission en évoquant une « inquiétude croissante concernant des décisions critiques prises sans procédure régulière ni consultation appropriée ».

« Lorsque j’ai accepté ce rôle, c’était pour servir les membres de la FIA, non pas le pouvoir. Avec le temps, j’ai été témoin d’une érosion continue des principes que nous avions promis de défendre. Des décisions sont prises à huis clos, contournant les structures et les personnes mêmes que la FIA est censée représenter », déclare-t-il.

Parmi les exemples cités, la reprise en main par la FIA de la promotion du Championnat du Monde de Rallycross, une décision prise sans l’aval du Sénat ou du Conseil Mondial du Sport Automobile. Cette démarche contreviendrait à un engagement antérieur selon lequel tous les championnats du monde auraient des promoteurs externes. Reid estime qu’elle « pourrait entraîner un risque juridique au regard du droit de la concurrence de l’Union européenne » et que pour lui cela constitue « la rupture finale de la confiance et du respect de la procédure ».

L’ancien copilote champion du monde de rallye en 2001 insiste sur l’aspect de respect de règles et de transparence : « Ma démission ne concerne pas des personnes, mais des principes. Le sport automobile mérite une direction responsable, transparente et guidée par ses membres. Je ne peux plus, en toute bonne foi, rester partie prenante d’un système qui ne reflète pas ces valeurs », précise-t-il.

Ben Sulayem sous le feu des critiques

La démission de Reid intervient dans un contexte déjà tendu pour Ben Sulayem, dont la présidence est émaillée de controverses : gestion des dossiers financiers, ses vues concernant les femmes, accusations d’ingérence dans les Grand Prix, le licenciement de plusieurs hauts responsables, ou encore des changements de règles controversés en Formule 1.

David Richards, président de Motorsport UK, avait récemment écrit une lettre ouverte aux membres de l’organisation accusant la FIA d’un « changement de boussole morale ».
Richards et Reid avaient tous deux été exclus d’une réunion du Conseil Mondial pour avoir refusé de signer une clause de confidentialité imposée par Ben Sulayem. Richards avait menacé la FIA de poursuites judiciaires, qualifiant cette mesure d’« ordonnance de bâillon ».

Reid indique également que sa démission ne signifie pas la fin de son implication dans le sport : « Ce n’est pas la fin de mon engagement envers le sport automobile. Je continuerai à défendre la réforme, la transparence et une gouvernance qui respecte les membres de la FIA ainsi que l’intégrité de notre sport.»

Un appel à la réforme

Alors que Ben Sulayem brigue un second mandat en décembre 2025, cette démission relance le débat sur son leadership. À ce jour, aucun opposant officiel ne s’est présenté contre lui, mais des rumeurs suggèrent qu’au moins un candidat potentiel préparerait une campagne.

La FIA n’a pas encore réagi officiellement à cette démission, mais cette crise de gouvernance pourrait avoir des répercussions importantes sur l’avenir de l’organisation et sur les relations avec ses principaux partenaires, notamment la Formule 1.